3 août 2003 – 18ème dimanche "B"
Ex
16, 2...15; Ep 4, 17-24; Jn 6, 24-35
H O M É L I E
Il y a une distinction
parfois subtile, mais importante entre foi et superstition. La superstition consiste à voir des
interventions extraordinaires et miraculeuses de Dieu en tout ce que nous ne
pouvons pas expliquer. La foi consiste à
croire que Dieu est notre père, qu'il est le maître de tout et de tous, et
qu'en conséquence toutes les manifestations de sa création sont en définitive
des manifestations de son amour.
La Bible ne prétend pas
être un traité de sciences de la nature. Donc,
lorsque nous lisons un texte comme celui concernant le don de la manne, durant
l'Exode, il est possible d'y reconnaître un phénomène qui peut s'expliquer
naturellement. Cela ne change cependant
rien à la signification du récit biblique. Le sens de ce phénomène, pour l'auteur biblique, est en effet qu'il
a été perçu par les Juifs comme une manifestation de l'attention divine à
leur égard.
Dans l'Évangile,
lorsque les Juifs suivent Jésus parce qu'il a fait des signes et que, dans leur
superstition, ils veulent voir encore d'autres signes, ou simplement, après la
multiplication des pains, parce qu'ils veulent encore manger, Jésus leur
recommande de se procurer non seulement le pain matériel mais celui qui dure
pour la vie éternelle. Or, ce pain
spirituel est la foi qui permet de faire les oeuvres de Dieu, c'est-à-dire ce
que Dieu a commandé.
Le Père nous a tant
aimés qu'il nous a donné son Fils. Et qu'en avons-nous fait? Il nous a créés à son image et
ressemblance; et qu'avons-nous fait de
cette image en nous et dans les autres?
À nous, qui avons à
manger -- du pain naturel et de celui de la Parole de Dieu -- Jésus rappelle que
nous devons nous aussi donner à ceux qui n'ont pas. Nous devons partager le pain eucharistique et
celui de la Parole de Dieu, à travers notre vie; c'est-à-dire faire passer dans notre vie ce
que nous recevons au cours de cette célébration eucharistique; mais aussi donner de nos biens matériels à ceux
qui n'en ont pas, à l'exemple du Christ qui s'est dépouillé de tout pour se
donner lui-même à nous. Son appel
résonne avec une force particulière dans un monde comme le nôtre où, de nos
jours, un quart de l'humanité souffre de la faim ou de la malnutrition.
Dans cet Évangile,
Jésus invite la foule -- et donc nous aussi -- à ne plus penser seulement à
l'aliment matériel, mais à Celui qui le donne. Et lorsque les Juifs lui demandent de leur donner le "pain de
vie" dont il leur parle, il leur répond : "Je suis le pain de
vie" -- une formule aussi forte et révélatrice que : "Je suis la
lumière du monde" ou "Je suis le bon pasteur".
Ne vivons plus comme
dans l'Ancien Testament, attendant que
tout nous tombe du ciel comme la manne. Vivons plutôt comme dans le Nouveau Testament, nous donnant
généreusement les uns aux autres, comme Jésus s'est donné à nous et pour nous.