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24 août 2014 – 21ème dimanche ordinaire
« A »
Isaïe 22, 19-23 ; Romains 11, 33-36 ; Matthieu
16, 13-20
H O M É L I E
Le texte
du prophète Isaïe que nous avions comme première lecture n’a pas été choisi au
hasard. Il nous aide à comprendre la question de Jésus à ses disciples. Ce
texte fut très probablement rédigé à une époque antérieure à la première
déportation de la population de Jérusalem.
Au début
du 6ème siècle avant le Christ, l’empire babylonien prétendait
soumettre à son autorité tous les petits royaumes et contrôler toutes les
tribus dispersées dans ce qu’on appelle le « Croissant fertile ».
Jérusalem était simplement une forteresse de plus à soumettre. Face à la une
tentative de rébellion, l’empire babylonien exila en 597 a.c.
tous les membres les plus importants de la société en diverses villes de la
Mésopotamie. Ce fut un dur coup pour la
famille royale qui se considérait inamovible. La prophétie d’Isaïe est adressée à toute la classe dirigeante qui s’attribuait
l’importance et l’honneur appartenant au roi, et avaient transformé les clés du
palais en symbole de leur pouvoir croissant. Le prophète annonce que ces clés
passeront à un autre, et que tout ce système fondé sur l’exploitation du peuple
s’écroulera.
À l’époque
de Jésus, tout le peuple juif attendait un Messie qui rétablirait le royaume politique
de David et son autorité sur les autres peuples. Jésus refuse de répondre à
cette aspiration. Sa mission est autre. C’est pourquoi, au milieu de sa montée
vers Jérusalem, alors qu’il a déjà assez longtemps travaillé à la formation de
ses disciples, il les amène un jour en dehors du territoire juif, dans la
région de Césarée, cette ville que Philippe avait construite en l’honneur de l’empereur
Auguste. Et c’est là, en dehors d’Israël, qu’il leur demande ce que les gens
disent du « Fils de l’Homme », c’est-à-dire de Lui. Mais ce qui l’intéresse
vraiment est d’avoir la réponse de ses disciples : « Et vous, que
dites-vous que je suis ? ».
La question
est posée à tous les disciples et c’est au nom de tous que Pierre répond. Dans le même récit, qu’on trouve aussi dans les
Évangiles de Marc et de Luc, la réponse de Pierre est « Tu es le Messie »
ou « le Messie de Dieu ». Dans
l’Évangile de Matthieu la réponse est plus élaborée : « Tu es le
Messie, le Fils du Dieu vivant ». Le « Fils de l’Homme » est
donc le « Fils de Dieu ». C’est le « Dieu parmi nous », l’«
Emmanuel » selon le titre donné à Jésus dès le début de l’Évangile de
Matthieu. Et la mention du « Dieu vivant » oppose aux idoles sans vie
le Dieu vivant qui donne la vie et qui vaincra de la mort.
Comme Pierre
a répondu au nom de tous les disciples, c’est à eux tous que Jésus répond
lorsqu’il s’adresse lui-même à Pierre. La profession de foi qu’il a exprimée, est le roc sur lequel Jésus
bâtira son Église dont Pierre lui-même est membre. Il faut noter que dans le
texte grec, le mot « pierre » est rendu par deux termes différents
qui ne sont pas synonymes. Petros (dans tu es « Pierre »)
désigne une pierre qu’on peut bouger et même lancer. Mais petra (dans « sur cette pierre ») signifie un roc solide et inamovible. Ce
roc sur lequel Jésus bâtira son Église, ce n’est pas la personne de Pierre,
mais sa profession de foi, faite au nom de tous les disciples. Jésus utilise
deux images pour désigner son Église. D’abord celle de la maison construite sur
le roc et contre laquelle le pouvoir de la mort n’aura pas de force et celle
des clés, c’est-à-dire le pouvoir donné à la communauté d’admettre en son sein
les hommes qui cherchent le salut et d’en exclure ceux qui le refusent. Il ne
faut pas voir dans ces « clés » un pouvoir personnel de Pierre sur l’Église,
mais bien un pouvoir de l’Église représentée par Pierre. Le premier Concile du
Vatican l’avait bien compris lorsqu’il ne définit pas l’infaillibilité pontificale
comme une prérogative individuelle mais dit que le Pape, lorsqu’il parle ex
cathedra, exerce « l’infaillibilité que le Christ a donnée à son
Église ».
Et quand
Jésus ordonne à ses disciples de ne dire à personne qu’il est le Messie, il ne
leur interdit évidemment pas de professer leur foi telle que Pierre vient de la
proclamer en leur nom mais de le présenter comme le Messie tel qu’il était
attendu par le peuple. Il ne vient pas
avec un pouvoir royal mais l’humilité d’un serviteur.
Cette
question que Jésus pose à ses disciples dans ce récit évangélique, il nous la
pose aussi à chacun de nous. Pour nous,
qui est Jésus ? C’est par une foi vécue et engagée plus que par des mots,
que nous pouvons répondre à cette question.
Armand Veilleux
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1999 :
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