26 janvier 2012 – Fête des Fondateurs de Cîteaux

Si 44, 1.10-15; Heb 11, 1-2. 8-13a; Marc 10, 24b-30

 

 

Homélie

 

          Le texte du Livre de Ben Sirac le Sage, que nous avons entendu comme première lecture de cette célébration eucharistique nous invitait à faire mémoire de ces personnages glorieux que sont nos ancêtres. Robert, Albéric, Étienne et leurs compagnons, qui furent les fondateurs de Cîteaux, sont nos ancêtres dans la vie monastique.  C’est à travers eux qu’a été transmise aux générations suivantes et qu’est parvenue jusqu’à nous la vision particulière de la vie monastique qui a trouvé son expression dans le Cîteaux primitif.

 

          Au cours des dernières années, et tout particulièrement lors du dernier Chapitre Général, notre Ordre s’est interrogé sur la question de la formation ou de la transmission des valeurs monastiques. La transmission des valeurs est une exigence importante à laquelle est confrontée de nos jours toute la société et non seulement nos communauté monastiques.

 

          On attribue généralement l’expansion rapide et assez phénoménale de Cîteaux durant les premières décennies de son existence au charisme de saint Bernard et au grand nombre de vocations. Il y a évidemment beaucoup de vrai dans cette affirmation ;  mais on peut aussi considérer que la réussite de toutes les premières fondations de Cîteaux et celle de Clairvaux en particulier, est un tribut à la qualité de formation que toutes ces jeunes recrues ont reçue à Cîteaux, lorsqu’ils y sont entrés. Le jeune chevalier Bernard, inquiet et un peu fantasque, ne serait jamais devenu saint Bernard s’il n’avait eu de tels maîtres.

 

          Lorsque Bernard et ses jeunes compagnons sont entrés à Cîteaux, ils n’ont certainement pas trouvé un programme de formation bien structuré avec une série de cours et une liste de professeurs.  On ne leur a pas donné une liste de livres à lire et des examens à préparer ou des mémoires à rédiger.  Ils ont trouvé une communauté.  Cette communauté était petite, même très petite selon les standards de l’époque.  La plupart des moines étaient âgés ; Robert avait plus de 70 ans ; Étienne et Albéric pas beaucoup moins. Ils n’ont pas trouvé un programme de formation, mais quelques moines formés par la Parole de Dieu et une longue expérience de la vie monastique, et capable de transmettre les valeurs qui les faisaient vivre.

 

          Après des siècles de développement numérique de la vie monastique – un développement numérique qui ne fut d’ailleurs pas sans problème – nous avons à nous habituer de nos jours à une réalité plus proche de celle des débuts de la tradition cistercienne.  Lorsque de nos jours -- au Chapitre Général, dans les conférences régionales, les Visites régulières et ailleurs – on se demande si une communauté a de l’avenir ou si elle peut encore recevoir et former des novices, la question essentielle n’est pas de savoir quel programme de formation est utilisé et le nombre de personnes qualifiées du titre de « formateurs » ou « formatrices ».  La seule question est de savoir : y a-t-il sur place une vraie communauté qui vit authentiquement sa vie monastique, peu importe qu’elle se compose de 5 de 15 ou de 50 moines ou moniales ? C’est tout d’abord et essentiellement en vivant la vie monastique au sein d’une communauté avec d’authentiques moines qu’on devient soi-même moine.  Tout le reste est le crémage sur le gâteau.

 

          La célébration de la mémoire de nos illustres fondateurs nous appelle chaque année à faire un sérieux examen de conscience personnel et communautaire.  Notre communauté est-elle une matrice capable d’engendrer à la vie de nouvelles générations ?  Tout dépend non pas de notre âge ou de notre nombre, mais de la qualité de notre vie.

 

Armand VEILLEUX

 

         

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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