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2 juin 2011 –
Solennité de l’Ascension
Ac 1, 1-11; Ep 1,
17-23 ; Mt 28, 16-20
H O M É L I E
Déjà au
matin du Troisième jour, le jour de la Résurrection, un ange, par
l’intermédiaire des femmes venues au sépulcre, renvoyait les disciples à leur
Galilée, c’est-à-dire, à leurs occupations habituelles. C’est là que Jésus les rencontrerait. Dans le récit de l’Ascension donné par Luc au
début des Actes des Apôtres, les anges qui apparaissent aux Apôtres leur
donnent le même message : « Galiléens, pourquoi, restez-vous à
regarder le ciel ? ». Ils sont de nouveau renvoyés à leur vie de tous
les jours.
La mort de Jésus avait été pour les
disciples et particulièrement pour les Apôtres une profonde tragédie.
Cette tragédie avait affecté non
seulement Jésus lui-même, mais les affectait profondément eux aussi. Il n’est pas facile de se rendre compte de ce
que cet échec – apparent – représentait pour eux. Ils avaient mis toute leur foi, tous leurs
espoirs en ce jeune prophète. Pour le
suivre ils avaient tout abandonné – non seulement les quelques possessions
matérielles qu’ils pouvaient avoir, mais leur famille, leur métier, et surtout
leurs autres rêves. Ils avaient tout
misé sur lui et voici que tout s’écroulait. Il me semble que la phrase qui nous transmet le mieux ce que pouvait
être leur attitude est celle des disciples d’Emmaüs : « Nous pensions
que c’était lui qui devait libérer Israël… et voilà que… ».
Les
nombreuses apparitions de Jésus durant les semaines qui suivirent sa mort et sa
Résurrection furent comme un temps de transition qui leur fut donné. Un temps pour faire le deuil de toutes leurs
attentes humaines. Jésus, en admirable
pédagogue, les habituait graduellement à son absence. Mais il devait y avoir
une dernière apparition. Le début des Actes des Apôtres montre bien que cette
dernière apparition de Jésus, fut la fin de cette période de deuil (non pas le
deuil du Christ mais le deuil de leurs attentes trop humaines) et le début
d’une période nouvelle. Le début de
l’Église.
Des quatre Évangélistes,
Luc est d’ailleurs le seul à mentionner une ascension,
c’est-à-dire, un mouvement physique par lequel le Christ est enlevé à la
présence et à la vue des Apôtres. Les autres Évangélistes mentionnent
simplement qu’il y eut, après la Résurrection, une apparition de Jésus à ses
disciples qui fut la dernière. (Le récit de l’Ascension en Marc est une
addition faite plus tard à son Évangile et empruntée à Luc).
Le texte de Matthieu que nous venons de lire nous rapporte les paroles de Jésus lors de sa dernière apparition : Il affirme d’abord à ses disciples que « tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre ». À première vue il est surprenant d’entendre Jésus parler ainsi de « pouvoir », alors que durant toute sa vie terrestre il a refusé le pouvoir et a surtout refusé de l’exercer. Mais le paradoxe évangélique est précisément que c’est celui qui s’abaisse qui est élevé. Comme le dira si bien le bel hymne christologique repris par saint Paul dans sa lettre aux Philippiens : « Il s’est anéanti, il s’est fait obéissant jusqu’à la mort… c’est pourquoi Dieu l’a exalté et lui a donné le nom de Kyrios, de Seigneur », le nom de Dieu. Il a donc pleine autorité sur ses disciples et il les envoie, tout comme le Père l’avait envoyé. « Allez donc ».
Leur
mission est « de faire des disciples de toutes les nations, les baptisant
et leur apprenant à garder tous les commandements qu’Il leur avait
donnés ». Comment feront-ils cela.
Essentiellement en étant ses témoins à travers leur vie. C’est ce que nous
avons entendu dans le texte des Actes : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la
Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre. »
Où
trouveront-ils la force de remplir cette mission ? Dans la simple promesse
que leur fait Jésus : « Je suis (non pas « je serai », mais
« je suis ») avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Cette
mission transmise aux disciples est aussi la nôtre. Quelle que soit notre vocation particulière
au sein de l’Église – que nous soyons personne mariée, moine, prêtre, etc. --
nous sommes tous appelés à être les témoins du Christ ressuscité à travers
notre vie chrétienne. Demandons donc au
Seigneur au cours de cette Eucharistie, d’être toujours fidèles à cette mission,
forts de la certitude qu’il est toujours avec nous – présent dans notre monde, dans notre Église et en chacun
de nos cœurs.
Armand VEILLEUX
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