19 septembre 2010 - 25ème dimanche "C"
Am 8, 4-7 ; 1 Tm 2, 1-8 ; Lc 16, 1-13 

H O M É L I E  

 

            Le début de la seconde lecture, tirée de la Lettre de Paul à Timothée, est tout à fait d’actualité en ce temps-ci en Belgique : « J’insiste – dit Paul – pour qu’on fasse des prières de demande, d’intercession et d’action de grâce pour tous les hommes, pour les chefs d’État et tous ceux qui ont des responsabilités, afin que nous puissions mener notre vie dans le calme et la sécurité... ».  Écoutons cet appel de Paul et prions, durant cette célébration eucharistique, pour ceux qui ont entre les mains l’avenir du pays afin que les négociations se fassent dans le respect de la vérité et des droits de tous et chacun.

            Les tensions entre partis, entre groupes, entre pays, entre ethnies et entre classes sociales sont aussi vieilles que l’humanité.  On les retrouve déjà dans l’histoire de Caïn et Abel.  À l’époque des prophètes de l’Ancien Testament, la Palestine était divisée entre le Nord et le Sud (avec des tensions semblables à celles qu’on connaît aujourd’hui en Belgique, en Italie, en Espagne et ailleurs).

            Notre première lecture est tirée du prophète Amos.  Ce dernier vécut dans le royaume du Nord, à une époque où ce royaume avait atteint son plus haut niveau de prospérité. Lorsque le prophète Amos se manifesta, il y avait dans le pays abondance, splendeur et orgueil.  Les riches vivaient dans l’opulence.  Ils avaient leurs palais d'été et d'hiver, richement ornés d'ivoire, avec des divans splendides sur lesquels ils s'étendaient pour consommer leurs somptueux repas.  Ils avaient des vignobles et buvaient du bon vin,  et s'oignaient d'huiles précieuses.  Au même moment, la justice faisait défaut dans le pays.  Les pauvres étaient affligés, exploités et même vendus en esclavage, et les juges étaient corrompus.  C'est dans cette atmosphère qu'Amos rugit les paroles que nous venons de lire:  "Écoutez ceci, vous qui écrasez le pauvre pour anéantir les humbles du pays, car vous dites: «Nous pourrons acheter le malheureux pour un peu d'argent, le pauvre pour une paire de sandales.» Le Seigneur le jure par la Fierté d'Israël: «Non, jamais je n'oublierai aucun de leurs méfaits".

            Ce récit peut nous servir d’arrière-fond pour comprendre le récit d’Évangile que nous avons aussi entendu.  Ce récit est d’un genre tout autre que les paraboles.  Il fait partie d’un ensemble de récits propres à l’évangéliste Luc pour la plupart, qu’on pourrait appeler des « conversations de table » de Jésus, et qui pouvaient bien se rapporter à des événements récents que Jésus commente.  Dans une parabole on est appelé à s’identifier avec un des personnages et le personnage principal représente souvent Dieu le Père.  Ce n’est aucunement le cas ici.  Ni l’homme riche, ni son gérant ne sont donnés en exemple.  Le message est, au contraire, que si les enfants de ce monde sont si rusés, combien plus les fils de l’Évangile devraient l’être dans le service de leur unique maître. 

            En effet la leçon qui résume tout le récit c’est qu’on ne peut servir deux maîtres à la fois. Nous ne pouvons pas être les serviteurs de Dieu et nous laisser dominer par rien d’autre, et surtout pas par le dieu « Mammon » ou le dieu « argent ».          

La question fondamentale n’est pas si nous avons peu d’argent ou beaucoup d’argent, ou pas du tout, mais bien « où est notre coeur ? » et « qui est notre maître ? ». Nous pouvons être esclaves des choses matérielles même si nous n’en possédons que très peu.  Par ailleurs, si nous sommes en vérité les « serviteurs » de Dieu et de son Fils Jésus-Christ, nous nous ferons, à sa suite et à son exemple, les serviteurs de tous nos frères, que nos avoirs soient petits ou grands.

 

Armand VEILLEUX

 

 


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