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2 Novembre 2013 –
Commémoration de tous les Fidèles défunts
Sg 2, 1... 3,9 ; Rm 8, 18-23 ; Jean 11, 17-27
Résurrection de
Lazare
On peut facilement
distinguer deux niveaux rédactionnels dans ce passage de l'Évangile de
Jean. La narration primitive était un
récit de la résurrection de Lazare, le plus grand des miracles accomplis par
Jésus. Quand l’évangéliste Jean décida
d'insérer ce récit au moment crucial de la vie de Jésus, c'est-à-dire à la fin
de son ministère et au début de sa passion, il le transforma. Ce qui est maintenant au centre du récit, ce
n'est plus le miracle lui-même, mais plutôt le dialogue de Jésus avec Marthe.
Au coeur de ce dialogue se trouve la parole révélatrice
de Jésus : «Je suis la résurrection et la vie", et aussi la réponse
de Marthe (v.27) : "Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le
Fils de Dieu qui doit venir dans le monde." Aussi bien la parole de Jésus
que celle de Marthe éclairent la célébration d’aujourd’hui : la commémoration
que nous faisons de tous les fidèles défunts
Ce texte nous aide aussi à comprendre la grande richesse
et toute la diversité de l'expérience spirituelle de l'Église primitive. Chacune des communautés chrétiennes locales
avait son mode propre de vivre et de re-vivre son expérience du Christ. Dans les Églises de la tradition de Matthieu,
la mémoire du ministère de Jésus est centrée sur la relation de Jésus avec le
groupe de ses disciples, spécialement les douze apôtres. Mais cette mémoire, dans l'Évangile de Jean,
est centrée sur la relation de Jésus avec un certain nombre d'amis,
spécialement Marthe, Marie et Lazare. Ils sont ses vrais disciples, et il est leur maître. Marthe est la première mentionnée. C'est elle qui, après avoir reçu la
révélation et avoir exprimé sa foi dans la parole de Jésus, va chercher Marie,
exactement comme André et Philippe étaient allés chercher Pierre et
Nathanaël. En tant que
"disciple" très aimée de Jésus, c'est elle qui exprime, au nom de
tous, la foi messianique de la communauté. Marthe confesse sa foi messianique, non pas en réponse à un miracle,
mais en réponse à la révélation de
Jésus et à son interpellation : «Crois-tu cela ?" La confession de foi de Marthe dans
l'Évangile de Jean est parallèle à celle de Pierre (6, 66-71), mais c'est une
confession christologique dans un sens plus plénier. Jésus est le révélateur venu du ciel. Comme telle, la confession de Marthe a le
sens plénier de celle de Pierre à Césarée de Philippe dans les Évangiles
synoptiques. Ainsi, Marthe représente la
foi apostolique plénière de la communauté de Jean, comme Pierre représente la
foi apostolique plénière de la communauté de Matthieu.
Si nous voulons appliquer ce texte à notre propre
situation, nous devons être à la fois Marthe qui confesse le Christ et Lazare
qui est ressuscité. Au sujet de cette
résurrection, nous devons porter attention au fait que Jean n'essaie pas de
nous donner aucune information sur l'expérience de Lazare, soit lorsqu'il était
mort, soit après son retour à la vie... L'unique chose qui importe est qu'il
soit revenu à la vie.
L’affirmation de Jésus, en soi tout à fait invraisemblable :
« tout homme qui vit et croit en moi ne mourra jamais » est celle qui
donne un sens à notre célébration d’aujourd’hui. Nous prions pour tous les
« fidèles » défunts, donc ceux qui ont eu ici-bas la « foi »
au Christ. Nous savons que, même s’ils
ont quitté le monde que nous connaissons, ils sont toujours vivants. Nous savons aussi qu’ils peuvent être encore
privés mystérieusement de la pleine jouissance de la présence de Dieu. Aussi nous demandons à Jésus qu’il les délie
– qu’il dise à leur sujet comme au sujet de Lazare : "Déliez-le et
laissez-le aller".
Demandons pour nous aussi cette grâce d’être déliés de
tout ce qui nous empêche de vivre en plénitude, qui nous empêche de croire avec
la même intensité que Marthe et de voir la présence de Dieu dans les personnes
et les événements.
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