11 juillet 2011 -- Solennité de saint Benoît
Prov. 2,1-9; Matt. 19, 27-29
Monastère de Kibungo, Rwanda 

 

H O M É L I E

 

          Jésus venait de faire la rencontre du jeune homme riche à qui il avait proposé un choix radical :  Va, vends tout ce que tu as et donnes-le aux pauvres, puis viens et suis-moi. Le jeune homme ne s'était pas senti capable de faire ce choix et était reparti tout triste.  Jésus avait alors expliqué à ses disciples combien il est difficile à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu; et les disciples en avaient été impressionnés au point de dire : "Qui donc peut être sauvé ?" et Jésus avait répondu qu'à Dieu "tout est possible". 

          C'est alors que Pierre posa sa question:  "Et bien ! nous, qui avons tout quitté, qu'en sera-t-il donc pour nous?"   La réponse de Jésus est double.  Il promet à ceux qui l'ont suivi qu'ils partageront son autorité lorsqu'il reviendra à la Parousie pour régner (ce qui est le sens large de "juger") sur l'ensemble du Peuple d'Israël.  Et puis, il élargit sa promesse à "quiconque aura quitté maisons, frères, etc. à cause de son nom", les assurant qu'ils recevront énormément plus et qu'ils auront en partage la vie éternelle. 

          Dans sa réponse à Pierre, Jésus renverse l'ordre des priorités.  Pierre disait : "nous avons tout quitté et nous t'avons suivi".  Jésus, dans sa réponse, reprend d'abord le deuxième aspect : "vous qui m'avez suivi";  puis il revient au premier : "quiconque aura laissé maisons, etc." Il en ressort que ce qui est premier dans notre vie comme dans celle des disciples et des apôtres, c'est de suivre le Christ.  Et c'est afin de le suivre que l'on a quitté tout le reste afin de ne rien préférer à l'amour du Christ.           

          Si l'on suit le Christ, c'est pour arriver avec Lui au but vers lequel il tend et où il veut bien nous conduire.  Ce but c'est son Père, que l'on peut rejoindre dans la connaissance contemplative.   

          Déjà quelques siècles avant le Christ, le Livre des Proverbes traçait les conditions à remplir pour arriver à cette connaissance.  Ces conditions sont énumérées dans la première lecture de la messe d'aujourd'hui sous forme conditionnelle: "Mon fils, si tu acceptes mes paroles, si mes préceptes sont pour toi un trésor...si tu soumets ton coeur à la raison, si su fais appel à l'intelligence, etc. alors tu comprendras... alors tu trouveras la connaissance de Dieu. 

          Tout en évitant de nous faire trop d'illusions sur le caractère absolu de notre propre renoncement, nous pouvons dire que nous tous ici présents qui avons choisi de vivre selon sa Règle de saint Benoît, nous avons renoncé à beaucoup de personnes et de choses.  Nous avons surtout renoncé à un bon nombre de rêves dont au moins certains auraient pu se réaliser.  Et déjà s'est réalisée la promesse de Jésus car nous avons reçu beaucoup plus, dans tous les domaines, que ce à quoi nous avons renoncé.  Mais là n'est pas l'essentiel.  L'essentiel c'est que -- non seulement nous aurons en partage -- mais déjà nous avons en partage la vie éternelle qui consiste à connaître Dieu. 

          Attachons-nous à pénétrer toujours plus profond dans cette connaissance de Dieu, qui est communion et amour;  car elle seule donne son sens à notre vie.

 

 

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