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24 novembre 2013
Chapitre à la Communauté de Scourmont
Nature de la filiation (Commentaire la C. 73)
La
structure fondamentale qui relie entre elles toutes les communautés de notre
Ordre et qui en fait une sorte de grande communauté, c’est le système de
filiation. C’est donc l’objet du premier chapitre de la partie de nos
Constitutions qui traite de l’Ordre.
C. 73 Nature de la filiation
Selon la Charte de Charité,
les communautés cisterciennes sont unies entre elles par un lien de filiation.
Traditionnellement la filiation prend une forme juridique dans la charge du
Père Immédiat. Paternité et filiation se concrétisent en aide et soutien
mutuels.
ST 73.A
Lorsqu'une fondation est érigée en monastère
autonome, l'abbé de la maison fondatrice devient par le fait même son Père
Immédiat.
ST 73.B
Tout changement de filiation est
soumis à la délibération des communautés concernées et du Chapitre Général. (cf.
ST 37.B.d). En cas de désaccord, on s’en
tiendra à la décision du Chapitre Général.
La
première phrase de cette Constitution exprime bien le fait que ce sont les
communautés locales qui sont premières et non pas l’Ordre. Il ne s’agit pas
d’une sorte de grand organisme international avec des agences un peu partout
dans le monde. Il s’agit de communautés
locales, autonomes, qui sont réunies dans un grand ensemble qu’on appelle
l’Ordre.
Cette même
première phrase affirme aussi que cette structure a été imaginée par les
fondateurs de Cîteaux, dès que Cîteaux commença à faire des fondations et que
cette structure se trouve déjà dans la charte fondamentale de l’Ordre appelée
la Charte de Charité.
La forme première que prit cette relation fut le lien établi entre une
maison fondatrice – appelée maison mère – et ses fondations – appelées maisons
filles. Très tôt, dans l’histoire de
l’Ordre il y eu l’incorporation de communautés monastiques déjà existantes et
qui désiraient entrer dans le réseau des monastères cisterciens. Une maison de
l’Ordre devait alors accepter de devenir la maison mère de cette communauté
incorporée ; et celle-ci en devenait logiquement la maison fille.
À l’époque
moderne, surtout après la suppression de nombreuses communautés lors de la
Révolution française, et même déjà durant les siècles précédents, beaucoup de
maisons sont devenues mères ou filles par voie d’adoption. Il y eut aussi, à
certaines périodes des changements de filiation, permettant de soulager des
communautés ayant de nombreuses maisons filles en transférant celles-ci à
d’autres communautés qui en avaient moins ou qui n’avaient jamais fait de
fondations.
La
filiation, comme il est dit dans le texte de la Constitution, « prend une
forme juridique dans la charge de père immédiat ». En effet, le supérieur
de la maison mère devient de père immédiat de la maison fille (nous verrons
plus tard en quoi consiste cette charge). Mais il est important de ne pas oublier
qu’il s’agit essentiellement d’un lien entre deux communautés et non simplement
d’un lien entre la maison fille et son père immédiat.
En
réalité, la charge de Père immédiat n’est pas une charge en elle-même que
quelqu’un pourrait recevoir ; elle est une dimension de la charge
abbatiale de quiconque est le supérieur d’une communauté ayant des
maisons-filles. C’est pourquoi,
strictement parlant, cette « charge » ne peut pas être déléguée. Même
si l’on parle couramment de « père immédiat délégué », il serait plus
juste, canoniquement, de parler du « délégué du père immédiat ». En
effet, lorsqu’il y a une telle délégation, l’abbé de la maison mère demeure le
père immédiat, mais il délègue à un autre l’exercice de sa responsabilité
pastorale à l’égard d’une des maisons filles de sa communauté.
Et comme
le dit encore la Cst. la relation de paternité et de filiation peut se
concrétiser en diverses formes d’aide et de soutien mutuel.
La
situation est différente et un peu plus complexe pour ce qui concerne les
monastères de moniales. En principe rien
ne s’opposerait à ce qu’il y ait le même type de relation entre les communautés
de moniales, avec un système de mères immédiates. L’Ordre – les moniales les premières – n’a
jamais voulu aller dans dette direction. Concrètement, chaque monastère de moniales est rattaché à un monastère de
moines dont l’abbé devient le père immédiat de la communauté de moniales. Même
si c’est moins évident que pour les monastères de moines, il s’agit toujours
d’abord d’un lien entre communautés, et non seulement du lien avec un père
immédiat.
Diverses
raisons peuvent amener à des « changements de filiation ». J’ai déjà
mentionné le fait que, dans les années ’60, plus ou moins à l’époque du
Concile, un « rééquilibrage » des filiations a été réalisé dans notre
Ordre pour soulager les communautés de moines qui avaient un trop grand nombre
de maisons filles. Cela n’a pas toujours eu des résultats uniquement positifs,
car chaque filiation développe, surtout si elle existe depuis longtemps, une
sorte d’esprit de famille.
Il peut
arriver en certains cas, qu’il y ait une situation tendue entre un
supérieur (ou une supérieure) et son père immédiat, ou même entre une
communauté et son père immédiat. Il existe diverses façons de traiter
pastoralement une telle situation. Mais, étant donné que la filiation est un
lien entre communautés, il faut absolument éviter de faire un changement de
filiation simplement à cause de tensions entre personnes. De toute façon un tel
changement ne peut être opéré que par le Chapitre Général et il doit être
d’abord soumis à la délibération des deux communautés concernées.
Maisons filles de Scourmont :
Caldey et Mokoto : fondations de Scourmont
Notre-Dame de la Paix (Chimay), Soleilmont, Murhesa, Kibungo : maisons
de moniales dont Scourmont a reçu la paternité
Kunnambetta : fondation
de Soleilmont à l’égard de laquelle l’abbé de Scourmont conserve une
responsabilité pastorale puisqu’il s’agit d’une « partie » non
autonome de Soleilmont
Maria Frieden : maison fille de Mariawald,
dont l’abbé a délégué à l’abbé de Scourmont la charge de père immédiat
Illah : communauté sur laquelle Genesee et Scourmont ont accepté une
responsabilité partagée : Genesee pour l’aspect « pastoral » et
Scourmont pour l’aspect « matériel et économique ».
Autres délégations occasionnelles (p.e. Visites
régulières).
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