1 janvier 2012

Solennité de Marie, Mère de Dieu

Nb 6,22-27; Ga 4,4-7; Lc 2,16-21

H o m é l i e

 

          Au cours de l’année qui vient de se terminer, s’il y a un mot qui revenait sans cesse dans les conversations quotidiennes comme dans les analyses des spécialistes de toutes catégories, c’est le mot « crise ». On parle de crise économique, de crise politique, de crise de l’Église et du christianisme. Et il y en a bien d’autres : par exemple, la crise du monde arabe, mais aussi de la démocratie à l’occidentale, sans parler de la crise de l’euro et donc de l’Europe.

 

          Chacune de ces crises nous ramène à l’humilité.  Elle nous ramène aussi à un nouveau commencement, ou, pour le dire dans une formule populaire, à la case de départ.

 

          Depuis le temps de Paul VI, le 1er janvier est considéré comme « Journée Mondiale pour la Paix ».  C’est vraiment là un commencement, car dans la recherche d’une paix mondiale, nous sommes plus que jamais revenus tout simplement au point de départ. Tous les efforts des grandes puissances pour imposer un nouvel ordre mondial à travers la guerre se sont avéré des fiascos engendrant une misère inouïe. Ainsi en était-il au Moyen Orient sous la domination romaine au temps où naquit le Prince de la Paix.

 

          Le 1er janvier est une célébration de plusieurs « commencements ». C’est, bien sûr, dans notre façon actuelle de compter, le commencement de l’année civile.  Il ne faut pas sous-estimer cette célébration.  Le rythme de la nature est une donnée objective.  Notre petite planète terre, perdue dans l’immensité des systèmes solaires et des galaxies, avec des milliers, sinon des millions de planètes ayant chacune son propre rythme, tourne sur elle-même en 24 heures et autour du soleil sur une période d’un an.  Cette danse féérique de la nature sortie des mains du Créateur et son extraordinaire harmonie est ce que nous célébrons en ce premier jour de l’année.  Puissions-nous maintenir la même harmonie entre les personnes et les peuples !  C’est sur cette danse de la nature que se greffe le rythme de nos célébrations liturgiques qui nous font revivre chaque année le cycle des divers mystères du salut que sont les diverses étapes de la vie de Jésus.

 

          Il y a une semaine, nous célébrions précisément cet extraordinaire commencement que fut la naissance de Jésus, « lorsque les temps furent accomplis ».  Ce fut non seulement le commencement de la vie de Jésus, mais aussi le commencement d’une nouvelle étape de l’histoire de l’humanité.  Et aujourd’hui nous faisons la mémoire toute particulière ce celle qui permit ce commencement en acceptant l’entrée de Dieu dans sa propre histoire et en devenant la mère de Jésus.

 

          La piété populaire et les théologiens ont attribué à Marie, au cours des âges, de très nombreux titres -- avec une sagesse inégale, il faut le dire. Le titre liturgique de la célébration d’aujourd’hui est celui de « Solennité de Marie, mère de Dieu ». Ce titre de « Mère de Dieu » est très ancien.  Il est le fruit de la réflexion de l’Église au cours des premiers siècles, et il fut proclamé par le Concile d’Éphèse en 431. Il est toujours demeuré cher aux Chrétiens ;  mais il ne se trouve pas dans l’Écriture.  Pour le Nouveau Testament, Marie est tout simplement « Mère de Jésus ».  Saint Luc, qui est pourtant l’Évangéliste qui nous parle le plus de Marie dit simplement, dans le texte évangélique que nous venons de lire, que les bergers, venant à la crèche, trouvèrent Marie et Joseph avec le nouveau-né. Celui-ci n’est pas nommé car il ne recevra son nom que huit jours plus tard, au moment de sa circoncision.

 

          Avec une simplicité tout aussi admirable, saint Paul, pour désigner ce commencement absolu qu’est l’Incarnation du Fils de Dieu dit simplement qu’il est né d’une femme – comme tout être humain. C’est l’unique fois que Paul parle de la mère de Jésus, et il ne mentionne même pas son nom.  Et pourtant tout est dit. Dieu est né, dans le temps, d’une femme. Cette femme est donc Mère de Dieu.

 

          Elle-même vécut ce commencement radical pour elle, pour son fils et pour l’humanité dans une grande simplicité faite d’étonnement, d’admiration, de solitude et de silence, méditant toutes ces choses en son cœur, disant oui au mystère qu’elle ne connaîtra pleinement qu’au fur et à mesure qu’il se déroulera dans sa vie.

 

          Entrons dans la nouvelle année avec le désir d’une telle paix intérieure. Nous pourrons alors prier avec plus de vérité pour la paix dans le monde.

 

 

Armand VEILLEUX

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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