17 avril 2012 – Mardi de la 2ème semaine de Pâques « B »

Conférence régionale CNE à Orval

Ac 4, 32-37;  Jn 3, 7-15

 

H O M É L I E

 

Depuis hier nous lisons à l’Évangile le récit de la rencontre de Jésus avec Nicodème, dont nous entendrons la suite au cours des prochains jours. C’est dire l’importance de ce récit en ce temps pascal. 

 

Lorsque Jésus commença son ministère, beaucoup crurent en lui à cause des miracles qu’il réalisait. Quelques-uns eurent en lui une foi profonde et sans hésitation.  D’autres refusèrent  violemment de croire.  Mais pour la grande majorité de ses auditeurs, ce fut un type de foi ambigüe : un mélange de religiosité naturelle et d’attrait pour le miraculeux – une foi pas trop engagée.

 

Nicodème fut l’un de ces croyants ambigus.  J’aime beaucoup ce Nicodème ; il est tellement l’un d’entre nous.  Il croit, mais il n’a pas le courage d’accepter totalement  les conséquences de sa foi.  Il connait les Écritures, puisqu’il est un docteur en Israël.  Il peut donc voir que Dieu est avec Jésus, mais il ne va pas jusqu’à reconnaître Dieu en Jésus.  Il vient à Jésus dans le but d’apprendre, mais il vient de nuit.  En réalité il restera toujours fidèle, mais toujours ambigu dans sa foi.  Il sera au Calvaire, au moment de l’ensevelissement de Jésus, mais pas trop proche.

 

Et ce qui est merveilleux c’est  que Jésus l’accepte comme il est et le prend au sérieux.  Il l’interpelle et l’oblige à choisir entre la lumière et l’obscurité.  N’est-ce pas ce qu’il fait avec nous lorsque nous venons à lui avec nos propres zones obscures ?

 

Le récit des Actes des Apôtres, que nous avons comme première lecture tout au long de cette semaine nous montre ce petit groupe d’Apôtres et de Disciples de Jésus, qui, lorsqu’ils furent remplis de l’Esprit Saint qui leur fut communiqué par Jésus après sa Résurrection, passèrent subitement d’une foi qui était tout aussi ambigüe que celle de Nicodème à une foi courageuse et totale.  Dans la lecture d’aujourd’hui nous les voyons mettre tout en commun avec un certain enthousiasme. La suite du récit nous montrera que ce ne fut pas toujours aussi facile et aussi absolu.

 

Peu de temps avant la mort de Jésus, alors que celui-ci avait déjà annoncé sa passion, les Apôtres discutaient encore entre eux pour savoir lequel aurait la première place dans son royaume, lequel serait premier ministre, ministre des finances, ministre de ceci ou de cela (abbé, prieur, cellérier...).  Ils étaient  encore tout centrés sur leurs désirs individuels.  Ils étaient un groupe d’individus qui suivaient Jésus avec une foi réelle, mais une foi encore ambigüe.  Ils voulaient se donner à Jésus, mais ne pas se perdre.  Ils recherchaient des honneurs et des intérêts personnels.  Maintenant, transformés par l’Esprit, ils sont devenus une véritable communauté, une véritable Église.  Ils n’ont pas peur de tout donner, de tout risquer pour le nom de Jésus. Après avoir été mis en prison pour avoir prêché le nom de Jésus, ils se remettront à le prêcher dès qu’ils seront mystérieusement délivrés de la prison durant la nuit.

 

En ce temps pascal, où nous avons renouvelé l’expression de notre foi au Christ, par le renouvellement de nos engagements baptismaux, demandons à Jésus de nous combler nous aussi de son Esprit, de faire de chacune de nos communautés des lieux où, selon les mots de saint Paul repris par Benoît dans sa Règle, chacun recherche non ce qui lui est favorable et agréable, mais le bien des autres et de tous. Pour cela demandons pour chacun de nous et pour tous les membres de nos communautés une foi en Jésus qui soit pure et sans partage.

 

Armand Veilleux

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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