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20 août 2013, Fête
de saint Bernard
Scourmont
H O M É L I E
Depuis déjà plus d’un siècle, nous
célébrons saint Bernard comme Docteur de l’Église. Cependant, si Bernard est important pour
nous, moines et moniales, c’est avant tout en tant que moine et abbé. Ce que nous attendons de lui n’est pas la
réponse d’un grand maître à nos problèmes, mais plutôt les questions et les
défis posés par un grand maître spirituel, qui était avant tout moine,
et qui l’est demeuré à travers toutes les vicissitudes de sa vie.
Il a été
un homme de son temps. David Knowles l’a
décrit comme « un de cette petite classe de grands hommes dont les talents
et les dons ont trouvé un contexte tout à fait adapté ». Durant près de quarante ans il a fait de son
abbaye de Clairvaux le centre spirituel de l’Europe. L’Ordre cistercien, tout comme la
spiritualité de l’Europe occidentale ont été marqués par son influence d’une
façon comparable à celle d’Augustin d’Hippone ou d’Anselme de Canterbury.
Il entra
en 1112 dans la communauté de Cîteaux, peu après la fondation de celle-ci. Cinq ans plus tard, à l’âge de 27 ans, il
était abbé fondateur de Clairvaux et resta à la tête de cette communauté jusqu’à
sa mort en 1153, à l’âge de 63 ans. Il
passa une grande partie de son temps en dehors de son monastère, pour s’occuper
des affaires de l’Église et de l’État, retournant à Clairvaux pour de brèves
périodes. Mais lorsqu’il y était, il
était totalement présent. Et lorsqu’il
était à l’extérieur, il demeurait moine à 100%, portant ses frères et ses amis
dans sa prière et son affection.
Bernard
était un homme unifié – caractéristique essentielle d’un vrai moine. Pour cette raison il pouvait orienter vers
une profonde unité tout ce qu’il touchait. Homme de Dieu, amoureux de Dieu, il ne séparait jamais son amour de Dieu
de l’affection des êtres humains avec qui il vivait ou qu’il rencontrait. C’est Dieu lui-même qui le renvoyait aux
hommes, et c’était l’expérience de sa
propre humanité et sa compassion pour les hommes qui stimulait sa prière comme
son service. Il n’y avait en lui aucune
fausse dichotomie entre l’amour de Dieu et celui des autres.
Il n’y
avait même pas chez lui cette autre dichotomie – si fréquente -- entre action
et contemplation. Pour Bernard, comme
pour tous les grands mystiques, la priorité était certainement donnée à la
« prière contemplative ». Mais
une fois que cette priorité était solidement établie, Il n’y avait plus aucune
quantité ou aucune intensité de service des frères qui puisse mettre en péril
cette relation à Dieu. Bien sûr, Bernard
gémit parfois… peut-être plutôt d’une façon rhétorique, au sujet de toute cette
activité. Cependant, sa capacité de
maintenir une prière contemplative au sein d’une activité au rythme débordant
était évidente.
Si Bernard
a fait de Clairvaux le centre de toute l’Église et de toute la Société, c’est
qu’il était conscient du fait que Clairvaux n’était qu’une petite partie d’un
tout beaucoup plus large. Il était
préoccupé de tout l’Ordre cistercien, de tout l’Ordre monastique et de toute
l’Église. Et cette relation donna à
Clairvaux même une vie extraordinaire. Bernard était également préoccupé de la Société civile. Le même amour qu’il avait mis au centre de sa
propre vie, il était convaincu que tout être humain devait le vivre
également : personnes mariées aussi bien que moines et évêques, rois aussi
bien que mendiants.
L’une des
paroles bien connues que l’on attribue à Bernard est qu’il se demandait chaque
jour : « Bernard, pourquoi es-tu venu ici ? ». Pour nous également, moines d’aujourd’hui et
de cette abbaye, la question fondamentale demeure toujours la même : « Pourquoi
sommes-nous venus au
monastère ? – Pourquoi y sommes-nous restés ? ». Peut-être pourrions-nous porter cette
question dans nos cœurs tout au long de cette journée
Armand Veilleux
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