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15 mai 2011 - Quatrième dimanche de Pâques "A"
Actes 2,14...41; 1Pierre 2,20-25; Jean 10,1-10
H O M É L I E
Nous ne
sommes pas encore à la Pentecôte, mais la première lecture de la Messe
d’aujourd’hui, tirée du Livre des Actes des Apôtres, nous décrit ce qui se
passa le jour de la Pentecôte, tout de suite après la descente de l’Esprit
Saint sur les Apôtres. Pierre prit la
parole et s’adressa à la foule des Juifs présents, venant de la Judée et de la
Galilée mais aussi de tous les pays de la diaspora. Il fut si convainquant
qu’environ trois mille de ses auditeurs reçurent son message et furent baptisés
le jour-même.
Cela veut dire
que sa prédication contenait l’essentiel du message chrétien – tout ce qu’il
faut croire et qu’il suffit de croire pour être vraiment chrétien. C’est beaucoup et c’est peu. Son message se résume à ce noyau essentiel de
la foi chrétienne : « Un homme est apparu parmi nous, Jésus de
Nazareth ; Dieu a fait connaître sa mission par tous les prodiges qu’Il
lui a donné de réaliser ; ses contemporains l’ont mis à mort ; Dieu
l’a ressuscité. Il a été élevé dans la gloire et a reçu de son Père l’Esprit,
qu’il a répandu sur ses disciples comme il l’avait promis ».
C’est là
le noyau de la prédication chrétienne. Tout le reste n’est que son
explicitation. Les Apôtres et les premiers chrétiens élaborèrent par la suite
cet enseignement en se rappelant – et en nous rappelant par leurs écrits – tout
ce que Jésus avait fait et dit lorsqu’il était au milieu d’eux. Et, évidemment,
chacun d’eux nous a raconté ces paroles et ces événements tel qu’il les avait
vécus personnellement et selon l’effet qu’ils avaient eu sur lui.
Le récit
de l’Évangile que nous lisons aujourd’hui est un bel exemple de la
complémentarité entre les Évangélistes. Nous savons que l’Évangéliste Jean nous
apporte souvent sur les événements et les paroles de Jésus des lumières autres
que celles des autres Évangélistes. Matthieu et Luc racontent une parabole de
Jésus sur la brebis perdue, à la recherche de laquelle le pasteur s’en va, même
en laissant seules les quatre-vingt-dix-neuf autres brebis. Dans l’Évangile de Jean, cette parabole très
simple et très courte se transforme en une longue allégorie où Jésus se
présente comme le Bon Pasteur qui se préoccupe de son troupeau, contrairement
aux pasteurs à gage ou aux voleurs.
Il ne faut
pas lire cette parabole avec notre logique latine, car les images s`y
entrechoquent d’une façon déconcertante. Jésus se présente à la fois comme le pasteur des brebis et comme la
porte du bercail. Il ne faut pas non plus y chercher un enseignement moralisant
sur ce que doit faire la bonne brebis. C’est du pasteur et de son attitude que
nous parle Jésus.
Le bercail
dont il parle n’est pas un lieu séparé du reste du monde, où l’on se protège de
toutes les influences étrangères et dont on tient la porte bien fermée. Non, le bercail c’est l’assemblée de ceux qui
ont cru en Jésus. Quant Jésus, le
Pasteur vient, il ouvre la porte pour que les brebis sortent. Les fidèles de Jésus ne sont pas appelés à se
refermer sur eux-mêmes, à se sécuriser dans une chaude intimité. Ils sont appelés à suivre Jésus sur les
chemins du monde.
Le
pasteur, tel qu'il est décrit par Jésus, ne vient pas pour agir comme maître au
sein de la bergerie. Au contraire, il
ne semble même pas entrer dans la
bergerie. S'il se fait ouvrir la porte
par le portier (qui est sans doute le Père), c'est pour appeler les brebis à sortir. Le bercail dont parle Jésus, c'est le Peuple d'Israël, si porté tout au
long de l'Ancien Testament, à se replier sur lui-même. Jésus vient appeler ses brebis, chacune par
son nom, à quitter cet enfermement pour le suivre sur les routes de son
ministère. Il a d'autres brebis, qui ne
sont pas de ce bercail, c'est-à-dire qui proviennent des nations païennes. Elle aussi, il les appelle; et toutes
formeront un seul troupeau. Ce troupeau
n'est pas appelé à rentrer au bercail, mais à suivre Jésus dans sa mission
universelle, à travers le désert de l'humanité.
Il est
assez facile de comprendre comment Jésus est Pasteur. Comment est-il aussi la porte? Car Jésus dit bel et bien: "Je suis la
porte". Il est la porte, parce que,
dans le mur de la misère humaine, il a introduit des ouvertures. Il est venu chez les siens et les siens ne
l'ont pas reconnu; ils lui ont opposé un mur. Dans ce mur ses plaies ont ouvert des voies de passage. Lorsque Thomas a introduit sa main dans les
plaies des pieds et du côté de Jésus Ressuscité, il a reconnu la voix du Maître
et s'est écrié: "Mon Seigneur et mon Dieu". Comme dit Pierre, dans la seconde
lecture. "Le Christ a souffert pour
vous... afin que vous suiviez ses traces... C'est par ses blessures que vous
avez été guéris. Vous étiez errants comme des brebis; mais à présent vous êtes
revenus vers le berger qui veille sur vous." C'est par les trous béants de ses plaies
qu'il est la Porte.
Le Christ souffre toujours, encore aujourd'hui, dans ses soeurs et ses frères. Pour le reconnaître, ces jours-ci, il faut introduire nos mains dans les plaies béantes de nos frères et soeurs qui sont les victimes de toutes les guerres fratricides. Reconnaissons le Christ souffrant dans toutes ces victimes de nos guerres et ouvrons bien grands nos cœurs et nos bras pour les accueillir.
Armand VEILLEUX
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en 1999 :
en 2008 : |
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