2 décembre, 2012 -- 1er dimanche de l'Avent "C"

Jr 33, 14-16; 1 Th 3, 12-4,2; Lc 21, 25...36

 

 

Homélie

 

          Si vous consultez Google de temps à autre, et surtout si vous en avez fait votre bible, vous n’êtes pas sans savoir que la fin du monde aura lieu dans moins de trois semaines, plus précisément le 21 décembre 2012. Et pourtant nous avons tous bon espoir de nous retrouver ici quatre jours plus tard pour célébrer Noël. Le récit évangélique que nous venons de lire n’est pas une prophétie du même genre.  Ce n’est pas l’une de ces nombreuses annonces de la fin du monde faites au cours des siècles et qui ne se sont jamais réalisées.  Il s’agit de tout autre chose.  Il s’agit en fait d’un message d’espérance.

 

          L’histoire de l’humanité comme celle de chaque nation et de chaque famille, ou même celle de chaque personne, connait des moments de crise, profonde ou légère.  C’est à de tels moments que se réfère Jésus dans les premières phrases de ce récit, qui se conclue pas cette phrase surprenante : « Quand ces évènements commenceront, redressez-vous et relevez la tête ».  Jésus poursuit alors son exhortation par un appel à la vigilance et à la prière continuelle. C’est ainsi, dit-il, que nous serons jugés dignes... « de paraître debout devant le Fils de l’homme ». Debout ; donc, dans une attitude de dignité et de confiance, qui est tout autre que la peur et la servitude.         

 

L`événement le plus lourd de conséquences de toute l’histoire de l’humanité est celui que nous célébrerons à la fin du temps de l’Avent, que nous commençons aujourd’hui : le moment où Dieu a assumé l’une de ses créatures en se faisant homme.  Quand Dieu s’est manifesté comme homme en Jésus de Nazareth, c’est toute l’humanité qui a été assumée.  C’est au coeur de l’humanité qu’a été placée une semence de vie divine.  Le « fils de l’homme » dont parle le texte évangélique que nous venons d’entendre n’est pas simplement le Messie, le petit enfant né de Marie, c’est aussi tout homme, toute personne humaine, l’humanité elle-même.

 

          Le message final du grand discours eschatologique de Jésus dont nous venons de lire la partie principale, n’est pas un appel à la peur, à la résignation, à l’angoisse.  C’est, au contraire, un appel à l’espérance et à la dignité.

 

          Comme dans beaucoup de textes prophétiques de l’Ancien Testament, les catastrophes cosmiques sont utilisées par Jésus comme image de la violence entre les hommes, depuis que Caïn fit couler le sang de son frère Abel.  Jésus, par ces images faisait allusion à toutes les misères que les humains de son temps s’affligeaient mutuellement à travers l’exploitation, l’esclavage, les guerres, la cupidité.  Et il annonce que l’homme – le « Fils de l’homme », l’humanité est capable de sortir – sortira – de ce cycle d’autodestruction et sera finalement revêtu de toute la grandeur et de toute la gloire attachées à sa dignité d’enfant de Dieu.  Aujourd’hui, Jésus, s’il nous faisait le même discours, mentionnerait non seulement, les tueries en Afghanistan et en Syrie, par exemple, mais aussi les armes de destruction massive que sont la dette des pays pauvres envers les pays riches et la faim que cette dette  cause, aussi bien que l’accaparement de la plus grande partie des ressources de la planète par une petite minorité de privilégiés. Il mentionnerait sans doute aussi la possibilité que s’est donnée l’humanité de s’autodétruire.

 

          Et Jésus ne dirait pas, pas plus qu’il n’a dit aux Juifs de son temps : « calfeutrez-vous dans un coin en attendant qu’on vienne vous sauver » et encore moins : « acceptez une mort pénible pour avoir, après la mort, un bonheur éternel dans un autre monde ».  Non, il dirait aujourd’hui comme alors : « Quand tous ces événements se manifestent, -- alors même qu’ils se manifestent, et même dès qu’ils se manifestent – redressez-vous, relevez la tête. » Les puissances des cieux sont ébranlées et vacillent, dirait-il de nouveau, faisant allusion symboliquement aux puissances tyranniques qui se sont auto-divinisées. Si vous restez debout, éveillés, si vous prenez garde et ne vous laissez pas alourdir par la débauche, l’ivrognerie, la recherche effrénée des bien matériels, alors, non seulement se manifestera dans les faits, dans l’histoire, la dignité de l’être humain mais vous pourrez aussi vous tenir debout, dans toute votre dignité, devant Dieu, devenu « Fils de l’homme » par excellence.

 

          Les vrais disciples de Jésus doivent être des êtres sans peur, optimistes, parce qu’ils ont mis leur confiance dans le Père de Jésus. Mais ce sont de véritables optimistes, non des naïfs.  Ce sont des optimistes avec les deux pieds solidement posés sur la terre, se tenant debout, la tête bien haute, pour voir la face de Dieu et entendre sa voix.  Ces vrais disciples, debout, la tête haute, redressent aussi leurs manches, pour faire leur part dans la reconstruction, avec les outils de l’amour, de l’univers ravagé par les outils de la haine. 

 

          La liturgie de ce premier dimanche de l’Avent est le coup de clairon ouvrant ce chantier et nous lançant dans cette campagne.  Nous avons la mission non seulement de garder ou de reprendre confiance, mais de redonner à tous nos frères et nos soeurs humains la confiance en l’avenir extraordinaire auquel l’humanité est conviée par l’Incarnation du Fils de Dieu.

 

Armand Veilleux

 

 

 

 

 

 

  Autre homélie pour le même dimanche :  

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