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25 novembre 2012 – Fête du Christ, Roi de l'Univers, année "B"
Dn 7, 13-14; Ap 1, 5-8; Jn 18, 33-37
Homélie
En 1925,
encore au début de son pontificat, Pie XI instituait la fête du Christ, Roi de
l’Univers, dans un effort pour lutter contre les forces de destruction à l’œuvre
dans le monde, qu’il identifiait avec la montée de l’athéisme et la
sécularisation. Depuis lors les Chrétiens célèbrent chaque année le Christ sous
ce titre ; mais cela n’a pas empêché de grandes nations d’Europe qui se
considéraient chrétiennes de se faire une guerre meurtrière quelques années
plus tard. Cette fête, que nous célébrons à notre tour, doit être pour nous l’occasion
de nous attacher au message que nous a laissé Jésus encore plus qu’aux titres
et concepts toujours inadéquats que les hommes lui ont attribués à travers les
âges.
Vers la
fin de la vie de Jésus, alors qu’il montait vers Jérusalem où il serait mis à
mort et alors même qu’il avait déjà annoncé sa mort par trois fois, la mère des
fils de Zébédée, Jacques et Jean, était intervenue
auprès de lui pour demander que ses fils aient des places de choix dans son
cabinet quand il serait devenu roi. Ce fut pour Jésus l’occasion de leur faire
cette recommandation : « Les chefs des nations les tiennent sous leur
pouvoir et les grands sous leur domination. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous. Au contraire si quelqu’un veut
être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur. » (Mt 20, 25-26).
Si on
voulait dégager la fête d’aujourd’hui du contexte historique – plutôt défensif
et polémique – dans lequel elle fut instituée et lui donner un titre plus
proche de l’esprit du Nouveau Testament, on pourrait l’appeler la « Fête
du Christ, Serviteur Universel ».
Dans son
dialogue avec Pilate, que nous raconte le passage de l’Évangile de Jean que
nous venons de lire, Jésus se trouve dans une situation qui serait comique si
elle n’était si tragique. D’une part il se trouve devant un roi paranoïaque qui
se demande s’il n’a pas devant lui un opposant qui risque de le détrôner, et il
se trouve aussi devant les autorités religieuses de son peuple qui ne lui
reconnaissent aucune autorité mais qui, pour le faire mettre à mort, prétendent
qu’il a voulu se proclamer roi.
Jésus se
situe admirablement au-dessus de tous ces calculs politiques, même s’il sait
bien que ce sont ces calculs politiques qui le feront mettre à mort, et il
redonne la même leçon qu’il avait donnée aux fils de Zébédée,
à leur mère, et à tous les disciples : son autorité est d’un ordre tout
différent.
« Je
suis né et je suis venu dans le monde », dit-il. Jésus ne se situe pas
comme une autorité au-dessus du monde. Il se situe « dans le monde ».
Son Père a tant aimé le monde qu’il lui a envoyé son Fils. Et le Fils a tant
aimé le monde qu’il s’y est incarné et qu’il s’est fait le serviteur de tous.
De même il a envoyé ses disciples dans le monde pour y être comme le levain
dans la pâte ou le sel de la terre. Détester le monde, le mépriser ou le
condamner n’est pas chrétien. La seule attitude chrétienne est celle du
service, qui, en certains cas, peut impliquer un service jusqu’à la mort.
Jésus est
venu, dit-il « pour rendre témoignage à la vérité ». Il ne dit pas qu’il
est venu enseigner la vérité, encore moins l’imposer. Il est venu simplement pour lui rendre
témoignage. Et quelle attitude à l’égard
de la vérité attend-il de ses disciples : « Tout homme qui appartient à la vérité entend ma voix ».
Nous ne
possédons pas la vérité et ne pouvons pas la posséder. C’est elle qui nous
possède et tout ce que nous devons faire est d’accepter de lui appartenir. Il
est toujours dangereux et souvent catastrophique de penser la posséder. L’histoire
nous montre abondamment que chaque fois que l’Église a voulu faire des
alliances avec les puissants de ce monde pour propager la vérité qu’elle
pensait « posséder » les résultats furent dramatiques. Les croisades
ne furent pas des aventures évangélisatrices. Ce ne sont pas non plus des cohortes de « nouveaux évangélisateurs »
partant en campagne à la conquête du monde qui réaliseront cette évangélisation
toujours nouvelle dont le monde d’aujourd’hui a besoin, comme celui de tous les
temps. Ce que recherche Jésus ce sont des personnes qui reconnaissent
humblement qu’ils appartiennent à la vérité et se laissent posséder par elle.
Ceux-là,
dit encore Jésus, entendent sa voix.
Écoutons,
frères et soeurs, la voix de celui qui nous appelle à nous faire humblement les
serviteurs les uns des autres et de tous nos frères et soeurs en humanité. C’est
à travers ce service que la foi se répandra comme un feu à travers le monde
dont nous faisons partie, le réchauffant et le purifiant.
Armand Veilleux
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Homélie pour la même solennité :
Année
A
2008– français
2011– français
2006
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2009– français
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2010
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