6 décembre 2008 –
Samedi de la 1ère semaine de l’Avent
Is 30, 19-21. 23-26;
Mt 9, 35--10, 1. 6-8
Abbaye de La
Clarté-Dieu, Murhesa, Rép. Dém.
du Congo
H O M É L I E
Les
rabbins du temps de Jésus s’entouraient de quelques disciples, avec qui ils
vivaient dans une école ou à la porte d’une ville. Jésus a choisi un style tout différent. Il est un rabbin itinérant qui n’attend pas
que les disciples viennent à lui mais va plutôt lui-même à leur rencontre. Il ne forme pas ses disciples par de longs
discours, mais les associe tout simplement à ses périples missionnaires et les
envoie aussi en mission auprès de ces foules « fatiguées et abattues comme des brebis sans berger ».. Il ne se situe
nullement dans la lignée des prêtres de son temps (préoccupés par les
sacrifices et l’argent du peuple) et encore moins dans celle des Pharisiens
(élite hautaine), mais plutôt dans celle des grands prophètes d’Israël.
L’Évangéliste
Matthieu ne décrit pas l’institution des Douze.
Dans son Évangile, à la place de cette institution se trouvent les
« béatitudes » dans lesquelles Jésus établit la Loi de la Nouvelle
Alliance et par lesquelles in fonde en conséquence son Église, le nouvel
Israël. Le texte que nous venons de lire
parle d’abord des « douze disciples », qui sont mentionnés ici pour
la première fois dans l’Évangile de
Matthieu et qui sont la figure de l’ensemble du Peuple d’Israël composé de
douze tribus. À ce peuple, représenté
par les douze, il donne le pouvoir de faire tout ce qu’il a fait
lui-même : expulser les esprits mauvais et de guérir de toute maladie et
de toute infirmité. Puis le texte continue en donnant le nom d’apôtres à ces
douze disciples (notre lectionnaire a sauté cette liste qui commence par Simon
Pierre et se termine avec Judas). La mission dont il est ici question est donc
une mission confiée à l’ensemble de son peuple nouveau, à son Église, à nous
tous. Tous sont appelés à avoir comme
lui la même compassion
Ces
douze disciples – ou douze apôtres – que Jésus a choisis pour les envoyer en mission
sont un groupe aussi hétérogène que possible.
Si nous avions été à la place de Jésus, nous aurions sans doute choisi
des collaborateurs mieux préparés et nous nous serions assurés
qu’ils avaient tout ce qu’il fallait pour remplir une tâche aussi difficile que
celle de chasser les esprits mauvais !
Jésus a choisi un groupe bigarré, il nous a choisis nous tous, sachant
bien que comme Moïse avec son peuple, il aurait beaucoup de difficultés à faire
comprendre à ses disciples immédiats et encore plus à nous tous le sens de sa
mission qui s’enracine dans la compassion pour ceux qui souffrent.
Nous
connaissons nos limites et nos faiblesses ; mais la mission qui nous est
confiée est plus grande que nous. Celui
qui nous l’a confiée est toujours là pour nous réconforter et nous nourrir
comme il va le faire en cette Eucharistie.
Et
n’oublions pas la dernière petite phrase de notre Évangile qui nous rappelle
que tout ce que nous sommes et que nous avons reçu, nous l’avons reçu
gratuitement. C’est donc gratuitement
qu’il faut accomplir tous nos services – dans la communauté ou dans l’Église,
sachant que notre vocation à l’Évangile n’est pas un privilège que nous
devrions préserver, mais une grâce à partager – tout d’abord avec ceux et
celles qui nous entourent.
Armand VEILLEUX