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29 juin 2013 – Solennité des saints Pierre et Paul
Actes 12,1-11; 2 Tim 4, 6...18; Mat 16, 13-19
Homélie pour la solennité des saints Pierre et
Paul
Il est difficile de trouver deux
hommes aussi différents l'un de l'autre que Pierre et Paul. Et pourtant ils sont les deux piliers de
l'Église, et celle-ci les a toujours célébrés ensemble dans son culte. Pierre était un pêcheur de Galilée, sans
doute sans autre culture que celle que l'on pouvait recevoir en écoutant les
enseignements donnés au cours des services à la synagogue locale. Paul, tout en étant Juif, était aussi citoyen
romain, né à Tarse et avait reçu la meilleure formation intellectuelle qu'on
pouvait alors recevoir. Pierre avait
vécu avec le Christ durant toute la durée du ministère public de Celui-ci; Paul n'avait rencontré le Christ que sur le
chemin de Damas, dans une vision, alors qu'il allait persécuter les
Chrétiens. Paul avait un tempérament
fougueux, et n'était pas d’un commerce facile; Pierre, avec sa grande spontanéité, qui lui faisait faire bien des
gaffes, avait aussi la simplicité qui en faisait un chef que l'on ne craignait
pas. Pierre et Paul eurent leurs moments
de friction et d'explication et surent diverger d'opinions mais restèrent
toujours unis dans l'amour du même Christ que l'un et
l'autre aima jusqu'à accepter la mort du martyre.
La beauté de Dieu (pour employer un
anthropomorphisme) lui vient de sa simplicité, de son unité, de son absence de
complexité. La beauté propre à la
création lui vient, au contraire, de sa grande diversité et de la symphonie
constituée par les différences entre ses éléments. L'exemple des premières générations
chrétiennes, et tout particulièrement celle de Pierre et Paul est une
invitation constante faite à l'Église et à chacun de ses membres non seulement
de respecter les différences de personnalité, de points de vue, de sensibilité,
mais de voir une richesse dans ces différences.
Pierre et Paul ont eu, tous les deux,
ont une longue carrière. La première
lecture, tirée du Livre des Actes, nous montre d'une façon presque
humoristique, les débuts de l'exercice par Pierre de son autorité sur
l'ensemble des Apôtres et des Disciples, après la mort de Jésus. Alors que toute la communauté primitive est réunie
et prie derrière des portes verrouillées, Pierre se trouve d'abord en prison,
puis en sort d'une façon spectaculaire pour se retrouver tout seul dans la
rue. Et l'on sait qu'il aura de la
difficulté à se faire ouvrir la porte lorsqu'il rejoindra les autres. Il est vraiment du genre de personnes à qui
ces choses arrivent. Une personne toute
ouverte à la grâce, avec une simplicité qui demeurera toujours un peu
enfantine. La deuxième lecture nous fait
écouter un Paul arrivé en fin de course, fatigué, un peu désabusé, et même un
peu complexé, qui se plaint que tous l'ont abandonné. Il faut dire qu'il n'était pas facile de
vivre avec lui. Marc et Barnabé l'ont
appris à leurs dépens. Et pourtant sa
foi dans le Christ est inébranlable et il la professera dans sa mort, tout
comme Pierre d'ailleurs.
L'Évangile, enfin, nous ramène au
moment de la première confession de foi de Pierre et de la mission que Jésus
lui donne alors de guider l'Église. Cette confession de foi est la réponse de Pierre à la question de
Jésus : « Et vous,
qui dites-vous que je suis? » Il
arrive qu’on donne une note intimiste à cette question de Jésus, comme le fait
d’ailleurs la traduction du lectionnaire liturgique, que nous venons de
lire : « pour vous, qui
suis-je? » lui donnant le sens de « quelle place ai-je dans votre
vie? » Cette interprétation
intimiste est belle, mais ce n'est pas ce que Jésus demande aux disciples. Si l'on traduit sa question littéralement, il
leur demande: « et vous, qui dites-vous
que je suis? » tout comme il avait demandé tout juste auparavant :
"le fils de l'homme, qui est-il selon ce qu'en disent les hommes?". Ce
qui frappe ici c'est l'importance donnée au fait de dire qui est Jésus, au fait de dire sa foi.
La foi n'est pas une simple attitude
intérieure du coeur, encore moins un simple acquiescement de l'esprit. Elle doit se dire. Et elle doit se dire
en paroles aussi bien qu'en actes. En réponse à la question de Jésus, Pierre
confesse de bouche Sa divinité: « Tu
es le Messie, le fils du Dieu vivant. » Plus tard il confessera Jésus par toute sa
vie et, finalement, par sa mort.
L'Église est la communauté de tous
ceux qui ont reçu le message du Christ -- qui ont reçu de Lui la même question
qu'Il posa à ses disciples : "et vous, qui dites-vous que je
suis?" Chacun -- chacun de nous --
doit répondre à cette question de la même façon que Pierre, en affirmant sa foi
en paroles, puis en traduisant cette parole dans une vie au service de cette
parole.
Les deux colonnes principales de l’Église
que nous formons sont, d'une part, Pierre qui représente les Douze que Jésus
s'était choisis durant son ministère ici-bas et, d'autre part, Paul, le
prototype de tous ceux qui furent appelés par la suite à être ses témoins. Nous sommes tous appelés à proclamer
l'Évangile en le vivant, à l'annoncer à travers nos actes. Mais cela ne suffit pas. Nous sommes aussi tous appelés à le proclamer
en paroles. Nous le faisons chaque jour
tout au long de nos célébrations liturgiques, et en particulier dans la
doxologie de chacune de nos oraisons, où nous disons "Par Jésus-Christ,
ton fils, notre Seigneur et notre Dieu..." Certains sont, de plus, appelés à proclamer leur foi dans la
prédication. Efforçons-nous de garder
toujours bien conscient ce lien entre nos paroles et notre vie, dans
l'espérance, fondée sur la parole même de Jésus, qu'Il nous confessera aussi
devant son Père et notre Père.
Armand VEILLEUX
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