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15 février 2015 – Abbaye de Scourmont
Entrée en Carême
Dans
quelques jours commencera le Temps du Carême et donc la grande montée vers la
Fête de la Résurrection. J’ai pensé qu’une bonne façon de s’y préparer serait
de lire le message du Pape François pour le Carême 2015. Pour nous préparer à
cette lecture, je voudrais, dans ce bref chapitre, en signaler les points
saillants.
Ce message
comporte une introduction assez longue et trois sections. La première section s’adresse
à l’Église, la deuxième s’adresse aux paroisses et aux diverses formes de
communautés au sein de l’Église, et la troisième s’adresse à chaque fidèle. L’introduction
affirme d’abord que pour l’Église, comme pour chaque communauté et chaque
fidèle, le Carême est un temps de renouveau, mais surtout un temps de grâce.
L’une des
plaies de notre époque, dit le pape, c’est l’indifférence de plus en plus généralisée à
l’égard du prochain avec ses besoins, ses souffrances et ses attentes. Il dit
que « cette attitude égoïste, d’indifférence, a pris aujourd’hui une
dimension mondiale, au point que nous pouvons parler d’une mondialisation de l’indifférence ».
Cette « mondialisation de l’indifférence, qui est à l’opposé de l’attention
amoureuse de Dieu pour chacun, le Pape a choisi d’en faire l’objet de son
message de Carême.
Dieu, Lui,
n’est pas indifférent au monde, puisqu’il est allé jusqu’à donner son fils pour
le salut du monde. Jésus, le Verbe incarné, a ouvert « la porte entre Dieu
et l’homme, entre ciel et terre ». La mission de l’Église, dit le Pape,
est d’être la main qui maintient cette porte ouverte.
1)
La
première section du message s’adresse donc à l’Église. Elle porte en exergue la
phrase de Paul aux Corinthiens : « Si un seul membre souffre, tous
les membres partagent sa souffrance » et, plus avant dans la section,
on trouve la deuxième partie de cette citation, qui a aussi son importance :
« si un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie. » Pour
pouvoir servir les autres, dit le Pape, il faut d’abord nous laisser servir par
le Christ, comme il a lavé les pieds à ses disciples le Jeudi Saint. Nous le
faisons en nous mettant à l’écoute de sa Parole et en recevant les sacrements.
L’Église,
dit-il, est la « communio sanctorum »,
une expression qui peut se traduire non seulement par la communion entre les
saints, mais aussi par la communion des choses saintes.
2)
La
deuxième partie du message s’adresse aux paroisses et aux communautés et porte
en exergue la Parole de Dieu à Caïn (Gen. 4,9) « Où
es ton frère ? ». Tout ce qui est dit de l’Église peut être dit
de chaque communauté, de chaque groupe au sein de l’Église. Nous formons tous
un seul corps, « un corps qui en même temps reçoit et partage tout ce
que Dieu veut donner. Un corps qui connaît
et qui prend soin de ses membres les plus faibles, les plus pauvres et les plus
petits. »
Quand nous
prions, nous dépassons les frontières de l’Église visible dans deux directions :
Tout d’abord nous nous unissons à l’Église du ciel, et ainsi « avec les
saints qui ont trouvé leur plénitude en Dieu, nous faisons partie de cette
communion dans laquelle l’indifférence est vaincue par l’amour. ». D’autre part, nous sommes appelés, en tant
que communautés, à franchir le seuil qui nous met en relation avec la société
qui nous entoure, avec les pauvres et ceux qui sont loin.
Le Pape
veut que chaque paroisse, et chaque communauté devienne « un ilot de
miséricorde au milieu de la mer de l’indifférence ! »
3)
Enfin, la
troisième partie porte en exergue la phrase de Jacques (5,8) « Tenez
ferme. ».
« Même
en tant qu’individu nous avons la tentation de l’indifférence. Nous sommes saturés de nouvelles et d’images
bouleversantes qui nous racontent la souffrance humaine et nous sentons en même
temps toute notre incapacité à intervenir. Que faire pour ne pas se laisser absorber par cette spirale de peur et d’indifférence ? »
Le Pape a trois réponses à cette question : a) prier dans la communion de
l’Église terrestre et céleste ; b) aider par des gestes de charité ;
et c) nous ouvrir à la grâce de la conversion personnelle.
En
conclusion, le Pape nous invite tous à faire du temps de Carême un parcours
de formation du coeur... Et il ajoute que « avoir un coeur
miséricordieux ne veut pas dire avoir un coeur faible. Celui veut être miséricordieux a besoin d’un
coeur fort, solide, fermé au tentateur, mais ouvert à Dieu. Un coeur qui se laisse pénétrer par l’Esprit
et porter sur les voies de l’amour qui conduisent à nos frères et à nos
soeurs. Au fond, un coeur pauvre, qui
connaisse en fait ses propres pauvretés et qui se dépense pour l’autre. »
Et il n’est
pas sans signification que ce Message de Carême ait été signé le 4 octobre,
fête de saint François d’Assise.
Armand Veilleux
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