Scourmont, 25 septembre 2010
1 Jean 3, 14. 16-20 ; Luc 12, 35-38.40

 

Homélie pour les obsèques de Paul Henneton [1]

 

            Jésus déclara un jour à ses disciples qu’il était venu non pour être servi, mais pour servir (Mt. 20, 28). Il leur en donne d’ailleurs un exemple lors du dernier repas qu’il prend avec eux, en leur lavant les pieds. Aussi le service prend une place tout importante et même centrale dans la vie de tout chrétien, comme d’ailleurs dans la vie de toute personne humaine qui veut vivre en harmonie avec son prochain.

            Dans l’Évangile que nous venons de lire Jésus recommande à ses disciples de rester sans cesse « en tenue de service », tout comme il leur demande ailleurs de prier sans cesse.  Cela veut dire qu’une vie de prière continuelle n’est pas une vie où l’on se dégage de toutes les activités ordinaires de la vie pour ne faire que prier ;  mais bien qu’une vie de prière continuelle est une vie où règne sans cesse l’union d’amour avec Dieu.  Or, comme saint Jean le répète sur tous les tons, on ne peut aimer Dieu si on n’aime pas ses frères.  Or un amour véritable n’est pas simplement un sentiment du coeur, mais il doit, pour être vrai, s’incarner. « Nous devons aimer, dit Jean, non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité ».

            Je crois que ce texte de l’Évangile est tout à fait adapté pour cette Eucharistie que nous célébrons autour du corps de Paul Henneton.  Paul était un homme à qui on pouvait demander n’importe quand n’importe quel service ; et s’il pouvait rendre ce service, il le faisait immédiatement et de façon efficace.  Il était très attentif à toutes les personnes – attentif à leur sensibilité et à leurs besoins affectifs aussi bien qu’à leurs besoins matériels. Il avait aussi une grande conscience professionnelle.  Le matin de son décès devait être son premier jour de travail après son retour de vacances.  Mais on m’a dit qu’il était venu au bureau la veille, le dimanche, pour mettre de l’ordre dans ses emails reçus durant son absence.

            Il travaillait pour l’abbaye et les sociétés issues de l’Abbaye depuis 23 ans.  Il fait partie de ces personnes sur lesquelles l’abbaye a toujours pu compter pour exercer son propre devoir de « service » à l’égard de la région.  Il était en quelque sorte de la famille, et c’est pourquoi il nous a semblé tout naturel de répondre affirmativement au désir de son épouse de célébrer ses funérailles en ce lieu et cette communauté qui lui étaient chers.

            C’est aussi pour nous, de la Communauté de Scourmont, l’occasion de nous associer à l’immense douleur de son épouse, de sa fille et de tous les siens. Devant une mort aussi subite et aussi brutale il n’y a aucun mot de consolation qui vaille. On ne peut que se joindre à la douleur.  Mais cette douleur s’accompagne de la conviction que cette mort n’est pas une fin absolue.  Les liens créés durant cette vie subsistent. La personne décédée est toujours vivante dans le coeur de tous ceux qu’il a aimés et servis.  Elle est aussi vivante dans le coeur de Dieu qu’il a servi en servant ses frères. 

            Dans l’Évangile que nous avons lu, et où Jésus loue le serviteur qu’il trouvera en état de veille à son retour, il promet de le faire mettre à table et de le servir lui-même.  Nous pouvons donc prier, avec la certitude d’être exaucés, pour que Dieu accueille dans son amour son serviteur Paul, qu’il le fasse asseoir dans son banquet céleste et le serve Lui-même, comme il l’a promis.

 



[1] Monsieur Paul Henneton était un employé de l’Abbaye de Scourmont (et de diverses Sociétés issues de l’Abbaye), depuis 1987.  Il est décédé tragiquement dans un accident de la route le 20 septembre 2010.

 

 

 

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