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1 juin 2014 -- 7ème dimanche de Pâques "A"
Actes 1, 12-14; 1 Pierre
4,13-16; Jean 17,1-11
H O M É L I E
Dans le
livre des Actes des Apôtres, Luc se réjouit de ce que la prédication de la
Bonne Nouvelle commence à Jérusalem. Il
y voit la réalisation des prophéties concernant la Jérusalem future et son rôle
dans un univers restauré. Cette place
centrale de Jérusalem est également évidente dans son Évangile, qui s'ouvre et
se clôt dans le Temple.
Dans les
Actes comme dans l'Évangile, l'Ascension de Jésus est décrite avec un grand
renfort de symboles, dont il importe de découvrir le message spirituel. Ce que nous avons célébré le jour de
l'Ascension n'est pas un phénomène matériel, une sorte de voyage spatial de
Jésus, anticipant la technologie moderne ! Jésus, après sa résurrection et son ascension n'a pas été transformé en
une sorte de satellite gravitant autour de la terre, très haut dans le
ciel. C’est un mystère que nous avons
célébré, une réalité spirituelle : le fait que bien que Jésus nous ait
quittés il nous est aussi présent qu'auparavant, quoique dans un nouveau mode
de présence.
Chez l’Évangéliste
Jean nous trouvons une sensibilité spirituelle différente. Son Évangile est construit autour du thème de
la glorification du fils, et l'apothéose de tout l'Évangile se trouve
dans le grand acte sacerdotal de Jésus, sa mort sur la croix. Le texte de cet Évangile que nous venons de
lire appartient au troisième discours de Jésus après la Cène, qui nous donne sa
prière sacerdotale. Sur le point de
mourir, Jésus jette un regard sur le passé. Toute sa vie se résume dans une seule chose : la glorification de
son Père et la glorification progressive de l'humanité. La raison de sa venue a été d'apporter la vie
en plénitude, d'infuser la vie divine dans la texture même de l'existence
quotidienne des hommes et des femmes.
Cette longue prière prononcée par Jésus
quelques heures avant sa mort, prend un sens nouveau et particulier, lorsqu'on
la lit entre l'Ascension et la Pentecôte. Le quatrième Évangile nous amène à voir que le mystère pascal du Christ
a une valeur permanente pour l'Église de tous les temps. L'Esprit continue dans la passion de
l'humanité et de l'Église le rôle qu'il a joué dans la Passion du Christ. Il devient le "Paraclet", l'avocat,
le défenseur, qui fait voir comment doit se réaliser le plan de salut de Dieu
sur l'humanité.
La lettre de Pierre d’où est tirée la
deuxième lecture que nous avons entendue a été écrite à une époque où les
Chrétiens étaient persécutés. Pierre
leur rappelle que si c’est parce qu’ils sont Chrétiens qu’ils souffrent, ils
doivent s’en réjouir, et cela pour deux raisons. Tout d’abord parce qu’ainsi ils communient
aux souffrances du Christ et que, d’autre part, cela leur vaudra d’être dans la
joie et l’allégresse le jour où la gloire du Christ se manifestera. Les Actes des Martyrs de l’Église primitive
nous donnent de nombreux exemples d’hommes et de femmes allant joyeusement à la
mort par fidélité au Christ. Où
pouvaient-ils bien puiser leur force et leur courage ?
Ils
puisaient ce courage et cette force dans leur foi au Christ, bien entendu, mais
dans une foi partagée en Église. C’est
leur appartenance à une communauté de croyants qui donnait cette force à leur
foi. Et cette communauté de croyants
trouvait son unité et sa cohésion dans la prière. Le texte des Actes des Apôtres nous montre la
Communauté primitive en prière avec les Apôtres et autour de Marie. N’est-ce pas là la dimension la plus essentielle
de l’Église ?
La joie pascale est une joie réaliste. Elle n'est pas naïf enthousiasme de printemps
oublieux de l'hiver. Souvent, durant le
Temps Pascal, la Liturgie de la Parole nous rappelle les difficultés de la
condition humaine -- une condition humaine qui continue, hélas, de choisir souvent
la mort contre la vie. Le drame de la
guerre sans fin en Syrie et en tant d’autres parties du monde est là pour nous
en rendre conscients. Même durant la
Pâque le Vendredi Saint se continue. La
mort sur la croix reste toujours présente, mais comme une ouverture sur la vie,
une vie qui doit être choisie, une victoire qui ne peut être achevée que dans
et par l'amour.
Armand VEILLEUX
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