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décembre 2008 – Mardi de la 1ère semaine de l’Avent
Isaïe
11, 1-10; Luc 10, 21-24
Prieuré
de Mokoto, Keshero (Goma), Rép. Dém.
du Congo
H O M É L I E
L'Évangile que nous
venons de lire comprend quelques points de contact avec le Magnificat de la
Vierge Marie, qui sont très intéressants et extrêmement révélateurs.
Lorsque Jésus rend
gloire à son Père pour avoir révélé aux petits les choses cachées aux sages,
les petits dont il parle sont ses disciples.
Et ceux-ci n'étaient pas de naïfs enfants. Ils étaient des hommes adultes qui
connaissaient les façons de faire du monde: Matthieu, le collecteur d'impôts,
savait faire de l'argent; Jude, le
Zélote, connaissait l'art de la guérilla;
Pierre, Jacques et Jean étaient des pêcheurs qui savaient guider leur
barque sur le lac et jeter le filet. Ils
avaient tout abandonné pour devenir des disciples de Jésus. Lorsque celui-ci les invite -- et nous invite
-- à la simplicité du coeur, il ne nous invite pas à une attitude enfantine ou
à un type enfantin de spiritualité. Il
nous invite à une forme très exigeante de pauvreté du coeur. Il nous invite à le suivre comme disciples et
donc à abandonner toutes nos sources de sécurité, et spécialement notre soif de
pouvoir, de la même façon que ses disciples avaient tout abandonné pour le
suivre.
La grande
caractéristique de l'enfant est son impuissance. L'enfant peut être, à sa façon, aussi
intelligent, aimant, etc. qu'un adulte.
Mais parce qu'il n'a pas encore accumulé de connaissances, de
possessions matérielles et de relations sociales, il est dépourvu de
pouvoir. Dès que nous devenons adultes,
nous voulons exercer pouvoir et contrôle: sur nos propres vies, sur les autres
personnes, sur les choses matérielles, et parfois même sur Dieu. C'est à cela que Jésus nous demande de
renoncer lorsqu'il nous demande d'être comme de petits enfants.
Un exercice utile de
connaissance de soi pourrait être d'examiner les diverses formes sous lesquelles s'exprime, dans les divers
aspects de notre vie, notre soif de pouvoir, et comment nous défendons ce
pouvoir. Contemplons alors notre
Seigneur qui est venu non pas comme un roi puissant sur son trône, mais comme
un petit enfant dans une mangeoire.
C’est à Sa lumière
qu’il nous faut relire la première lecture (du Livre d’Isaïe) et y voir le
message que Dieu veut une humanité sans frontières, sans guerres, sans loups et
serpents, sans hommes violents. Il veut
une humanité marquée par l’harmonie -- harmonie entre femmes et hommes, entre
les humains et leur environnement ;
une humanité marquée par la justice, sans privilèges, sans pauvres
opprimés, sans juges iniques ; une humanité où les nations ne seront plus
séparées par les montagnes et les ravins de leurs religions, de leurs crédos
politiques, de leurs systèmes théologiques ou philosophiques. En un mot, une
humanité sans guerres.
La prophétie d’Isaïe brosse un tableau où le
petit garçon conduit ensemble le loup et l’agneau, le léopard et le chevreau,
le veau et le lionceau ; où la vache et l’ourse auront le même pâturage, le
lion mangera avec le boeuf ; et où le nourrisson
s’amusera sur le nid du cobra.
Oui ! le mouvement de l’histoire va dans
cette direction. Et cependant les
journaux quotidiens nous rappellent que la violence, la soif du pouvoir et de
l’argent sont toujours présents. Tant de
crimes quotidiens nous rappellent que tout le monde n’est pas encore rempli
d’un esprit d’amour et de paix... Le sommes-nous ?
Est-ce une
utopie ? Bien sûr ! tout comme l’appel à être parfait comme notre
Père céleste. Une utopie à laquelle il
vaut la peine de consacrer toute notre vie.
Un idéal et un but que nous ne pouvons atteindre que par une seule voie,
celle de la conversion. Et c’était ce
que l’Esprit du désert, parlant par la bouche de Jean, exigeait de tous.