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1er novembre 2011 – Toussaint
Apo 7,2-4.9-14 ; 1 Jn 3,1-3 ; Mt 5,1-12a
Homélie
De
temps en temps l’État d’Israël reconnaît des justes parmi les Nations et
inscrit leurs noms au Mémorial de Yad Vashem à Jérusalem consacré aux victimes de la Shoah. Ainsi, par exemple, une religieuse belge a
été inscrite à cette liste tout récemment.
L’Église,
elle, proclame assez souvent certains de ses propres justes, en les béatifiant
ou en les canonisant. Ce sont des
personnes qu’elle offre au culte de ses membres et qu’elle donne ainsi aussi
comme modèles de sainteté. Parfois ils
sont très connus, comme le bienheureux Jean-Paul II, béatifié l’an
dernier. Assez souvent il s’agit d’un
obscur fondateur ou une obscure fondatrice d’un aussi obscur institut religieux
que les membres de cet institut ont finalement réussi, après beaucoup d’effort
à faire porter sur les autels.
Mais
une fois par année, à la Toussaint, l’Église ne proclame pas simplement un juste
ou quelques justes. Elle fait la mémoire
de tous les êtres humains qui sont entrés dans la joie de Dieu et qui s’y
trouvent pour l’éternité. Elle célèbre
tous ces humbles inconnus de l’histoire, depuis des millénaires avant le Christ
jusqu’à aujourd’hui. Les uns ont eu une
appartenance religieuse, d’autres pas. Les uns ont connu le Christ, les autres pas. Mais tous ont reconnu en leur coeur un souffle de vie qui venait d’au-delà d’eux-mêmes. Dans
ce souffle, ils se sont sentis aimés et ils ont aimé. Ils avaient des coeurs de pauvres. C’étaient des doux qui savaient pleurer
sur la misère humaine. Ils avaient des coeurs purs
qui leur rendaient possible de donner et de recevoir la miséricorde et le
pardon. Ils ont eu faim de justice, et ils ont travaillé à l’établir sur terre,
ce qui a souvent amené sur eux la persécution. Et pourtant cela n’a pas détruit
en eux un bonheur qui venait d’ailleurs.
Ce
sont eux qu’on célèbre aujourd’hui. Une
myriade de myriade de saints et de saintes, qu’on ne retrouvera jamais sur
aucune liste. Les uns ont payé de leur
vie leur foi en l’homme créé à l’image de Dieu, et qui était – souvent sans qu’ils
le sachent -- leur foi en Jésus de Nazareth, qui fut la réalisation plénière de
cette humanité telle que voulue par le créateur.
La
plupart ont tout simplement vécu honnêtement leur vie de tous les jours. Et
puis, à la fin, ils se sont entendu dire : J’ai eu faim et tu m’as donné à manger. Entre dans la joie de ton père. J’étais
en prison et tu m’as visité. Entre dans
la joie de ton père. Dans l’un ou l’autre
des miens, j’étais prisonnier des assuétudes, de mon incapacité de
pardonner. Tu m’as visité et tu m’as
redonné le goût de vivre. Entre dans la joie de ton père. Nous célébrons
tous ceux en qui, même à leur insu, mais à cause de leur vérité, l’image de
Dieu et le souffle de Dieu déposés en eux le jour de la création se sont
développés.
Quant
à nous, qui avons connu l’appel à l’espérance à travers le message du Christ,
et qui portons le nom de Chrétiens, célébrons cette foule immense d’inconnus pour
qui la personne de Jésus – sans même qu’ils le connaissent en beaucoup de cas –
a été la Voie, la Vérité et la Vie.
Cette
solennité est la célébration de la foi en l’homme, foi en l’humain, foi en
cette humanité créée à l’image de Dieu et pleinement assumée par Jésus de
Nazareth. Malgré toutes les haines et
les guerres qui déchirent le monde de nos jours, malgré toute l’attirance vers
le néant que porte chacun de nos coeurs, nous savons
que l’amour est plus fort que la mort. L’être humain a été fait pour aimer. Dieu
est amour ; Il est le Saint des Saints. L’être humain, dans la mesure où
il est vraiment humain, est saint.
En
célébrant tous ceux qui ont cru en Dieu en croyant en leur humanité reçue de
Dieu et l’ont vécue avec honnêteté et vérité, nous rendons grâce à Dieu pour
son plan d’amour sur nous et nous l’admirons dans ses propres oeuvres.
Armand
VEILLEUX
Abbaye
de Scourmont
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Homélie pour la même solennité :
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