|
|
||
|
|||
29 juin 2011
– Solennité des saints Pierre et Paul
Actes 12,1-11; 2 Tim 4, 6...18; Mat
16, 13-19
Homélie pour la
solennité des saints Pierre et Paul
Et vous, qui dites-vous
que je suis?
Il n’est jamais facile de
traduire un texte dans une autre langue en en respectant les nuances. Les traducteurs du lectionnaire liturgique,
dans leur effort pour rendre le texte intelligible aux personnes d’aujourd’hui paraphrasent
parfois le texte, ou y ajoutent quelque chose. Ainsi, dans l’Évangile d’aujourd’hui,
Jésus demande à ses disciples : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? ».
La traduction que nous avons lue paraphrase cette question, ajoutant les mots :
« pour vous qui suis-je ? »,
donnant aux paroles de Jésus une note intimiste qu’elles n’ont pas.
Nous tendons à être toujours préoccupés avec nos états
intérieurs (« qui est Jésus, vraiment pour moi ?), alors que deux
verbes reviennent sans cesse dans le Message de Jésus, le verbe dire et le verbe faire. Il faut faire la
volonté de son Père, il faut faire la
vérité. De même, dans le texte d’aujourd’hui, il faut dire qui est Jésus, c’est-à-dire le proclamer.
La foi n'est pas une
simple attitude intérieure du cœur, encore moins un simple acquiescement de
l'esprit. Elle doit se dire. Et elle doit se dire en paroles aussi bien qu'en actes. En réponse à la
question de Jésus, Pierre confesse de bouche Sa divinité: Tu es le Messie, le fils du Dieu vivant. Plus tard il confessera Jésus par toute sa
vie et, finalement, par sa mort. Jésus, à son tour, prend la parole pour dire qui est Pierre et quelle est sa
mission. N'avait-il pas promis que
"quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai devant mon
Père qui est dans les cieux" (Matt 10,32).
Nous retrouvons cette
union de la parole et des actes dans toute l'économie de la Rédemption. Tout au long de l'Évangile Jésus proclame la
Bonne Nouvelle par des paroles et par des signes qui se complètent et
s'éclairent mutuellement. Jacques
affirmera dans sa Lettre que la foi sans les actes est une foi morte. Il faut en conclure deux choses. D'une part, une foi qui ne s'exprimerait pas
dans des actions concrètes, dans la vie, ne serait pas une foi
authentique. Par ailleurs, le Père se disant Lui-même dans son Verbe, la
foi doit se dire aussi en paroles. Elle
doit se proclamer. Toute la vie
sacramentelle de l'Église est constituée de paroles et de gestes, d'actes de
foi traduits dans des gestes de vie.
L'Église est la
communauté de tous ceux qui ont reçu le message du Christ -- qui ont reçu de Lui
la même question qu'Il posa à ses disciples : "et vous, qui dites-vous que
je suis?" Chacun -- chacun de nous -- doit répondre à cette question de la même
façon que Pierre, en affirmant sa foi en paroles, puis en traduisant cette
parole dans une vie au service de cette parole.
Les deux colonnes
principales de cette Église que nous formons sont, d'une part, Pierre qui
représente les Douze que Jésus s'était choisis durant son ministère ici-bas et,
d'autre part, Paul, le prototype de tous ceux qui furent appelés par la suite à
être ses témoins. Paul, dans le texte de
sa Lettre à son disciple Timothée, dont nous avons lu un passage, jette un
regard sur sa vie qui semble approcher de son terme et en parle comme d'une vie
toute consacrée à dire la Bonne
Nouvelle: Il m'a rempli de force pour que
je puisse jusqu'au bout annoncer l'Évangile.
Nous sommes tous appelés
à proclamer l'Évangile en le vivant, à l'annoncer à travers nos actes. Mais cela ne suffit pas. Nous sommes aussi tous appelés à le proclamer
en paroles. Nous le faisons chaque jour tout
au long de nos célébrations liturgiques, qui ne sont pas des expressions de nos
états intérieurs mais des proclamations de notre foi, des affirmations de qui
est Jésus – pas simplement « qui il est pour nous, de façon intimiste »
mais, plus profondément, plus globalement, qui « il est », tout court !. Nous le proclamons en particulier dans la doxologie de chacune de nos oraisons,
où nous disons "Par Jésus-Christ, ton fils, notre Seigneur et notre
Dieu..." Efforçons-nous de garder
toujours bien conscient ce lien entre nos paroles et notre vie, dans
l'espérance, fondée sur la propre parole de Jésus, qu'Il nous confessera aussi
devant son Père et notre Père.
Dans quelques instants
nous nous unirons aux deux grands confesseurs de la foi que furent Pierre et
Paul, et aux croyants et croyantes de tous les temps, pour proclamer notre foi en
chantant le Credo. Puis, à la fin de cette célébration nous
quitterons cette église avec une conscience renouvelée de l'importance de
traduire cette foi dans notre vie de tous les jours.
Armand VEILLEUX
|
2010 : français 2008 : français 2007 - español 2002 : français
|
||
|
|||