1 janvier 2003

Solennité de Marie, Mère de Dieu / Journée mondiale pour la paix

Nb 6,22-27; Ga 4,4-7; Lc 2,16-21

 

H o m é l i e

 

De toutes les solennités de Marie que nous avons au long de l'année liturgique celle d'aujourd'hui est certainement la plus importante et celle qui s'enracine le mieux dans le message évangélique.  Le premier titre que Marie a à notre louange c'est d'avoir été la Mère de Dieu.  Elle a donné naissance au Fils de Dieu qui, en naissant d'elle, a voulu se faire l'un d'entre nous. 

 

De ce titre de Mère de Dieu découlent tous les autres titres de Marie que nous célébrons au long de l'Année liturgique et qui correspondent chacun à la sensibilité propre des diverses époques où chacune de ces fêtes est née.  Mais le fait que Marie soit la Mère de Dieu s'enracine dans le Message évangélique.

 

Mère de Dieu elle est aussi Mère de l'Église, qui est le corps mystique de son fils, Jésus.  Elle est également Mère de toute l'humanité.  Et c'est sans doute pourquoi depuis maintenant 36 ans, l'Église célèbre chaque année, à cette date, la Journée mondiale de la paix.  Et dans son Message de cette année pour cette Journée mondiale pour la paix, le saint Père Jean-Paul II rappelle que cette année 2003 marque le quarantième anniversaire de l'encyclique sur la paix (Pacem in terris) de Jean XXIII.  La communauté internationale vivait alors des événements tragiques, tout comme elle en vit encore aujourd'hui.  C'est pourquoi l'appel à prier pour la paix est tout aussi actuel et nécessaire.

 

Depuis saint Augustin, on définit la paix comme la "tranquillité de l'ordre" (tranquillitas ordinis). Or, comme l'écrit Jean Paul II, "qu'il y ait un grand désordre dans la situation du monde contemporain, c'est une constatation facilement partagée par tous."  Et il ajoute : "La question qui se pose est donc la suivante: quel type d'ordre peut remplacer ce désordre, pour donner aux hommes et aux femmes la possibilité de vivre dans la liberté, la justice et la sécurité?"  Et il répond en substance que "tous doivent collaborer à la constitution d'une nouvelle organisation de toute la famille humaine".

 

Le vaste mouvement de mondialisation et de globalisation dans lequel l'ensemble de l'humanité a été emporté depuis plusieurs années a changé complètement les bases sur lesquelles peut se construire la paix.  Depuis l'avènement des États-nations, les guerres et les traités de paix se faisaient entre nations.  De vastes empires économiques supra-nationaux dominent maintenant en grande partie la vie des nations, y compris les décisions des gouvernements nationaux.  À une globalisation de l'économie s'est jointe une globalisation de la violence et de la guerre à laquelle aucune structure nationale ou internationale ne sait plus répondre adéquatement.  Nous avons donc besoin d'une globalisation de la paix, qui soit un vaste mouvement jaillissant du coeur de chaque personne de bonne volonté et qu'aucune intervention économique ou politique ne puisse arrêter.  Ce vaste mouvement de paix, qui peut encore sauver le monde de la catastrophe avec laquelle il flirte actuellement ne pourra être arrêté par aucune force économique ou politique.  Ouvrons-y chacun de nos coeurs.  C'est dans ce sens que le Pape nous invite à développer une "culture de la paix".

Cette culture de la paix suppose des efforts individuels.  C'est pourquoi le Pape revient souvent, année après année, dans ses Messages annuel pour la Journée de la paix sur l'importance de l'information -- une information objective, vraie et solide, donnée et reçue, non seulement sur la paix et ses conditions, mais aussi sur la guerre, sa nature, ses causes, ses buts ses effets.  C'est là le travail humain que nous avons tous le devoir de faire, chacun selon notre charisme propre.

 

Mais, finalement, une fois que nous avons mis toutes ces conditions en place, la paix ne peut être qu'un don de Dieu, que nous devons nous disposer à recevoir.

 

Demandons à Marie, la mère du Prince de la Paix, de faire à notre monde, à chacune de nos communautés et de nos familles et à chacun de nous en particulier ce don de la Paix.

 

Armand VEILLEUX