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24 juin 2011 –Solennité de
saint Jean-Baptiste
Is 49, 1-6 ; Actes 13,
22-26 ; Luc 1, 57---80
H O M É
L I E
Chacune
des trois lectures que nous venons d’entendre nous parle de vocation et chacune
de ces vocations est en vue d’une mission. Celle d’Isaïe dans la première
lecture ; celle de David dans la prédication de Paul à Antioche de Pisidie, rapportée dans la deuxième lecture et finalement
celle de Jean-Baptiste dans l’Évangile.
Lorsque nous parlons de vocation aujourd'hui, nous pensons facilement à une série de formes de vie entre lesquelles quelqu'un choisit au début de sa vie – vocation au mariage ou au célibat, à l'engagement laïc dans le monde ou à la vie religieuse, à la vie religieuse solitaire et contemplative ou à l'apostolat actif. Dans la Bible la vocation est toujours conçue comme un appel tout à fait personnel et individuel. La première lecture d'aujourd'hui nous fait voir la conviction profonde qu'avait le prophète Isaïe d'avoir été personnellement choisi et envoyé par Dieu: « J'étais dans le sein maternel quand le Seigneur m'a appelé ». Cette vocation est la source d'une relation personnelle privilégiée avec Dieu: "Oui, j'ai du prix aux yeux du Seigneur". Quant à Jean, personne d'autre, après la Vierge Marie n'aura autant de prix aux yeux du Seigneur. De lui Jésus dira: "Parmi les fils nés de la femme il n'en est pas de plus grand que Jean". La main du Seigneur était avec lui.
Un
autre thème important commun aux deux récits de la vocation d’Isaïe et celle de Jean, c’est le thème du
« nom ». Dans toute la Bible, le nom a une très grande
importance, et nous en avons ici de beaux exemples.
L’ange
avait dit à Zacharie : « Ta femme Élisabeth t’enfantera un fils et tu
lui donneras le nom de Jean ». Donc, après la naissance de Jean, au moment
de sa circoncision, le jour où l’on donnait à l’enfant son nom, aussi bien
Élisabeth que Zacharie, et malgré les objections de la parenté, disent
« son nom est Jean ». De même, dans la première lecture, nous avons
entendu Isaïe : « J’étais encore dans les entrailles de ma mère quand
il a prononcé mon nom. »
Les
livres bibliques essayent souvent de déterminer la signification étymologique
du nom de chacun des plus grands personnages du Peuple de Dieu. Mais ce n’est pas cette étymologie,
d’ailleurs souvent assez arbitraire et parfois un peu fantaisiste, qui est
importante. Ce qui est important est le
fait que nous avons chacun un nom, que nous ne sommes pas de simples numéros,
ni même de simples individus, mais bien des personnes,
toutes différentes les unes des autres.
Comme Isaïe, nous avons tous été façonnés par
la main de Dieu dès le sein maternel. De chacun de nous, comme de Jean, on
peut dire : « la main de Dieu est sur lui ». Chacun de nous peut dire aussi, comme Isaïe :
« J’ai du prix aux yeux du Seigneur ». .À chacun de nous Dieu
a donné un nom : c’est-à-dire qu’il nous a donné un être propre et
totalement distinct de tous les autres à réaliser. C’est là notre vocation. Celle-ci n’est pas inscrite quelque part dans
les cieux ; elle est inscrite dans toutes les fibres de notre être
corporel et spirituel. Elle n’est pas
quelque chose qu’il nous a fallu découvrir une fois pour toutes. Elle est à découvrir chaque jour de notre
vie.
Nous
sommes nés avec des caractéristiques propres – physiques, psychologiques,
affectives – et avec des limites qui nous sont aussi propres. C’est dans la mesure où nous devenons chaque
jour un peu plus « nous-mêmes », dans la mesure que nous assumons
notre identité personnelle qu’il nous est possible d’entrer en relation avec
les autres et avec Dieu. Si nous n’assumons pas vraiment et consciemment notre
identité, nous ne sommes que des robots. Nous pouvons être des robots agréables ou désagréables, nous pouvons être des robots qui pratiquent à
la perfection toutes les règles morales et religieuses. Mais nous ne sommes que des robots. D’où l’importance de nous tenir debout devant
Dieu et devant les hommes, humblement mais avec toute notre dignité d’enfants
de Dieu, engendrés à son image.
Dieu
étant la plénitude de l’être, comme nous l’enseigne nos Pères cisterciens, avec
leur anthropologie du 12ème siècle, , -- ou bien, pour le dire dans un langage
plus moderne, Dieu étant la plénitude du « moi » ou du
« je » -- c’est dans la mesure
où nous devenons nous-mêmes que nous grandissons dans notre participation à la
vie divine ; et c’est en progressant dans la connaissance de nous-mêmes
que nous progressons dans la connaissance de Dieu.
Demandons
pour chacun de nous la grâce d’entendre le « nom » que Dieu a
prononcé sur nous en nous appelant à la vie, et la grâce de savoir le réaliser.
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