21 avril 2009 – mardi de la 2ème sem. de Pâques
et mémoire de saint Anselme
Actes 4, 32-37 ; Jean 3, 7-15
Conférence régionale CNE, à Scourmont

  

Chers soeurs et frères,

 

            En ces jours où débutent les travaux de notre Conférence Régionale (Centre et Nord Europe), dont l’un des thèmes principaux sera une réflexion sur la formation, les textes de la liturgie nous offrent une nourriture abondante et savoureuse. 

            Tout d’abord, comme première lecture de cette Eucharistie, nous avons entendu le même texte des Actes que nous avions dimanche dernier, c’est-à-dire la belle description de la vie de la communauté primitive de Jérusalem.  Nous y trouvons d’abord la définition la plus belle que l’on puisse donner de l’Église – la multitude des croyants –qui mettaient tout en commun parce qu’ils n’avaient qu’un coeur et qu’une âme.  Nous savons comment cette description de la communauté primitive a inspiré toutes les formes de vie commune dans l’Église depuis la plus haute antiquité jusqu’à aujourd’hui. 

            Nos Pères cisterciens aimaient donner à  leurs communautés monastiques le nom d’églises.  L’Église, en effet, avant d’être une institution, est tout simplement l’assemblée de ceux qui ont mis leur foi dans le Christ Jésus. Et quiconque a mis sa foi dans le Christ, désire le connaître toujours mieux et de façon toujours plus intime. La littérature johannique, tout en réagissant contre certaines tendances du gnosticisme ambiant, partageait avec le grand courant spirituel gnostique, ce désir ardent de la connaissance.  Dans l’Évangile d’aujourd’hui, qui est la suite de celui d’hier, Jean nous présente la figure de cet authentique chercheur --  dans la nuit  --qu’était Nicodème.  Celui-ci vint trouver Jésus de nuit pour se faire instruire, et – comme nous le rappelait hier, dans son homélie, Mgr. Pascal Delannoy (qui célèbre avec nous), Nicodème revint de nouveau trouver Jésus au sépulcre, le soir du Vendredi Saint. 

            À Nicodème, qui n’arrive pas à comprendre ce que signifie naître à nouveau, Jésus dit : « Nous parlons de ce que nous connaissons, nous témoignons de ce que nous avons vu ».  La vraie connaissance implique la vision, le partage de l’être et de la vie.  C’est dans ce sens que notre document sur la formation présente celle-ci comme un processus constant de transformation à l’image du Christ qui s’enracine dans une communion de vie au sein d’une communauté ou église locale, avant d’être transmission de connaissances intellectuelles. 

            Et le calendrier liturgique nous fait célébrer aujourd’hui un grand moine de la fin du 11ème siècle, légèrement antérieur aux fondateurs de Cîteaux et pratiquement leur contemporain, saint Anselme.  Son parcours est symptomatique de l’universalité de l’Église de la grande période grégorienne : né à Aoste, au Piedmont, Anselme devint archevêque de Cantorbéry après avoir été moine au Bec en Normandie.  Nous connaissons tous la phrase latine qui caractérise son approche théologique et spirituelle : fides quaerens intellectum.  Le moine, comme tout Chrétien, est d’abord un croyant, c’est-à-dire quelqu’un qui a mis sa foi dans le Christ ; mais un croyant qui veut connaître le Christ pleinement, qui veut donc le « comprendre », d’une compréhension ou d’une intellectio, qui implique aussi bien l’intelligence que le coeur. Les deux ne peuvent d’ailleurs être séparés, puisqu’il s’agit d’une intelligence du coeur. 

            Efforçons-nous donc, en ces jours, de comprendre notre vie monastique, afin de connaître, d’une connaissance toujours plus intime, Celui en qui nous avons mis notre foi. 

 

Armand Veilleux

 

 

 

 


 

www.scourmont.be