26 janvier 2013 – Solennité des Ss. Fondateurs de Cîteaux
Si 44, 1.10-15; Heb 11, 1-2. 8-13a; Marc 10, 24b-30


Homélie


          Les premiers versets du texte de l’Évangile de Marc que nous venons de lire sont la conclusion du récit concernant le jeune homme riche que Jésus avait appelé à le suivre après avoir renoncé à tous ses biens et qui s’était éloigné tout triste, car, dit l’Évangéliste, il avait de grands biens.  C’est alors que Jésus fait cette réflexion sur la difficulté pour un riche d’entrer dans le royaume des cieux et terminant par cette phrase qui donne tout son sens à ce récit : « Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu ».

          Et, si tout est possible à Dieu, tout est possible à ceux qui ont foi en Dieu. Et, en cette année où, à l’occasion du cinquantième anniversaire de Vatican II, le saint Père a voulu que la présente année soit considérée comme « l’année de la foi », la deuxième lecture que nous avons entendue, et qui était tirée de la Lettre aux Hébreux, éclaire ce que nos Pères de Cîteaux ont vécu et ce que nous avons à vivre.

          Dans les moments difficiles, on est évidemment porté à s’accrocher à l’espérance de jours meilleurs.  Or, dit la Lettre aux Hébreux, « la foi est le moyen de posséder déjà ce qu’on espère et de connaître des réalités qu’on ne voit pas ». Le texte nous rappelle la foi d’Abraham qui a accepté de quitter ses sécurités pour aller vivre dans un pays étranger ; de même que la foi de Sara qui la rendit capable d’engendrer malgré son âge avancé.

          C’est la même foi à laquelle Jésus appelle Pierre, à la fin de notre récit évangélique, lorsqu’il lui dit que personne n’aura quitté, à cause de lui et de l’évangile, maison, frères, soeurs, mère, père et terre, sans recevoir le centuple.

          Ce qu’ont quitté Robert, Albéric et Étienne ainsi que leurs compagnons, lorsqu’ils ont quitté Molesmes – après avoir quitté bien d’autres choses et même leur pays, pour certains – ce n’était pas d’abord des biens matériels, même si Molesmes jouissait d’une certaine aisance ; c’était surtout la sécurité spirituelle, psychologique et sociales d’une institution reconnue et estimée pour se lancer dans une aventure qui semblait être sans issue. Ils ne pouvaient le faire sans une foi, c’est-à-dire une confiance totale en Dieu.

          Ainsi en est-il de nous. Il est probable que la plupart d’entre nous, lorsque nous avons répondu à l’appel du Christ à le suivre dans la vie monastique, n’avons pas eu à renoncer à de grandes richesses matérielles.  Mais nous avons tous renoncé à la sécurité de la famille que nous avons quittée et de celle que nous avons renoncée à créer, et de tous les autres liens sociaux associés à ceux-là. Ce renoncement aurait été une pure folie s’il n’avait été dicté par la foi.

          Nous vivons présentement à une époque où aussi bien la société civile que l’Église dans son ensemble et la plupart des communautés qui la composent, comme la plupart des communautés de notre Ordre connaissent des formes parfois aigües d’insécurité. La seule chose qui permet de vivre sereinement dans toutes ces situations est l’attitude de foi, qui fut celle d’Abraham, de Sara, de nos Fondateurs et de plusieurs générations de moines et de moniales.

Cette foi s’enracine dans la parole de Jésus : « Tout est possible à Dieu »

 

 

 

Homélies pour la même solennité, les années précédentes :

 

1999 --- français

2000 --- français

2001 --- français / italiano

2002 --- français

2003 --- français

2004 --- français / italiano

2006 --- français

2007 --- français

2010 --- français

2011 --- français

2012 --- français

 

 

 

www.scourmont.be