21 septembre 2003 – 25ème dimanche "B"

Sg 2, 12...20; Jc 3, 16 – 4, 3; Mc 9, 30-37

 

 

H O M É L I E

 

    Au fur et à mesure que nous nous approchons de la fin de l'année liturgique, les Evangiles du dimanche nous font pressentir la proximité de la mort de Jésus. Dans le texte d'aujourd'hui nous trouvons la première annonce par Jésus de sa Passion.  Et que font les disciples, immédiatement après?  C'est incroyable, mais ils discutent entre eux pour savoir qui sera le plus grand, qui sera le premier ministre dans le nouveau royaume instauré par Jésus qui se proclamera bientôt le roi messie d'Israël.  Ils n'ont vraiment encore rien compris.  Et le plus tragique est qu'ils feront encore la même chose après chacune des annonces par Jésus de sa Passion, y compris la troisième, à la veille même de sa mort.  Il est si difficile de troquer ses rêves pour la réalité.

 

    Jésus en profite pour continuer la formation de ses disciples. Il leur donne l'exemple d'un petit enfant.  Le propre de l'enfant est de ne pas être important et donc, au moins jusqu'à ce que les premières blessures de la vie l'aient rendu craintif ou soupçonneux, d'être totalement ouvert à tout ce qui lui est donné -- de tout recevoir comme un don, sans avoir de droits à faire valoir ou à défendre.  Il se situe au niveau de l'amour spontané et non au niveau du droit.

 

    C'est aussi le niveau auquel se situe le service, auquel Jésus exhorte ses disciples:  "Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit... le serviteur de tous."  La vie commune, que ce soit la vie d'un couple marié ou la vie d'une communauté monastique, est fondée sur le service mutuel: aide que nous nous apportons mutuellement dans la poursuite de notre recherche de Dieu et de notre conversion continuelle, mais qui soit s'exprimer à travers des services quotidiens de caractère matériel et très pratiques.

 

    Le Christ lui-même nous en a donné l'exemple, tel que nous le décrit Paul, par exemple dans la grande fresque du chapitre 2 de l'épître aux Philippiens où il nous dit que le Christ a renoncé à l'égalité avec Dieu, qu'il avait de droit; qu'il s'est fait obéissant jusqu'à la mort; et qu'à cause de cela, il a reçu du Père la grâce d'être fait Kurios, Seigneur... Les deux mots clés de ce texte sont précisément ceux ci: au début: "droit" et "grâce".  Jésus, le fils de Dieu, dans ses rapports avec son Père comme dans ses rapports avec le genre humain, n'a pas voulu se situer au niveau du droit, mais au niveau de la gratuité, du don, qui est le niveau de l'amour.  Quelque intense que soit l'amour que l'on puisse avoir pour quelqu'un, être aimé en retour n'est jamais un "droit"; l'amour est essentiellement un don gratuit.

 

    En nous appelant à nous servir mutuellement, Jésus nous appelle à nous situer sur le plan de l'amour gratuit.  Lorsque, dans la vie communautaire, je commence à réclamer mes droits, je choisis un plan autre que celui que Jésus a choisi.  La communion se construit à travers le service mutuel gratuit, signe de l'amour que Dieu a eu pour nous et qu'il nous appelle à avoir les uns pour les autres.