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26 mai 2013
– Fête de la T.S. Trinité (année « C »)
Proverbes
8, 22-31 ; Romains 5, 1-5 ; Jean 16,12-15
Homélie
De
tous les aspects du mystère chrétien, le mystère de la Trinité est sans doute
celui sur lequel les théologiens de tous les siècles ont écrit les choses les
plus complexes et les plus difficiles à comprendre. Et pourtant, tout ce qu’ils
ont pu dire et écrire, n’ajoute rien à la petite phrase de saint Jean :
« Dieu est amour ». Dans ces mots, tout est dit. Il ne nous reste
plus qu’à essayer de comprendre comment et jusqu’à quel point Dieu nous a aimés,
nous aime et continuera de nous aimer.
Annoncer
ce qui va arriver est relativement facile. Il y a beaucoup de choses qui sont
prévisibles, surtout avec des moyens techniques sophistiqués. Les météorologues
nous annoncent le temps, par exemple, même s’il leur arrive de se tromper. On
peut prévoir les ouragans, les tremblements de terre. Ceux qu’on appelle les prophètes de malheur
peuvent prédire beaucoup de choses. Il suffit de savoir analyser ce qui se
passe actuellement dans nos pays d’Europe pour prédire que, vu la dégradation
du contexte social, les scènes violentes comme celles connues durant les six
dernières nuits à Stockholm, ou encore des attaques comme celles commises
contre des militaires ces derniers jours à Londres et à Paris risquent de se
multiplier. Pas besoin d’être prophète pour prédire de telles choses. Il suffit
d’analyser objectivement un ensemble d’événements. Être prophète est tout autre
chose !
Un
jour, dans la ville de Naïn, on portait en terre un
jeune homme, fils unique dont la mère était veuve, et qui venait de
mourir. Pris de pitié pour la mère,
Jésus lui dit : « Ne pleure plus » Et au mort il dit :
« Jeune homme, je te le dis, réveille-toi ». Et le mort se mit à
parler. Alors les gens présents se mirent à dire : « Un grand
prophète s’est levé parmi nous ». C’est ça que fait un prophète.
Revenons
au mystère de la Trinité et à l’évangile que nous venons de lire. Dans ces
paroles à ses disciples Jésus ne parle pas de la Trinité, un mot inventé par
les théologiens. Il parle de son Père,
avec qui il est un et de l’amour qui les unit, leur Esprit. À ses disciples il
dit qu’il aurait encore beaucoup de choses à leur communiquer, mais qu’ils ne
pourraient pas les porter. Le mot « porter » est choisi avec soin. Il
ne s’agit pas simplement d’entendre ni même de comprendre. Il s’agit de « porter »
une réalité nouvelle. Et il leur annonce la venue de l’Esprit de vérité, donc
de « son Esprit », puisqu’il avait dit un jour : « Je suis
la voie, la vérité et la vie ». -- Et que fera cet Esprit de Vérité ?
Il les guidera vers la vérité. Mot-à-mot, il les « conduira sur le chemin »
de la Vérité jusqu’à arriver à celle-ci. La Vérité n’est pas quelque chose que
nous possédons, mais vers laquelle nous cheminons, sous la conduite de
l’Esprit.
« Les
choses qui vont venir, il vous les annoncera » dit encore Jésus à ses
disciples. Par ces paroles, Jésus, qui a également dit à ses disciples que
l’Esprit serait leur « défenseur », leur dit aussi qu’il sera leur
« prophète », au sens où Jésus s’est montré prophète en ramenant à la
vie, le jeune homme de Naïn.
De
nos jours notre humanité est comme la veuve de Naïn qui porte en terre ses enfants. Tant de
mères, de par le monde, dans les pays en guerre -- ou les pays auteurs de
guerres --, portent en terre leurs fils. L’humanité elle-même tente de s’autodétruire soit en ravageant son
environnement, soit en rejetant des valeurs sur lesquelles elle s’était
construite depuis des millénaires.
Ce
que Jésus révèle à ses disciples – et à nous tous – dans l’Évangile
d’aujourd’hui, c’est que seul l’Esprit l’amour peut inverser ce mouvement et
conduire l’humanité vers une vie plus pleine. Seul un regard d’amour peut nous
permettre de connaître – connaître Dieu, connaître ceux qui nous entourent,
aussi bien que les autres personnes et les événements de notre monde.
Le
défi des Chrétiens, qui ont reçu ce message de Jésus, est de se laisser envahir
par l’Esprit d’amour reçu de Dieu, non seulement dans leurs relations avec les
personnes qui leurs sont les plus proches -- au sein de leur couple, de leur famille,
de leur communauté monastique – mais aussi d’imprégner de cet Esprit leur
lecture des réalités politiques, économiques et sociales du monde dans lequel
ils vivent, surtout si, de par leur profession et leur vocation ils doivent et
peuvent intervenir directement dans ces secteurs de la vie de l’humanité. C’est alors, en intervenant, qu’ils sont des
prophètes.
Tous
ceux qui, dans le monde d’aujourd’hui souffrent : les chômeurs, les émigrés, les
sans-papiers, les handicapés, les pauvres seront perçus différemment selon
qu’on les considère froidement du point de vue du technocrate cherchant à équilibrer un budget national ou avec la
« connaissance » qu’on peut en avoir si on les approche avec l’Esprit
d’amour reçu du Père de Jésus. De même,
toutes les situations dramatiques que vivent tant de millions de personnes
actuellement en tant de pays en guerre, peuvent être pour nous de simples
sujets sur lesquels nous nous informons avec curiosité (et sans doute un brin
d’émotion) en lisant les journaux; ou bien ils se transforment en millions de personnes, préférées de Dieu, si nous
les connaissons dans l’Esprit de Dieu
Prions
en ce jour pour que l’Esprit de Dieu – l’Esprit d’amour -- envahisse l’univers.
Rien d’autre ne peut l’arrêter sur sa voie d’autodestruction.
Armand VEILLEUX
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