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octobre 2013 – Dédicace de l’Église de Scourmont
1 Rois 8, 22...30; Heb.
12, 18...24 ; Jean 10, 22-30
H O M É L I E
Chers Frères,
L’histoire
de nos vocations est propre à chacun de nous et bien différente dans chaque
cas. Cependant je ne crois pas que pour
aucun d’entre nous ici présents, elle ait été le fruit d’une intervention
extérieure et bruyante du ciel. Sans
doute, nous pouvons nous appliquer ce que l’auteur de l’Épître aux Hébreux
écrit à ses lecteurs : « Frères, quand vous êtes venus vers Dieu, il
n’y avait rien de matériel comme au Sinaï, pas de feu qui brûle, pas
d’obscurité, de ténèbres, d’ouragan, pas de son de trompettes... ». Cependant, à nous s’applique aussi la suite
du texte : « Vous êtes venus vers Dieu... vous êtes venus vers Jésus,
le médiateur d’une alliance nouvelle... »
Oui,
nous sommes tous ici ensemble, formant l’Église de Scourmont, parce que Dieu
nous a appelés chacun de nous par notre nom, venant de divers horizons, avec
toutes nos différences, pour être le lieu visible de sa présence en « ce
monde ». Non seulement de sa
présence dans le monde en général, mais dans ce monde bien concret du Hainaut,
dans ce petit coin de la Belgique, et en ce moment précis de l’histoire.
Comment
devons-nous vivre cette mission ? -- Cherchons notre modèle en Jésus de
Nazareth, en relisant attentivement le récit d’Évangile que nous venons
d’entendre.
Jésus
est dans le Temple de Jérusalem, au moment où l’on célébrait l’anniversaire de
la dédicace du Temple, tout comme nous célébrons aujourd’hui la dédicace de
notre église. C’était l’hiver – tout comme, de nos jours, la saison que connaissent
l’Église et nos communautés monastiques (au moins en Occident), c’est un peu
l’hiver, même si le Pape François a apporté avec lui un souffle de printemps. Jésus ne cherche pas un feu extérieur près
duquel se blottir ; il se réchauffe à partir de sa propre chaleur
intérieure, en marchant vigoureusement de long en large dans le Temple. Sa singularité attire, et on se groupe autour
de lui. On lui demande une parole : Dis-nous clairement qui tu es. Si tu es le Messie, dis-le clairement. Jésus n’a rien à leur dire en paroles. Tout ce qu’il a à leur dire il l’a déjà dit
par ses actions et sa vie.
Tout
cela est rempli de leçons pour nous. Et
l’une de ces leçons est que nous devons refuser de céder aux demandes de
justifier l’Église, de nous justifier nous-mêmes, de justifier notre style de
vie et même de l’annoncer. Nous n’avons
pas à annoncer l’Église ; nous n’avons pas à annoncer la vie
monastique ou de faire de la publicité à son sujet. Nous avons tout simplement à annoncer le
Christ. Tout le reste n’est que
moyen au service de cette annonce. Et
nous avons à l’annoncer tout simplement par notre vie, par l’authenticité de ce
que nous vivons.
Jésus
termine sa réponse en disant : « ... personne ne peut rien arracher
de la main du Père. Le Père et moi, nous
sommes UN. » C’est pour cela que Jésus est capable d’être, comme le disait
la fin du texte de la Lettre aux Hébreux lu tout à l’heure, « le médiateur
d’une alliance nouvelle ». Il est
médiateur par son sang répandu pour nous ; et ce sang, « parle plus
fort que celui d’Abel ».
Nous
vivons dans un monde où, en diverses parties du globe, beaucoup de sang est
répandu de nos jours, parfois même au nom de la religion. Et chaque fois qu’une personne humaine est
tuée par une autre, c’est Abel qui est de nouveau tué par Caïn, et le sang
d’Abel crie vengeance. Mais le sang du
Christ, dit la Lettre aux Hébreux, crie plus fort que le sang d’Abel, plus fort
que le cri de vengeance. Son langage est
celui de l’Unité.
Si
nous voulons être fidèles à Celui qui nous a réunis, soyons nous aussi, de
toutes les façons qu’il nous est possible de l’être, des médiateurs, des agents
d’unité, des bâtisseurs de ponts et de passerelles, par notre vie encore plus
que par nos paroles.
Armand VEILLEUX
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