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Chapitre pour le 23 décembre 2012
Le Seigneur sauve (= Jésus)
A l’approche de Noël, les textes
liturgiques sont de plus en plus centrés sur le thème du salut. Ainsi, dans le récit
de l’apparition de l’ange à Joseph, l’Ange du Seigneur non seulement l’exhorte à
prendre chez lui Marie, son épouse, mais il lui indique déjà quel nom il devra
donner au Fils qu’elle porte. Il
s’appellera Jésus, un nom qui signifie « Le Seigneur sauve ».
Le salut est une préoccupation
fondamentale de l’homme, et l’on trouvait déjà dans l’AT toute une série de
noms propres qui incluaient la racine yaša, qui veut
dire salut : ainsi, Josué (dont le nom est le même que celui de Jésus et
signifie « le Seigneur sauve »), Isaïe (qui veut dire « Dieu sauve »),
Élisée (qui peut se traduire par « Dieu a aidé), Osée (= « il sauve »),
etc.
L’idée de salut est aussi exprimée
dans la bible hébraïque par un ensemble de racines qui se rapporte à la même
expérience humaine fondamentale : «être sauvé, c’est être tiré d’un danger
où l’on risquait de périr. Suivant la
nature du péril, l’acte de sauver s’apparente à la protection, la libération,
le rachat, la guérison ; et le
salut, à la victoire, la vie, la paix. » (Vocabulaire de théologie biblique, p. 1186).
L’idée d’un Dieu qui sauve était
commune à toutes les religions. À
l’époque où l’on connaissait moins les lois de la nature, et où les humains
étaient beaucoup plus constamment exposés aux dangers de toutes sortes que de
nos jours, on ressentait sans doute beaucoup plus que de nos jours un besoin
viscéral d’être sauvé, c’est-à-dire d’être protégé de toutes sortes de maux, et
d’en être libérés lorsqu’on en était frappé.
Lorsque Dieu se fait homme, il
apparaît comme le Sauveur par excellence et aussi le libérateur par
excellence. Qu’il suffise de relire la
réponse de Jésus aux disciples de Jean... (« Allez dire à Jean ce que vous
avez vu... ») Jésus est celui qui sauve : il sauve les malades en les
guérissant, même en certains cas il sauve les morts en les ramenant à la vie.
Il sauve les pécheurs en leur pardonnant leurs fautes et en les appelant à la
conversion.
Toute la prédication évangélique sera
fondée sur le salut. Le message des
Apôtres et des disciples est que Jésus qui a été mis à mort et est ressuscité
apporte le salut à quiconque croit en lui – païens aussi bien que juifs.
C’est sans doute à cause de
l’importance du salut dans la prédication de la première génération chrétienne,
que Matthieu aussi bien que Luc se sont efforcés de souligner le rôle de
Sauveur de Jésus. Matthieu met ce rôle
en référence avec le nom de Jésus. Luc
lui donne explicitement le titre de « sauveur » (Luc 2,11). Il fait annoncer l’apparition du salut aussi
bien par Zacharie que par Siméon. La
prédication de Jean-Baptiste prépare les voies du Seigneur « afin que
toute chair voie le Salut de Dieu ».
À la messe de ce matin, nous avons
comme psaume responsorial le psaume 79 qui comporte
un refrain qui revient trois fois dans le texte : « Dieu, fais-nous
revenir ; que ton visage s’éclaire et nous serons sauvés ».
Toute la prédication de la première
génération chrétienne après la Résurrection et la Pentecôte, a pour objet le
salut apporté par le Christ et réalisé conformément aux Écritures. Saint Paul,
dans ses Lettres, affirme avoir été appelé à annoncer à toutes les nations la
Bonne Nouvelle concernant le Fils de Dieu, afin que son Nom par lequel vient tout
salut, soit honoré par toute la terre et que tous soient sauvés.
Au-delà les diverses formes de salut
qui nous rejoignent chaque jour à travers la grâce de la vie dans le Christ, le
salut a une dimension eschatologique. Il
sera pleinement réalisé pour chacun de nous lorsque nous verrons dieu face à
face et que le Christ Sauveur vivra pleinement en nous.
Il est vrai qu’aujourd’hui les gens
sont moins sensibles à cette notion de « salut ». C’est pourquoi des
théologiens comme le Père Moingt proposent de parler plutôt de « sens »
(i.e. signification). Les hommes ont besoin qu’il y ait un sens à leur
existence. Or, par l’Incarnation, en se faisant l’un de nous, Dieu nous a
révélé le sens de notre existence humaine. Le sens ultime de notre existence est notre salut, c’est-à-dire notre
participation, dans le temps et dans l’éternité, à la vie même de Dieu.
Armand Veilleux
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