Scourmont, 24 décembre 2012
Job 19, 1, 23-27a ; 1 Jean 3, 1-2 ; Luc 12, 35-38.40
Obsèques de l’abbé André Vanderlijn
Monition d'ouverture
Célébrer des funérailles en la vigile
de Noël peut paraître étrange à première vue. Noël est un temps de joie, étant
la célébration d’une naissance et toute mort comporte un élément de tristesse.
Mais ce que nous célébrons à Noël
n’est pas simplement le souvenir d’une naissance, c’est le mystère de
l’incarnation – le fait que Dieu s’est fait l’un de nous. Or, les deux évangélistes qui nous racontent
les événements entourant la naissance de Jésus, (Matthieu et Luc) s’efforcent
de nous montrer qu’en assumant notre humanité mortelle, le fils de Dieu a aussi
assumée la mort. Et les récits de l’enfance ne manquent pas d’allusions
subtiles mais claires au fait que cet enfant qui vient de naître est né pour la
mort.
Nous sommes réunis ce matin pour
accompagner par notre prière l’abbé André dans son passage sur l’autre Rive.
Demandons d’abord au Seigneur de nous purifier pour nous rendre dignes
d’approcher ce mystère
Homélie
Il y a trois ans notre Père Charles Dumont nous quittait le
jour même de Noël, après la Messe de Minuit. Il avait dit, quelques années
auparavant, que Noël était un très beau jour pour mourir. L’abbé André est parti peu de jours avant
Noël. La séparation d’un être cher est toujours douloureuse, mais en même
temps, pour quiconque a la foi en la résurrection, la mort est aussi le moment
de l’entrée dans la joie éternelle. Comme nous le disait saint Jean dans la deuxième lecture que nous venons
d’entendre, c’est à ce moment que notre véritable identité d’enfants de de Dieu
nous sera révélée, lorsque nous le verrons face à face, tel qu’il est, lui
devenant semblables.
Jésus déclara un jour à ses disciples qu’il était venu non
pour être servi, mais pour servir (Mt. 20, 28). Il leur en donna d’ailleurs un
exemple lors du dernier repas qu’il prit avec eux, en leur lavant les pieds. Aussi le
service prend une place tout importante et même centrale dans la vie de tout
chrétien, comme d’ailleurs dans la vie de toute personne humaine qui veut vivre
en harmonie avec son prochain.
Dans l’Évangile que nous venons de lire Jésus recommande à
ses disciples de rester sans cesse « en tenue de
service », tout comme il leur demande ailleurs de prier sans cesse. Cela veut dire qu’une vie de prière
continuelle n’est pas une vie où l’on se dégage de toutes les activités ordinaires
de la vie pour ne faire que prier ; mais
bien qu’une vie de prière continuelle est une vie où
règne sans cesse l’union d’amour avec Dieu. Comme saint Jean le répète sur tous les tons, on ne peut aimer Dieu si
on n’aime pas ses frères. Or un amour
véritable n’est pas simplement un sentiment du coeur, mais il doit, pour être
vrai, s’exprimer en actes. « Nous devons aimer, dit Jean, non pas avec des
paroles et des discours, mais par des actes et en vérité ».
Saint Benoît considère la vie monastique comme une
« école du service du Seigneur », c’est-à-dire une école où l’on
apprend d’abord comment le Seigneur Jésus s’est fait le serviteur de tous, et
une école où l’on apprend aussi à servir le Seigneur en nous mettant
mutuellement au service les uns des autres.
Je crois que ce texte de l’Évangile est tout à fait adapté
pour cette Eucharistie que nous célébrons autour du corps de l’abbé André. Celui-ci n’était pas moine ; il était un
prêtre du diocèse de Malines-Bruxelles. Cependant il a vécu les dix dernières
années de sa vie au sein de notre communauté, fidèle à la prière commune et
aussi au service. Il a rendu service à la communauté en agissant souvent comme
portier et il a aussi rendu service à divers homes de la région en y célébrant
régulièrement l’Eucharistie.
André a vécu heureux à Scourmont et, selon le témoignage
d’amis, il disait qu’il avait trouvé ici des frères. Il faut dire qu’il était enfant unique. Il fut
aussi pour nous un frère dont la compagnie était agréable.
Dans l’Évangile que nous avons lu, et où Jésus loue le
serviteur qu’il trouvera en état de veille à son retour, il promet de le faire
mettre à table et de le servir lui-même. Nous pouvons donc prier, avec la certitude d’être exaucés, pour que Dieu
accueille dans son amour son serviteur André, qu’il le fasse asseoir à son banquet
céleste et le serve Lui-même, comme il l’a promis.
(L’Abbé André appartenait aussi à la communauté de prêtres
du Prado)