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19 mars 2013
– Fête de saint Joseph
2Sam 7,
4...16; Rom. 4, 13...22; Mat 1, 16-24
Homélie pour la Fête de saint
Joseph
L’Évangile
que nous venons de lire se termine par les mots : « Lorsque Joseph
se réveilla, il fit ce que l’Ange du Seigneur lui avait prescrit. » Joseph n’est pas un homme de parole, il est
un homme d’action. Les Évangiles ne
rapportent de lui aucune parole, mais ils parlent de son activité.
Les
destinées de Marie et de Joseph dans l’économie de l’Incarnation du Verbe sont
étroitement liées. Tous les deux manifestent une très grande humilité, mais de
façon différente. Le récit de
l’annonciation de Marie se termine par le mot « Fiat » -- « qu’il
me soit fait selon ta Parole ». Mais le récit de l’annonciation de Joseph se termine simplement par
« il fit ». Cette annonciation lui avait révélé qu’il devait
prendre chez lui son épouse, Marie. C’est ce qu’il fit. On le
retrouvera aux côtés de Marie au moment de la naissance de Jésus, de la venue
au Temple au huitième jour, de la montée au Temple douze ans plus tard. Marie dira alors à Jésus : « Pourquoi
nous as-tu fait cela ? Ton père et
moi t’avons cherché durant trois jours... » Et puis ce seront
plusieurs années sur lesquelles nous ne savons rien sauf que Jésus
« leur » était soumis – à Marie et à Joseph. Jusqu’à ce que Jésus
commence sa vie publique et qu’on le reconnaisse comme « le fils du charpentier ».
Joseph
était donc non seulement un homme d’action, mais un homme de métier. Il apparaît surtout, pour utiliser une
expression contemporaine, comme le gestionnaire de la famille qu’il constitue
avec Marie et Jésus. Lorsque Jésus dira
« Mon père travaille sans cesse et je fais de même », nous comprenons
spontanément qu’il parlait de son Père céleste ; mais peut-être parlait-il en même temps aussi
de Joseph. Sa solennité, que nous
célébrons aujourd’hui, est donc pour nous une occasion de méditer encore une
fois sur la dignité du travail humain, de toute forme de travail.
Dieu a
voulu associer sa créature humaine à sa création. Dieu fait croître les arbres, mais il ne
construit pas lui-même les maisons. Il
fait couler dans les fleuves une eau porteuse d’une énorme énergie ; mais
il laisse l’homme construire les aqueducs et élever des barrages pour
domestiquer cette énergie. Il fait
germer le blé et le maïs, mais il ne cuit pas lui-même le pain. Il fait croître la vigne, mais il ne fait pas
le vin qui réjouit le coeur de l’homme et sert à l’Eucharistie. Il a fait des humains des être sociaux, mais
il les laisse gérer leurs sociétés.
Toute
activité humaine, qu’elle soit manuelle ou intellectuelle, ou une activité de
gestion de l’ensemble de la réalité humaine est une participation à l’activité
créatrice de Dieu. Nous savons cependant
que le pouvoir que Dieu a donné à l’homme sur la nature, l’homme peut s’en
servir pour la bien gérer ou peut s’en servir pour la
détruire en en abusant. C’est là que la
grande humilité de Joseph est un appel à un constant discernement de toute
notre action sur la nature.
Au
cours des siècles, beaucoup de fondateurs et de fondatrices d’instituts
religieux ou de services de la Société et de l’Église, se sont confiés dans la
prière à saint Joseph pour la solution de leurs problèmes matériels et ont en
général été largement exaucés. Au moment
où une crise économique presque sans précédent est en train d’affecter des
millions et même quelques milliards de personnes sur la planète, pourquoi ne
pas prier Joseph d’obtenir pour tous les dirigeants la grâce des lumières
nécessaires pour rétablir une gestion de la grande famille humaine qui soit
plus respectueuse à la fois des personnes – surtout des plus fragiles – et de
la planète elle-même.
Armand VEILLEUX
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