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25 mars 2011 – Annonciation
du
Seigneur
Homélie Il y a dans chacune des trois lectures que nous venons d’entendre,
un
petit
mot
qui
exprime
bien
le
sens
profond
de
la
fête
d’aujourd’hui.
C’est
le
petit
mot
grec
idou, qu’on traduit en français par « voici »,
et
qui
correspond
encore
mieux
au
mot
italien
« ecco », spécialement dans l’expression
« eccomi »
--
me
voici,
je
suis
à
ta
disposition. Avant tout, c'est le "me voici" de Dieu qui, qui, dans son grand
amour,
décide
d'établir
une
relation
avec
sa
créature
(1ère
lecture). Puis, c'est le "me voici" du Fils,
(dont
parle
la
Lettre
aux
Hébreux)
qui
nous
est
envoyé
par
le
Père
et
qui
dit
à
celui-ci:
"me
voici,
je
viens,
pour
faire
Ta
volonté". Et, finalement, c'est le "me voici"
de
Marie,
qui
dit
au
nom
de
toute
l'humanité:
"me
voici,
je
suis
la
servante
du
Seigneur,
qu'il
me
soit
fait
comme
tu
l'as
dit." Dans cette longue histoire, qui est aussi la nôtre, tout
commence
donc
par
un
geste
de
Dieu
qui
se
propose,
qui
demande
d’établir
une
relation,
et
qui
le
fait
d'une
manière
très
délicate. Comme dans les propositions de mariage dans
les
cultures
anciennes,
il
utilise
un
messager,
pour
laisser
à
la
créature
toute
sa
liberté
de
répondre
comme
elle
veut.
Le
messager
salue
Marie:
"Je
te
salue...
tu
es
pleine
de
grâce...
Le
Seigneur
est
avec
toi...
Ne
crains
pas..."
Le
messager
de
la
proposition
d'amour
laisse
un
espace
pour
la
question
et
y
répond...
Il
parle
des
manifestations
d'amour
adressées
à
d'autres: "vois, ta parente, Élizabeth, elle aussi..."
Et
quand
Marie
exprime
son
acceptation,
l'ange
s'en
va...
Sa
mission
est
terminée. La proposition a été acceptée; les amants peuvent
se
rencontrer.
L'union
entre
Dieu
et
l'humanité
peut
avoir
lieu.
De
cette
union
naîtra
l'homme-Dieu. Avant cette union et avant cette naissance, les humains
avaient
compris
leur
relation
à
Dieu
et
à
la
nature
en
termes
de
domination. Ils percevaient Dieu comme un maître puissant
et
dangereux,
qu'il
fallait
apaiser
avec
des
sacrifices
d'objets,
d'animaux
et
même
de
personnes
humaines,
sur
qui
l'homme
exerçait
son
domaine. Avec l'Incarnation, le fils de Dieu a mis fin
à
cette
économie
des
sacrifices
qui
était
toujours
un
exercice
de
puissance
–
offrir
un
sacrifice,
c’est
reconnaître
la
puissance
de
Dieu,
mais
c’est
aussi
un
acte
de
puissance
de
la
part
de
celui
qui
l’offre !.
"Tu
n'as
pas
voulu
ni
sacrifice,
ni
offrande...
Me
voici,
je
viens
pour
faire ta volonté." (Notons le mot « faire ». L’Écriture parle rarement de bonnes intentions.
Il
s’agit
toujours
de
« faire » :
faire
la
vérité,
faire
la
volonté
de
Dieu.) Et le Fils, au moment suprême de son obéissance, nous a
dit:
"Faites
ceci
vous
aussi
en
mémoire
de
moi".
Il
nous
a
invités
à
nous
donner,
comme
Lui
s'est
donné. Dans notre vie, nous avons nous aussi nos annonciations.
Un
jour
nous
avons
entendu
Dieu
qui
nous
invitait
à
l'aimer
et
à
le
servir
dans
la
vie
monastique.
Et
puis,
nous
avons
nos
innombrables
annonciations
quotidiennes.
Demandons
la
grâce
de
savoir
toujours
dire,
comme
le
Fils
bien-aimé
et
sa
Mère:
«
Me
voici,
pour
faire
ta
volonté
». Il y a aussi les « annonciations » faites à nos
communautés.
Au
cours
des
derniers
jours,
nous
avons
jeté
ensemble
un
regard
sur
la
vie
de
chacune
de
nos
communautés.
Ce
regard
nous
oblige
à
pratiquer
la
forme
la
plus
fondamentale
–
peut-être
la
plus
difficile,
mais
aussi
la
plus
vraie
d’obéissance
–
qui
consiste
à
obéir
à
la
réalité
–
la
réalité
concrète
qui
est
la
nôtre.
Une
réalité
qui
est
à
la
fois
plus
fragile
et
plus
solide
que
tous
nos
rêves.
Nous
pouvons
rêver
de
grandes
communauté
où
il
y
a
des
personnes
compétentes
en
grand
nombre
pour
remplir
toutes
les
tâches
et
où
le
supérieur,
dégagé
de
toutes
ces
tâches
peut
admirer
à
distance
comment
la
mécanique
communautaire
fonctionne
à
merveille.
Nous
pouvons
rêver
de
communautés
où
arrive
un
flot
continue
de
nouvelles
recrues.
Tous
ces
rêves
disparaissent
assez
vite. Et lorsqu’ils ont disparu, nous nous retrouvons
avec
la
réalité
–
une
réalité
encore
plus
belle
--
celle
de
communautés,
petites
pour
la
plupart,
où
chacune
donne
le
meilleur
d’elle-même
ou
de
lui-même,
et
où
se
produit
chaque
jour
le
miracle
de
la
vie
plus
forte
que
tout. La réalité que chacun de nous a à vivre dans sa communauté,
c’est
cette
réalité
qui
est
notre
messager,
notre
Gabriel,
qui
nous
salue,
qui
nous
dit
que
nous
sommes
nous
aussi
comblés
de
grâces,
et
qui
nous
dit
qu’en
nous
et
par
nous
Dieu
veut
continuer
sa
présence
en
l’humanité. Disons donc, chacun de nous en notre nom personnel
et
aussi
au
nom
de
nos
communauté.
Me
voici
---
pour
faire
ta
volonté.
Alors
la
Parole
de
Dieu
en
nous
aussi
se
fera
chair. Armand VEILLEUX |
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