11 décembre 2008 – Jeudi de la deuxième semaine de l’Avent

Isaïe 41, 13-20 ; Matt. 11, 11-15

Monastère de Kibungo, Rwanda

 

Homélie

 

            Jean-Baptiste, de sa prison, avait envoyé ses disciples à Jésus pour lui demander s’il était celui qui devait venir ou s’il fallait en attendre au autre.  Jésus avait répondu en disant : « allez raconter à Jean ce que vous avez vu – les boiteux marchent, les sources entendent, etc. », se référant explicitement à plusieurs des prophéties d’Isaïe que nous avons entendu à la première lecture de la Messe ces derniers jours.

 

            Une fois les disciples de gens partis, Jésus avait alors dit à la foule : « Qu’êtes-vous allez voir au désert ?... un roseau secoué par le vent ? un homme en habit délicats ? Non, mais un prophète et plus qu’un prophète ».  Et c’est alors qu’il ajouta les paroles de l’Évangile d’aujourd’hui : « Parmi les hommes (littéralement : parmi les enfants de la femme) il n’en a pas existé de plus grand que lui ».  Et faisant allusion à une prophétie de Malachie, à laquelle il fera allusion de nouveau un peu plus tard, il leur avait dit que Jean était cet Élie qui devait revenir avant la venue du Messie. 

 

            Dans cette dernière déclaration de Jésus, il y a une incise assez mystérieuse. « Depuis le temps de Jean Baptiste jusqu’à présent, le Royaume des cieux subit la violence, et des violents cherchent à s’en emparer. » Je viens de citer cette phrase dans la version de notre lectionnaire liturgique qui n’est pas une véritable traduction mais bien une interprétation.  Le texte original dit : « Le royaume des cieux souffre violence et les violents s’en emparent ». Ce texte mystérieux a connu plusieurs interprétation aussi bien à l’époque patristique que chez les exégètes modernes.  La traduction de notre lectionnaire est une de ces interprétations.  Une autre verrait dans le texte une affirmation de la puissance du royaume vainquant toutes les oppositions et les persécutions.  Mais il y a aussi une troisième interprétation – celle que je préfère – selon laquelle la violence dont il est question ici est la violence que l’on doit se faire à soi-même, à travers la conversion, pour atteindre le royaume des cieux. 

 

            Quoi qu’il en soit de ces interprétations, efforçons-nous de nous faire violence à nous-mêmes, à travers une saine pénitence et un authentique effort de conversion, en ce saint temps de l’Avent, pour nous préparer à la joie de la Nativité.

 

Armand Veilleux