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26 janvier 2014 – Solennité des Saints
Fondateurs de Cîteaux Homélie
Le
texte du Livre de Ben Sirac le Sage, que nous avons
entendu comme première lecture de cette célébration eucharistique nous invitait
à faire mémoire de ces personnages glorieux que sont nos ancêtres. C’est
pourquoi les communautés monastiques
qui, comme la nôtre de Scourmont, appartiennent à l’Ordre cistercien fêtent
aujourd’hui la solennité des trois Fondateurs de Cîteaux – et donc de l’Ordre
cistercien – les saints Robert, Albéric et Étienne, qui vécurent à la fin du 11ème siècle et fondèrent Cîteaux en l’an 1098.
Le refrain
du Tropaire que nous avons chanté comme chant
d’entrée de cette célébration, disait : « Heureux ceux qui croient à
l’amour ; le Seigneur est leur
partage ». Ce texte est tout à fait
bien choisi, puisque nos Pères, les Fondateurs du premier Cîteaux, ont
considéré leur vie communautaire comme une « schola caritatis », une école où
l’on apprend à aimer. La fondation de
Cîteaux, à la fin du 11ème siècle, se situe dans un moment de
transformation culturelle et dans un grand mouvement de renouveau ecclésial
caractérisé entre autre par une attention particulière à l’humanité du Christ
et par la fascination du modèle d’amour fraternel donné par la communauté
primitive des Chrétiens de Jérusalem.
L’Ordre de
Cîteaux eut dans les siècles qui suivirent immédiatement sa fondation une
expansion rapide et assez phénoménale. On attribue généralement cette expansion au charisme de saint Bernard, qui
est souvent considéré comme notre Fondateur, alors qu’il appartient en réalité
à la seconde génération de Cîteaux. Or la carrière extraordinaire que connaîtra
Bernard, entré tout jeune à Cîteaux avec un groupe compagnons, est un tribut à
la qualité de la formation que toutes ces jeunes recrues ont reçue à Cîteaux,
lorsqu’ils y sont entrés. Le jeune chevalier Bernard, inquiet et un peu
fantasque, ne serait jamais devenu saint Bernard s’il n’avait eu de tels
maîtres, c’est-à-dire ceux que nous fêtons aujourd’hui.
Quand Robert quitta le monastère de Molesme,
avec ses frères, pour fonder Cîteaux, il n'était pas un jeune homme dans la
vingtaine -- ce qui sera l'âge de Bernard quand il arrivera à Cîteaux avec ses
compagnons. Robert était, au moment de
la fondation de Cîteaux, un homme de 70 ans. Il avait derrière lui plus ou moins un demi-siècle
de vie monastique et avait participé à plusieurs expériences monastiques.
Albéric et Étienne, ses deux principaux compagnons n’étaient guère plus jeunes.
Chacun des trois avait eu une vie très pleine et avait quitté beaucoup de choses
et surtout beaucoup de sécurité pour se lancer dans l’aventure de la fondation
de Cîteaux. C’est ce qui explique le choix de l’Évangile que nous venons
d’entendre.
Les
premiers versets de ce texte d’Évangile sont la conclusion du récit concernant
le jeune homme riche que Jésus avait appelé à le suivre après avoir renoncé à
tous ses biens, et qui s’était éloigné tout triste, car, dit l’Évangéliste, il
avait de grands biens. C’est alors que
Jésus fait cette réflexion sur la difficulté pour un riche d’entrer dans le
royaume des cieux, terminant par cette phrase qui donne tout son sens au
récit : « Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour
Dieu ; car tout est possible à Dieu ».
Ce
qu’ont quitté Robert, Albéric et Étienne ainsi que leurs compagnons, lorsqu’ils
ont quitté Molesmes – après avoir quitté bien d’autres choses et même leur
pays, pour certains – ce n’était pas d’abord des biens matériels, même si
Molesmes jouissait d’une certaine aisance ; c’était surtout la sécurité
spirituelle, psychologique et sociale d’une institution reconnue et estimée de
tous, pour se lancer dans une aventure qui semblait être sans issue. Ils ne
pouvaient le faire sans une foi, c’est-à-dire une confiance totale en Dieu.
Ainsi
en est-il de nous. Il est probable que la plupart d’entre nous, lorsque nous
avons répondu à l’appel du Christ à le suivre dans la vie monastique, n’avons
pas eu à renoncer à de grandes richesses matérielles. Mais nous avons tous renoncé à la sécurité de
la famille que nous avons quittée et de celle que nous avons renoncée à créer,
et à tous les autres liens sociaux associés à ceux-là. Ce renoncement aurait
été une pure folie s’il n’avait été dicté par la foi.
Nous
vivons présentement à une époque où, aussi bien la société civile que l’Église
dans son ensemble ainsi que la plupart des communautés qui la composent, y
compris des communautés de notre Ordre, connaissent des formes parfois aigües
d’insécurité. La seule chose qui permet de vivre sereinement dans toutes ces
situations est l’attitude de foi, qui fut celle d’Abraham, de Sara, de nos
Fondateurs et de plusieurs générations de moines et de moniales qui, depuis
plus de neuf siècles vivent ce charisme de la vie cistercienne.
Cette foi
s’enracine dans la parole de Jésus : « Tout est possible à Dieu »
Armand VEILLEUX
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Homélies pour la même solennité, les années précédentes :
1999
--- français
2000
--- français
2002
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2003
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2006
--- français
2007
--- français
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