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19 août 2012 – 20ème dimanche ordinaire "B"
Prov. 9, 1-6; Eph.
5, 15-20; Jean 6, 51-58
Monastère de Mokoto, Kivu, Rép. Dém. du Congo
Homélie
L'une des différences entre un
banquet et un repas ordinaire est qu'on est normalement invité à un
banquet. D'ordinaire, une personne ne se
présente pas à un banquet sans avoir reçu une invitation et elle répond à
l'invitation même si elle ne peut y aller. Dans les Évangiles des trois derniers dimanches, nous avons entendu Jésus
qui nous invitait à un banquet qu'il a préparé pour nous. Aujourd'hui, dans la première lecture, nous
entendons l'invitation de la Sagesse à venir à un banquet qu'elle a de même
préparé pour nous.
Tout cela nous rappelle une vérité
fondamentale, dont tous les grands prophètes et les grands mystiques étaient
bien conscients : à savoir que dans la vie spirituelle, dans notre vie
chrétienne, tout commence par une invitation, un appel, une vocation.
La vie de prière et l'expérience
mystique ne sont pas quelque chose à laquelle nous puissions arriver de par nos
efforts personnels. C'est un appel qui
vient d'au-delà de nous. Cet appel peut
avoir pris une forme dramatique, comme dans le cas de certains des grands prophètes,
comme Isaïe et Jérémie, ou dans le cas de Paul aveuglé par un rayon de lumière
sur le chemin de Damas. Dans d'autres
cas ce n'est que la voix d'une brise légère, comme celle dans laquelle Dieu se
manifesta à Élie.
L'expérience spirituelle chrétienne
commence et finit avec l'expérience d'être aimé et l'invitation à aimer en
retour. "Aimons – dit saint Jean –
puisqu'Il (Dieu) nous a aimés le premier." Le secret de l'énergie phénoménale d'un saint Paul, d'un saint Bernard
ou d'une sainte Thérèse d'Avila résidait dans leur conviction d'être
aimés. La première chose dans la vie
d'un chrétien n'est pas d'aimer, mais plutôt de recevoir l'amour. Notre amour – que ce soit l'amour de Dieu ou
des autres – ne peut être qu'une réponse à l'amour que Dieu a pour nous. La condition est d'avoir confiance, d'avoir
foi en la personne qui nous aime.
Il est aussi important de considérer
le contexte dans lequel sont situés ces discours de Jésus dans l'Évangile de
Jean. Nous savons comment est construit
cet Évangile : une série de signes, chacun suivi d'un discours. Dans le chapitre 6, nous avons le signe de la
multiplication des pains, après laquelle la foule veut couronner Jésus comme
roi; puis Jésus marche sur le lac. Viennent alors les deux discours sur le pain de vie dont nous en avons
entendu un la semaine dernière et l'autre aujourd'hui.
À la foule, qui ne comprend pas ce
qu'il lui dit, Jésus déclare finalement de façon très claire: "Je suis le pain de la vie... La volonté de mon Père est que quiconque voit
le Fils et croit en lui aie la vie éternelle..." Les gens murmurent... Jésus dit de
nouveau: "Je suis le pain descendu
du ciel. Celui qui mange de ce pain
vivra éternellement et le pain que je donnerai c'est ma chair, pour la vie du
monde"... Le mot "chair",
plus fort que "corps", met tout cet enseignement dans le contexte de
l'Incarnation. Le Fils de Dieu est
devenu le Fils de l'Homme.
En réalité, tout le contexte est
celui de la foi. La signification
originelle de ce récit concernait la nécessité de recevoir avec foi le message
de Jésus. Puis dans la première transmission
de l'Évangile, le récit fut lié à la réception de la nourriture
eucharistique. Ce lien entre les deux
éléments nous invite à réexaminer notre façon de concevoir la célébration
eucharistique.
Si nous venons à l'Eucharistie
quotidienne un peu comme on va à la pompe à essence pour faire le plein de sa
voiture, l'Eucharistie devient un simple rite dans lequel nous pensons refaire
le plein de nos forces et de nos énergies spirituelles. Si c'est là notre attitude, nous ne devons
pas nous surprendre si, après de nombreuses années de cette pratique, nous nous
retrouvons au même point dans notre cheminement spirituel.
Si, au contraire, nous rencontrons
le Christ chaque jour dans une relation de foi, de prière contemplative et de
charité active à l'égard de nos frères et de nos sœurs, alors, oui,
l'Eucharistie sera une expression sacramentelle de cette foi et de cet amour,
et les nourrira.
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