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Chapitre pour le Dimanche des
Rameaux
Scourmont, 29 mars 2015
Écoute
et Parole
Le
« chapitre » de ce matin sera bref, car les textes liturgiques
d’aujourd’hui nous offrent une nourriture abondante, et aussi parce que le
passage à l’heure avancée nous enlève une heure, ce matin.
Je
voudrais simplement commenter brièvement la première lecture de la Messe, tirée
du prophète Isaïe, et qui pourrait servir de commentaire ou de résumé de tout
ce que disent les premiers chapitres de la Règle de saint Benoît.
Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des
disciples,
Il est
question, dans ce texte, de parole, d’écoute et d’attitude de disciple.
Dans le
texte de la Passion selon saint Marc, que nous aurons à la Messe, ce qui
frappe, c’est le silence de Jésus durant son procès. À peine quelques mots, au
début du procès, puis silence. Marc dit
explicitement : « Jésus ne répondit plus rien ». Et Pilate
lui-même s’en étonne : « Tu ne réponds rien ? Vois toutes les
accusations qu’ils portent contre toi. Mais Jésus ne répondit toujours rien. Sur la croix, une seule Parole : « Eloï, Eloï, lama sabactani ? »
tirée du psaume 21 (et qui sont en fait les premiers mots d’un chant de
victoire).
Ce
texte d’Isaïe, qui décrit l’attitude du Serviteur de Jahvé, est appliqué au
Christ dans le Nouveau Testament et pourrait tout aussi bien servir pour
décrire l’idéal de la vie du moine.
Notre
vie est une vie d’écoute – d’écoute de la Parole de Dieu.
Mais
cette écoute n’est possible que si nous savons faire le silence.
Et c’est
dans ce silence que peut germer à son tour une parole
vraie.
Et le
silence ne consiste pas simplement à ne pas parler. Il consiste surtout à faire
taire en nous les paroles d’auto-défense, d’auto-justification,
d’auto-proclamation. Le silence de toutes nos passions, de tous nos désirs qui
ne sont pas conformes à ceux de Dieu.
Dans
les monastères de notre Ordre, si l’on en juge par les rapports de maison
donnés à chaque Chapitre Général, il y a un problème assez général avec l’observance
du silence. La raison n’en serait-elle pas que l’on s’efforce de maintenir une « observance »
extérieure, sans faire suffisamment d’effort pour créer et maintenir un
authentique silence intérieur ?
Profitons
de cette semaine, pour demander à Dieu de faire le silence en nous.
Sans ce silence en nous, le silence extérieur, même s’il
était possible, perdrait son sens.
Armand Veilleux
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