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24 mars 2013 – Dimanche des
Rameaux "C"
Is 50, 4-7; Ph 2, 6-11; Lc 22,14-23,56
H O M É L I E
Cette année, nous lisons le récit de la
Passion selon l’Évangéliste Luc. Comme nous le savons, Luc est l’Évangéliste de
la miséricorde. La tradition de l’Église primitive qu’il nous transmet dans son
Évangile, est celle de l’amour infini de Dieu manifesté en Jésus-Christ. Aucun
des Évangéliste n’a mieux perçu et exprimé la sensibilité de l’amour du Père,
qui s’est manifesté en Jésus, surtout à l’égard des pauvres, de ceux qui
souffrent, de ceux qui sont marginalisés par la société. Tout au long de
l’Évangile, Luc souligne l’attention de Jésus à l’égard des faibles, des
orphelins et des veuves, et aussi des pécheurs. Dans ce contexte il est bon d’entendre
François, le nouvel évêque de Rome, exprimer son rêve d’une Église pauvre pour
les pauvres et son appel à introduire de la tendresse dans toutes les relations
humaines.
Cette même préoccupation de Luc, qu’on
retrouve tout au long de son Évangile, se manifeste d’une façon toute spéciale
dans le récit de la Passion que nous venons d’entendre. Mais tout d’abord Luc
nous révèle l’intimité de la relation de Jésus avec son Père, par exemple dans
sa prière au Jardin des Oliviers (22,42). Même la croix est avant tout, pour
Luc, le sacrement par excellence de l’amour divin et de la miséricorde. Il
insiste moins que les autres Évangélistes sur les aspects pénibles et cruels de
la Passion. Ainsi, il ne mentionne pas la flagellation ou le couronnement
d’épines, ni d’autres éléments tendant à souligner la culpabilité des acteurs
de ce drame. Il veut plutôt faire découvrir l’amour du Père à l’égard de son
Fils et à l’égard de tous les humains, même dans cette situation de douleur.
Ici, Jésus n’apparaît pas abandonné sur le Calvaire. Il est accompagné des
siens et de ses amis. Au lieu de la citation du Paume 21 qu’on trouve en
Matthieu et Marc (« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? – Mt 27,46
; Mc 15,34), Luc met dans la bouche de Jésus la manifestation de confiance sans
mesure du psaume 30,6 : « Père, entre tes mains je remets mon esprit ».
Non seulement, dans ce récit Luc fait
apparaître Jésus comme la victime innocente, dont l’innocence est reconnue par
Pilate et Hérode (23,4.13-15.20-22), mais il le décrit dans une attitude de
compréhension miséricordieuse et de pardon. Presque tout le monde se trouve en
quelque sorte pardonné ou excusé. Jésus guérit l’oreille d’un de ses
agresseurs, blessé par Pierre. De l’ensemble de ses bourreaux il dit à son Père
: « pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (23,34). Le centurion est
un homme droit qui reconnait que « sûrement cet homme était juste » (23,47) et
tout le peuple s’en retourne en se frappant la poitrine. Même Hérode et Pilate
ont été réconciliés ce jour-là (23, 6-12).
Luc a donc conçu son récit de la passion
comme une contemplation de la miséricorde de Dieu manifestée en Jésus. Au début
de l’Évangile, lors de sa première prédication à Nazareth, lorsque Jésus avait
lu le texte du prophète Isaïe : « L’Esprit
du Seigneur est sur moi... il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux pauvres.. aux captifs la liberté... et
proclamer une année d’accueil par le Seigneur » il avait dit, en reposant
le livre : « Aujourd’hui, cette
écriture est accomplie ». Ce récit ouvrait une boucle qui est refermée à la fin
de l’Évangile, à la fin du récit de la passion, lorsque Jésus répète cet «
aujourd’hui ». « Aujourd’hui, dit-il
au larron converti, tu seras avec moi dans le paradis ». Tout a été accompli.
La miséricorde a été accomplie. Approchons tous avec confiance de cette source
de miséricorde.
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