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15 octobre 2017 - 28ème dimanche ordinaire « A »
Chapitre
à la Communauté de Scourmont
Eucharistie
Dans
le passage d’Écriture que nous venons de lire à Laudes, le prophète Isaïe
utilise l’image du banquet pour décrire le salut des temps messianique offert à
tous les peuples. De la même manière
Jésus utilise souvent l’image du banquet de noces dans l’Évangile, lorsqu’il
veut révéler le mystère de l’histoire du salut.
Réfléchissons
une peu sur le sens de cette image. Et
tout d’abord demandons-nous ce qui distingue un banquet d’un repas de
tous les jours.
La
première différence est dans l’invitation. En effet, on ne se présente pas à un banquet
sans y être invité. Il s’agit d’un repas
festif auquel une personne invite librement ceux et celles qu’elle veut. Les invités sont libres d’accepter, mais ils
sont en quelque sorte forcés par cette invitation de révéler s’ils sont oui ou
non de vrais amis.
Et
puis, un banquet regroupe plusieurs personnes. Si un ami nous invite à manger
avec lui chez lui ou au restaurant, on ne peut pas parler de
« banquet », même si ce peut être un très bon repas. Pour un hôte ou
une hôtesse, c’est un art que de savoir bien choisir ses invités. Il faut, d’une part, éviter de réunir à la
même table des personnes qui ne peuvent se rencontrer. D’autre part, un banquet peut être une
occasion de réconciliation offerte à des personnes qui ont quelque chose à se
pardonner mutuellement. Ce peut aussi
être l’occasion de nouer de nouvelles amitiés.
Le
troisième élément qui caractérise un banquet c’est que ce n’est pas une chose que l’on fait tous les jours. Il faut avoir quelque chose ou quelqu’un à
célébrer : ce qu’on célèbre peut être une
arrivée, un départ, une rencontre après une longue séparation, une élection,
etc. C’est toujours l’occasion de faire
mémoire de quelque chose qui a une importance spéciale pour tous les
participants.
Une
telle célébration implique un certain engagement de la part de tous. En effet, on ne peut plus se permettre d’être
ennemis après avoir participé ensemble à un banquet, même si on l’était avant.
Un
banquet exige aussi une nourriture spéciale : quelque chose de vraiment bon et préparé avec
amour, qui soit un régal pour les yeux et l’odorat aussi bien que pour le
goût. Ce qu’on mange à un banquet n’a
pas simplement pour but de calmer la faim. (Cf. le film « Le festin de
Babette », où il est dit de Babette, la fameuse « Chef »,
qu’elle faisait de tout repas une « affaire d’amour ».
Finalement,
un habit de fête s’impose. Une personne
bien éduquée ne va pas à un banquet en « jeans ».
Eh
bien ! Je crois qu’il est assez facile d’appliquer tout cela au banquet
eucharistique.
Nous
sommes les invités du Seigneur Jésus, qui nous a recommandé de nous réunir
ainsi autour de la table en mémoire de lui. Il s’agit de quelque chose de beaucoup plus important et plus riche que
d’être simplement fidèles à une obligation ou à l’observance d’une règle. C’est
pour nous l’occasion de montrer notre amour pour la personne qui nous invite,
sachant au surplus, que nous sommes toujours invités.
Celui
qui nous a invités, nous a appelés de toutes les parties du monde pour nous
transformer en une communauté, une église. Dans nos célébrations quotidiennes, entre nous, avec en général un
nombre relativement limité de retraitants ou de personnes de l’extérieur, nous
reconnaissons facilement que c’est lui, le Christ, qui, au-delà de toutes nos
différences d’idées, d’opinions et de préoccupations, fait de nous une
communauté. Et même le dimanche et les jours de fête, où l’Église est pleine de
personnes que nous connaissons peu ou même que nous ne connaissons pas, nous
formons aussi, tous ensemble une communauté célébrante – nous sommes
« Église ».
Nous
sommes alors réunis pour célébrer ensemble quelque chose, ou plutôt
quelqu’un. Nous célébrons le mystère
pascal de notre rédemption dans le Christ. Nous voulons conserver vivant le souvenir de celui qui nous a invités,
et écouter de nouveau son message.
Nous
avons une nourriture spéciale, qui est le corps et le sang du Christ, sacrement
de l’amour de Jésus pour nous et de l’amour que nous voulons avoir les uns pour
les autres.
Nous
aussi nous avons un vêtement spécial, car nous avons été revêtus du Christ le
jour de notre baptême ; et sans ce vêtement nous ne pourrions pas célébrer
l’Eucharistie.
Tout
cela requiert un engagement de notre part : l’engagement à vivre le
message reçu, et à manifester dans notre vie de tous les jours les liens
rétablis ou raffermis ; l’engagement à transmettre à tous
l’invitation ; et finalement l’engagement à rendre possible à tous la
participation à ce banquet.
Dans
la spiritualité des derniers siècles diverses formes de dévotion eucharistique
se sont développées. Elles ont chacune leur valeur. Mais la dévotion eucharistique par excellence
reste la célébration communautaire dans laquelle une communauté exprime sa
communion dans le Christ, s’engage à vivre cette communion et reçoit, dans la
communion, la nourriture qui nourrit et fortifie cette communion.
Armand Veilleux
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