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1 janvier 2013
Solennité de Marie,
Mère de Dieu / Journée mondiale pour la paix
Nb 6,22-27; Ga 4,4-7; Lc 2,16-21
H o m é l i e
Au début de la
première lecture de cette célébration de l’Eucharistie, nous avons entendu une
très belle formule de : « Que le Seigneur te bénisse et te
garde ! Que le Seigneur fasse
briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage,
qu’il t’apporte la paix ! ». Vieille d’au moins deux mille quatre cents ans, cette formule est toujours
aussi belle. Elle nous est rapportée par
le Livre des Nombres, qui la situe au milieu d’une série d’instructions données
par Moïse de la part de Dieu, aux prêtres. Il leur indique ainsi comment bénir le peuple, qui se trouve encore au
pied du Sinaï. Tous les biens que peut
désirer l’être humain, et qui peuvent lui parvenir lorsque Dieu se penche vers lui
comme un père sur son enfant et fait briller sur lui son visage, -- tous ces
biens sont résumés en en seul mot la « paix ». Ce qui demeurera jusqu’à aujourd’hui pour les
Juifs, comme d’ailleurs pour beaucoup d’autres peuples, la façon de se
saluer : Shalom, Salam, Paz, etc...
Il était donc tout normal
qu’en notre époque, l’Église ait voulu faire de ce premier jour de l’année la
Journée Mondiale de prière pour la paix. C’est l’occasion pour nous de prier
pour toutes les populations victimes de conflits armés, en particulier
actuellement en Syrie.
Saint Paul, dans la
seconde lecture nous donne le fondement théologique de toute vraie paix entre les
humains, qui est le fait que nous sommes tous enfants de Dieu, et que la seule
relation qui convienne entre nous et entre nous et Dieu est la relation d’amour
qu’on retrouve entre un père et ses fils et entre frères et soeurs. Dieu nous a tant aimés que non seulement Il
nous a envoyé son Fils, mais il a mis l’Esprit de son Fils dans nos coeurs, de
sorte que nous puissions l’aimer et nous aimer du même amour dont il aime son
Fils et dont il nous aime nous aussi.
Finalement l’Évangile de
Luc nous décrit avec une sobriété extrême les débuts de la mission de paix
confiée par le Père céleste à son Fils sur notre terre. La paix ne vient pas de la force et de
l’exercice de la puissance, mais de la faiblesse et de ce qui est humble. Au moment où naît Jésus, à Bethléhem de Juda,
aux portes de Jérusalem, ce n’est pas aux autorités religieuses du peuple Juif,
ni aux représentants de la puissante Rome à Jérusalem que la nouvelle est
d’abord annoncée, mais à d’humbles bergers, qui paissent leur troupeau dans la montagne.
Avec toute la spontanéité
des petits et des pauvres, ces bergers se rendent à Bethléhem dès le départ des
anges ; et qu’y trouvent-ils ? -- une scène de grande paix et de
grande pauvreté. Ils trouvent d’abord
une famille : Marie et Joseph, qui sont mentionnés par leur nom, et
l’enfant qui n’a pas encore de nom. Celui que nous nommons constamment le Dieu « tout puissant » non
seulement se manifeste aux humbles bergers -- qui cherchent leur
« Sauveur » -- comme un tout petit enfant sans aucune puissance, dans
une mangeoire, mais même sans nom, car ce n’est qu’au huitième jour, au moment
de la circoncision, qu’il recevra son nom.
Marie est mentionnée la
première, dans sa dignité de Mère. C’est
pourquoi on fête aujourd’hui la solennité de Marie, Mère de Dieu. Au cours des siècles les Chrétiens ont
attribué beaucoup de titres à Marie, avec des degrés assez différents de
sobriété et de profondeur. Le titre de
Mère de Dieu, qu’on lui donne depuis le Concile d’Éphèse, est l’un des plus
anciens. Dans l’Évangile, elle est tout
simplement la « Mère de Jésus » et même, dans l’Évangile
d’aujourd’hui, la mère du petit enfant encore sans nom, à qui on donnera huit
jours plus tard le nom de Jésus.
Marie nous apparaît ici
comme le modèle des contemplatifs : celle qui garde et médite dans son
coeur tout ce qu’elle entend au sujet de son fils, même sans comprendre. Ainsi, elle garde vivante et médite dans son
coeur la visite des bergers et ce qu’ils ont rapporté au sujet de Jésus. Un peu plus tard, lorsqu’elle présentera
Jésus au Temple, aussi bien elle que Joseph seront surpris de ce qu’on dira
alors de l’enfant (Lc 2, 30-32). Et
lorsqu’elle le retrouvera au Temple, lorsqu’il aura douze ans, elle ne comprendra
pas ce qu’il lui dira, mais gardera tout en son coeur (Lc 2, 50-51).
Puisse Marie, Mère de Jésus, nous obtienne de son fils la grâce de méditer en nos coeurs tout ce que nous ne comprenons pas de Lui, et puisse-t-elle donner à notre monde la grâce d’une paix durable, fondée sur la justice et le respect.
Armand Veilleux
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