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21 mai 2013 – 4ème dimanche de Pâques "C"
Ac 13, 14...52; Ap 7, 9...17; Jn 10, 27-30
Abbaye de La Clarté-Dieu, Murhesa, Congo RDC
H O M É L I E
Le peuple
d’Israël, après avoir été une petite tribu nomade, était devenu un peuple
sédentaire. Dans cette culture
sédentaire, le rôle du pasteur protégeant son troupeau contre les attaques des
bêtes sauvages et le guidant à la recherche de nourriture et de points d’eau
était très important. Aussi les
prophètes de l’Ancien Testament utilisèrent souvent cette image du
« pasteur » pour décrire l’attention de Dieu à l’égard de son
peuple. Dans le bref passage d’Évangile
que nous venons de lire, la phrase principale, celle qui donne la clé de
compréhension de tout ce qui précède est la dernière : Le Père et moi, sommes UN, dit Jésus.
C’est lui le vrai berger.
Même
si la plupart d’entre nous ne vivons plus dans une culture où il est courant de
voir un berger guider son troupeau de brebis, il ne nous est pas difficile de
comprendre le message que véhicule l’utilisation de cette image.
L’Église
est la communauté de tous ceux et celles qui ont mis leur foi dans le Christ – ceux
qui ont entendu sa voix et qui veulent le suivre. Le pasteur de l’Église, c’est Lui, Jésus de
Nazareth, toujours vivant au milieu de nous parce que nous sommes réunis en son
nom. C’est sa Parole que nous écoutons, c’est lui que nous suivons. Nous sommes sous sa protection. Cela est vrai de l’Église universelle, comme
de chacune des communautés locales qui, ensemble, dans leur communion entre
elles, constituent le Mystère universel de l’Église. Cela est vrai d’un diocèse, d’une paroisse,
ou d’une communauté monastique comme la nôtre.
L’Église
c’est donc nous tous et tous ceux qui, de par le monde, ont mis leur foi en
Jésus de Nazareth. Au sein de cette Église il y a, bien sûr, des personnes qui
ont reçu diverses responsabilités et divers ministères ; il y a, par
exemple, le pape, les évêques et les prêtres. L’Église ce n’est pas eux ; l’Église c’est nous tous -- y compris
ces responsables. Certains, à cause du
ministère qu’ils ont à remplir, reçoivent le titre de
« pasteurs ». Mais l’unique
« vrai pasteur » c’est celui qui dit, dans l’Évangile
d’aujourd’hui : « Je suis le vrai pasteur. » Il me semble que cette parole est de nature à
nous encourager et à nous empêcher de perdre confiance.
Chères
soeurs de Murhesa, je crois que vous avez toutes compris que cet Évangile prend
un sens tout à fait concret en ce jour où vous êtes appelées à choisir l’une
d’entre vous qui, durant le temps de son ministère, sera la représentante, la vicaire du Christ, le Pasteur suprême parmi vous. Le Christ demeure toujours l’abbé, le pasteur
de toute communauté ; mais il agit à travers le ministère d’une personne
humaine. C’est dans un esprit de foi que
vous êtes toutes déjà appelées à accepter comme votre abbesse et à reconnaître
comme représentante du Christ celle qui sera choisie par le votre majoritaire de votre communauté.
C’est
aujourd’hui également la Journée Mondiale de prière pour les vocations.
Dans cette prière, nous devons nous souvenir de deux choses. La première est qu’une Église a les vocations
qu’elle est capable d’engendrer. Et
puisque l’Église c’est nous, la capacité de notre Église d’engendrer des vocations
dépend de la qualité de notre vie chrétienne à chacun d’entre nous. La deuxième chose à ne pas oublier c’est que
lorsque nous parlons de vocations il ne faut pas penser simplement aux
vocations sacerdotales, religieuses ou monastiques. Il faut penser à la vocation dans sa réalité
la plus fondamentale. Chacun de nous est
appelé, de par son baptême, à vivre à la lumière de l’Évangile de
Jésus-Christ. C’est là notre vocation
première et commune à tous. C’est dans la mesure où chacun de nous vivra
fidèlement sa vie chrétienne selon sa vocation propre que tous les autres membres
de l’Église se sentiront appelés à vivre eux aussi la vocation à laquelle ils
sont appelés
La première lecture,
tirée des Actes des Apôtres et qui nous raconte la grande mission de Paul et
Barnabé à Antioche de Pisidie, nous raconte l’histoire de deux témoins qui ont
effectivement entendu la voix de Jésus, qui l’ont suivi et qui sont allés
témoigner de son Évangile auprès des Juifs et des païens d’Antioche. La persécution qu’ils subiront de la part des
Juifs de l’endroit ne les arrêtera pas et ils continueront de prêcher la Bonne
Nouvelle aux païens. D’ailleurs Luc,
l’auteur des Actes, présente cette visite de Paul et Barnabé à la synagogue
d’Antioche de Pisidie, comme parallèle à celle de Jésus à la synagogue de
Nazareth au début de son ministère. Dans
les deux cas est affirmée la décision d’étendre le message de salut à toutes
les nations après l’avoir d’abord présenté aux Juifs.
C’est ainsi que s’est
formée cette foule immense, indénombrable, de témoins venant des quatre coins
du monde – témoins à jamais vivants par leur foi au Christ, malgré les larmes
et les souffrances qu’ils ont endurées.
Que chacun de nous
s’efforce en ce jour d’écouter la
voix du Bon Pasteur, de se laisser envahir par la joie d’être connu de Lui, de se mettre à sa suite, découvrant la vocation
personnelle que chacun de nous a reçue d’être son témoin là où il nous a
appelés.
Armand VEILLEUX
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