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31 juillet 2011 - 18ème dimanche ordinaire "A"
Remettons tout d’abord ce récit dans
le contexte où le situe Matthieu dans son Évangile. C’est un moment difficile dans la vie de
Jésus. D’une part, il a enseigné aux
foules qui le suivaient en utilisant de nombreuses paraboles, mais les gens
sont restés sourds à son message. D’autre
part il vient d’apprendre qu’Hérode, qui a fait décapiter Jean-Baptiste pense
que lui, Jésus, est Jean-Baptiste ressuscité des morts. Jésus, dont l’heure n’est pas encore venue,
monte alors dans une barque pour se retirer dans un lieu solitaire. Or, voilà que les foules – ces mêmes foules
qui restaient sourdes à son enseignement – découvrent où il est, sans doute
fascinées par le messager, même si elles ne reçoivent pas le message. Un peu comme ce qui se produit lors des
grands rassemblements religieux de tous les temps, y compris du nôtre.
Ces gens venaient des villes longeant
le lac, où Jésus avait fait beaucoup de miracles mais qui ne s’étaient pas
converties et que Jésus avait invectivées peu auparavant (Mt 11,20sq). Que va
faire Jésus à l’égard de cette foule qui le poursuit mais ne croit pas en
Lui ? Il ne prodigue plus aucun
enseignement à cette foule, puisqu’elle ne le reçoit pas. Mais il continue d’avoir pitié d’elle et il
guérit les malades. Entretemps il poursuit la formation de ses disciples qui
devront continuer sa mission après sa mort. Le récit que nous venons de lire n’est pas la description d’un miracle
destiné à épater les foules ou à nous épater, mais le récit d’un enseignement
donné par Jésus à ses disciples.
Les gens qui poursuivent ainsi Jésus
viennent des villes et des villages, donc des lieux de commerce qui longent le
Lac de Tibériade. Les disciples sont, pour la plupart, eux-mêmes des pêcheurs,
donc des marchands de poisson. Ils
pensent tout de suite en termes de commerce. Lorsque le soir approche ils
recommandent à Jésus de renvoyer les gens d’où ils viennent pour qu’ils
puissent acheter des vivres. Jésus va
les amener à penser non plus en termes de commerce mais en termes de partage. Il
les invite à partager avec la foule le peu qu’ils ont eux-mêmes apporté : cinq
pains et deux poissons.
Ce récit est généralement appelé le
récit de « la multiplication des pains ». Mais le texte évangélique n’utilise
jamais ce mot, qui est le fruit de notre interprétation et de notre fascination
pour le merveilleux. Le récit parle tout
simplement de partage. Le vrai miracle qui se produisit ce jour-là
fut le partage. Sans doute que la
plupart des gens dans la foule avaient apporté, comme les disciples, quelques
pains et quelques poissons. Lorsque
chacun, à l’image de Jésus et de ses disciples, partagea le peu qu’il avait, il
y en eut largement pour tous, et même beaucoup plus qu’il n’en fallait. Le
partage est tellement opposé à notre nature égoïste, que chaque fois qu’il se
produit c’est un vrai miracle. Ou plutôt c’est un vrai témoignage évangélique.
De plus, les détails du contexte dans
lequel Matthieu situe cet événement sont aussi porteurs d’enseignement. Jésus demande à la foule de s’étendre sur l’herbe.
Le verbe grec utilisé décrit la position de quelqu’un qui s’installe sur un
divan pour un festin. C’était la façon de manger des hommes libres, non des
serviteurs et des esclaves. C’était
aussi la position qu’on devait prendre pour le repas pascal qu’on mangeait
chaque année en souvenir de la libération d’Égypte. Matthieu veut donc montrer
Jésus comme le nouveau Moïse. On est au désert et le peuple a faim. La solution au problème de la faim n’est pas la production miraculeuse de
pain. Cela avait été précisément la
première tentation présentée à Jésus par le diable et que Jésus avait
repoussée. La solution est entre les
mains de tous. Elle réside dans le simple partage des biens de la création.
Périodiquement les médias nous parlent
de famine dans telle ou telle partie du monde – actuellement c’est, entre
autres pays, la Somalie. Mais il y a
aussi de la faim près de nous. La solution à ce problème, au niveau mondial
comme à tous les niveaux, n’est pas dans de grands calculs financiers mais dans
le partage équitable.
Il en va de la crédibilité du message
évangélique.
Armand
VEILLEUX
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1999
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