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3 juin 2012 – Solennité de la Trinité "B"
Dt 4, 32...40; Rm 8, 14-17; Mt 28, 16-20
Homélie
L’Évangile
de Matthieu ne raconte aucune des apparitions de Jésus après sa résurrection
sinon deux. La première est celle aux femmes qui sont venues au tombeau le
matin de Pâques et auxquelles il dit : « allez annoncer à mes frères
qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront ».
Et la deuxième apparition est celle aux « onze disciples » dont nous
venons de lire le récit et au cours de laquelle il les envoie faire des
disciples de toutes les nations, les baptisant « au nom du Père et du Fils
e du Saint Esprit ».
Une
chose surprenante dans ce récit c’est que Jésus affirme d’abord son autorité
absolue. « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre »,
dit-il. Il voudrait sans doute mieux traduire l’expression grecque « pasa exousia »
par « toute autorité » plutôt que par « tout
pouvoir » ; mais c’est encore là une simple nuance, bien qu’elle soit
d’importance. En réalité, tout au long de sa vie, Jésus a refusé le pouvoir
chaque fois qu’on le lui a offert. Ce n’est que maintenant, lorsqu’il est entré
avec son humanité dans le sein du Père, qu’il affirme cette autorité ou ce
pouvoir absolu.
Il
y a dans l’Évangile de Jean un texte où Jésus, encore de son vivant, parle de
ce pouvoir, et qui peut nous aider à en comprendre le sens. C’est au début de la grande prière à son
Père, à la fin de la dernière Cène, au chapitre 17 de l’Évangile de Jean. « Père – dit-il – l’heure est venue,
glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie et que, selon le pouvoir sur toute chair que tu lui as
donné, il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés ». Le pouvoir que Jésus réclame, n’est pas le
pouvoir de dominer sur qui que ce soit, mais simplement le pouvoir de donner la
vie – le pouvoir d’engendrer la vie, la vie éternelle. « Or, la vie
éternelle – dit encore Jésus, dans sa prière à son Père – c’est qu’ils te
connaissent, toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus
Christ. » Et, plus loin, à la fin de cette belle et longue prière de Jésus
à son Père, il dit encore : « Je leur ai fait connaître ton nom… afin
que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux ».
Nous
avons déjà dans cette prière de Jésus la révélation du Père, du Fils et de
l’amour – ou l’Esprit -- qui les unit.
Nous avons aussi la révélation que nous sommes appelés à entrer dans ce même
foyer d’amour.
Revenons
maintenant au texte de Matthieu. En
disant aux Onze de faire des disciples de toutes les nations, il ajoute :
« en les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ».
Ici aussi, la traduction nous induit facilement en erreur, comme si le sens
était que lorsqu’ils baptiseront, les disciples le feront, agissant au nom du
Père, du Fils et de l’Esprit. En
réalité, pour bien saisir tout le sens de la phrase de Jésus, il faudrait traduire
littéralement : « en les plongeant – c’est le sens du mot baptiser –
dans le Père, le Fils et l’Esprit Saint ».
Jésus
parle ensuite des « commandements qu’il a donnés à ses disciples »,
et qui sont essentiellement les commandements de l’amour de Dieu et du
prochain. Remarquons que Jésus ne demande pas à ses disciples d’enseigner ces
commandements à ceux qu’ils ont faits disciples, mais de leur apprendre à les
garder. C’est très différent. Ces commandements sont inscrit par Dieu lui-même dans le cœur de toute personne.
Les
théologiens et les « auteurs spirituels » ont écrit beaucoup de
choses, parfois fort compliquées sur la Trinité. Finalement toute cette littérature ne dit
rien de plus que cet enseignement très simple de Jésus : Dieu est son
Père. Lui et son Père sont Un, puisqu’ils sont unis par le même amour. Et, ce
qui est encore plus merveilleux pour nous, c’est que nous sommes tous appelés,
chacun de nous, à pénétrer au cœur de ce même foyer d’amour.
Armand VEILLEUX
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