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26 janvier 2014
Chapitre à la Communauté de Scourmont
Le rôle du Père Immédiat (Commentaire
la C. 74)
La
solennité de nos Fondateurs est une bonne occasion de reprendre le commentaire
de nos Constitutions, interrompu depuis plusieurs semaines, d’autant plus que j’en
étais à commenter la section sur la structure de l’Ordre, que nous devons à la
sagesse de nos Fondateurs et spécialement au génie juridique d’Étienne Harding,
à qui nous devons en grande partie la Charte de Charité.
La
dernière fois, j’ai commenté le lien qui réunit les monastères de notre Ordre dans
un réseau de « filiation », chaque maison ayant une maison-mère et la
plupart ayant des maisons-filles. La Constitution suivante, le nº 74, que je
vais commenter ce matin, traite du rôle de l’abbé de la maison-mère à l’égard
des maisons-filles de son abbaye. Dans ce rôle, il porte le titre auquel nous
sommes habitués, mais qui est un peu bizarre pour les non-initiés, de « Père
Immédiat ».
Pour
les monastères de moines, l’abbé de la maison fondatrice devient
automatiquement le Père Immédiat de la fondation lorsque celle-ci devient
maison autonome. Des changements de maison-mère sont possibles, en particulier
pour éviter que certaines maisons – et leur abbé – soient surchargées par un trop grand nombre de maisons-filles. Ces changements relèvent du Chapitre Général.
Les
moniales n’ont jamais eu – et n’ont jamais voulu avoir – un système de
filiation entre les monastères féminins. Il n’y a pas de Mères Immédiates. Chaque monastère de moniales est
rattaché à un monastère de moines dont l’abbé est le Père Immédiat des moniales.
La désignation en était faite jusqu’à maintenant par une interaction des deux
Chapitres Généraux. Elle sera faite
désormais par le Chapitre Général unique.
Le
premier nº de cette Constitution 74 décrit l’essentiel de la tâche pastorale du
Père Immédiat – car il s’agit avant tout d’une tâche pastorale :
Le
Père Immédiat veille au progrès de ses maisons filles. Tout en respectant l’autonomie de chaque
monastère, il aide et soutient l’abbé dans sa charge pastorale et favorise la
concorde dans la communauté ; s’il
constate quelque déviation par rapport aux prescriptions de la Règle ou de l’Ordre,
il s’efforce humblement et charitablement, après consultation de l’abbé, de
porter remède à la situation.
La
Visite Régulière, qui est l’une des tâches du Père Immédiat n’est pas
mentionnée dans cette liste ; elle fera l’objet de la Constitution
suivante. Il faut remarquer que la
Visite Régulière n’est en fait qu’un aspect de la tâche du Père Immédiat. Il s’agit
de quelque chose qui arrive normalement tous les deux ans. Or, la responsabilité pastorale du Père
Immédiat, telle que décrite dans le paragraphe que je viens de citer, est une
responsabilité permanente.
La
première phrase résume tout : « Le Père Immédiat veille au progrès
de ses maisons filles. » Cette tâche de « vigilance » est
une tâche permanente qu’il doit exercer d’une façon constante. Cette « vigilance » doit s’exercer
dans le respect de l’autonomie de chaque communauté. Le Père Immédiat ne peut donc
pas, normalement, intervenir dans la gestion interne d’une communauté, qui a
son propre abbé ou abbesse. Il doit donc
aider et soutenir l’abbé dans sa charge pastorale. Cette aide peut prendre des formes très
variées, en particulier selon que l’abbé est nouveau ou en charge depuis
longtemps. Cette aide peut s’exercer par des conseils, des dialogues, des réflexions
en commun sur l’une ou l’autre situation particulière ; parfois par des
reproches ! La phrase suivante est tout aussi importante que la première :
« il favorise la concorde dans la communauté ». C’est là,
normalement, la tâche de l’abbé. Le Père
Immédiat aura à intervenir surtout s’il y a une tension entre l’abbé et sa
communauté ou l’abbé et l’un ou l’autre membre de sa communauté. Le Père Immédiat n’intervient pas comme un
juge avec pouvoir de décision, mais comme un conseiller et un agent de
communion.
S’il
constate une déviation par rapport aux prescriptions de la Règle ou de l’Ordre,
le Père Immédiat possède alors l’autorité de corriger la situation, après
consultation de l’abbé, à qui il reviendrait normalement de le faire. Ce « pouvoir » -- et cette
responsabilité – de correction qu’a le Père Immédiat, en cas d’abus sérieux,
est un pouvoir permanent et n’est pas lié à la Visite Régulière. On peut dire que dans de telles situations –
qui, heureusement, sont rares – le pouvoir juridique du Père Immédiat, en tant
que Père Immédiat, est plus grand que celui du Visiteur en tant que Visiteur.
Le
deuxième paragraphe de cette Constitution mentionne quelques tâches
particulières du Père Immédiat, qui sont traitées ailleurs dans les
Constitutions, en particulier son rôle à l’égard d’une maison-fille dont le
siège est devenu vacant. Il a alors la
responsabilité de présider l’élection ; mais tout d’abord la
responsabilité de s’assurer qu’une élection est possible et opportune. Dans les
cas exceptionnels où il s’avérerait qu’une élection n’est pas possible ou pas
recommandable, il a la responsabilité de nommer un Supérieur ad nutum,
en suivant scrupuleusement tout ce que requiert le droit en cette circonstance
(et que nous avons déjà commenté).
Armand VEILLEUX
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