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L’Office des laudes (RB 12, 13 et 14) Après avoir traité longuement de l’Office de la nuit, Benoît
consacre
aux
Laudes
trois
chapitres
(12,
13
et
14)
à
l’Office
des
Laudes.
Je
traiterai
ensemble
ces
trois
chapitres
d’autant
plus
que
les
deux
premiers
(12
et
13)
n’en
formaient
qu’un
seul
dans
le
texte
original
de
Benoît,
comme
le
montre
clairement
la
conclusion
du
chapitre
13
concernant
le
Pater,
qui
s’applique
de
façon
évidente
aussi
bien
à
l’Office
du
dimanche
qu’à
celui
des
jours
de
semaine. Le titre du chapitre 12 (qui servait de titre aux deux chapitres
n’en
faisant
qu’un)
se
lit
en
latin
Quomodo
matutinorum
solemnitas
agatur (comment célébrer les Laudes). Il s’agit donc d’un
Office
qui
comporte
une
certaine
« solennité »,
aussi
bien
sur
semaine
que
le
dimanche.
Les
Vigiles
ont
été
une
prière
plus
méditative,
plus
paisible.
Maintenant
que
le
jour
commence
à
se
lever,
il
convient
de
prendre
une
attitude
plus
animée
de
joie,
qui
deviendra
louange.
(Comme
d’habitude,
je
ne
m’arrête
pas
ici
aux
questions
de
caractère
plus
scientifique
concernant
la
façon
dont
Benoît
s’inspire
de
l’Office
alors
en
usage
soit
dans
les
monastères
de
la
région
de
Rome,
soit
dans
l’Office
cathédral
romain). Benoît prévoit que l’Office de Laudes commence toujours,
le
dimanche
comme
la
semaine
par
le
psaume
66,
qui
lui
donne
tout
de
suite
son
caractère
de
louange,
spécialement
avec
le
refrain
qu’il
comporte
« Que
les
peuples,
Dieu,
te
rendent
grâce ;
qu’ils
te
rendent
grâce
tous
ensemble ! ». Un détail pratique intéressant, qui montre bien le sens
pratique
de
Benoît
et
sa
compréhension
de
la
faiblesse
humaine. Ce psaume, tout en donnant par son contenu le
ton
de
l’Office,
est
chanté
sans
antienne,
et
« en
traînant
quelque
peu »,
pour
que
tous
soient
bien
arrivés
pour
le
psaume
50
–
l’hymne
étant
à
la
fin
de
l’Office
(j’y
reviendrai).
Il
y
avait
donc
à
l’époque
de
Benoît,
comme
aujourd’hui
des
frères
qui
arrivaient
en
retard.
On notera le mot latin « dicatur »
(« dicatur
psalmus... »).
Les
éditions
françaises
de
la
Règle
traduisent
souvent
par
« on
dira
les
psaumes ». C’est une erreur, car le verbe « dire »,
dans
le
latin
chrétien
de
l’époque,
était
synonyme
de
« cantare ». Les
psaumes,
qui
sont
des
poèmes,
étaient
toujours
chantés,
jamais
simplement
récités.
Il
pouvaient
être
chantés
directement,
c’est-à-dire
sans
antienne,
ou
avec
une
antienne
qui
en
indiquait
le
ton.
Après cela venait chaque jour le psaume 50 (le dimanche
avec
Alleluia,
et
les
autres
jours
avec
une
autre
antienne).
Ce
psaume,
tout
empreint
du
sens
de
la
miséricorde
de
Dieu,
rappelle
au
moine
sa
condition
de
pécheur,
qui
ne
l’empêche
cependant
pas
d’approcher
Dieu
pour
le
louer. Le dimanche suivent les psaume 117 et 62 qui font entrer
directement
dans
l’esprit
de
cet
Office,
puisqu’ils
chantent
la
lumière
et
la
résurrection.
Ils
donnent
un
caractère
« pascal »
à
cet
Office.
Pour
chaque
jour
de
la
semaine
d’autres
psaumes
sont
choisis,
mais
il
s’agit
toujours
de
psaumes
ayant
ce
même
caractère
pascal. Suit ensuite, le dimanche, les « Bénédictions ». C’est ainsi que Benoît appelle le Cantique de
Daniel
(Dn
3,
57ss) :
«
Toutes
les
oeuvres
du
Seigneur,
bénissez
le
Seigneur... »
etc.,
qui
ouvrent
la
louange
à
une
dimension
cosmique.
Puis
la
joie
exulte
dans
les
psaumes
148-150,
que
Benoît
appelle
les
« Laudes »,
qui
ont
donné
leur
nom
à
cet
Office. L’Office des Laudes sur semaine n’est pas très différent
de
celui
du
dimanche,
avec
simplement
des
psaumes
propres
pour
chaque
jour,
et
un
cantique
de
l’Ancien
Testament
différent
pour
chaque
jour. Aussi bien le dimanche que chaque jour de semaine, Benoît
prévoit
que
l’abbé
récitera
à
haute
voix
le
Pater,
à
la
fin
de
Laudes
comme
aussi
à
la
fin
des
Vêpres,
et
« tous
l’écouteront »,
dit-il.
Benoît
est
un
homme
pratique ;
il
sait
que
dans
une
communauté
faite
d’hommes,
il
y
a
parfois
des
conflits,
même
des
animosités
–
qu’il
appelle
des
« épines »
de
scandales.
Les
frères
ont
pu
se
blesser
mutuellement,
il
doivent
donc
se
pardonner
mutuellement.
C’est
ce
qu’ils
sont
appelés
à
faire
en
écoutant
attentivement
les
paroles
du
Pater
prononcées
par
l’abbé :
« pardonne-nous
nos
offenses
comme
nous
pardonnons... ». Je ne m’arrête pas au très bref chapitre 14 qui ne fait
que
dire
qu’aux
fêtes
des
saints
et
à
toutes
les
solennités
on
agira
comme
pour
le
dimanche,
sauf
qu’on
prend
les
psaumes,
antiennes
et
leçons
correspondant
au
jour
de
la
semaine. Notre Office de Laudes aujourd’hui est légèrement différent
de
ce
qu’il
était
à
l’époque
de
Benoît,
mais
l’esprit
demeure
le
même. Le choix des psaumes nous fait commencer le
jour
dans
une
atmosphère
de
louange,
avec
aussi
le
sens
de
notre
besoin
de
la
miséricorde
de
Dieu.
L’hymne,
que
Benoît
situation
à
la
fin
de
l’Office
est
désormais
au
début ;
ce
qui
souligne
encore
plus
le
caractère
de
louange
de
cet
Office. Quant à la récitation du Pater par l’abbé, que Benoît prévoyait
à
la
fin
des
Laudes
et
des
Vêpres,
elle
a
lieu
désormais
pour
nous
une
seule
fois,
à
la
fin
des
Complies.
L’esprit
de
cette
pratique
est
le
même,
cette
récitation
à
la
fin
de
la
journée
nous
rappelle
l’obligation
de
l’Évangile
de
nous
réconcilier
avec
notre
frère
avant
d’entrer
dans
la
nuit
et
de
passer
à
un
jour
nouveau. Cet Office des Laudes nous rappelle chaque jour que toute
notre
vie
doit
être
une
louange
de
Dieu,
qui
nous
a
créés
à
son
image,
qui
nous
offre
sans
cesse
sa
miséricorde
et
son
pardon
et
qui
nous
appelle
à
être
conformés
à
l’image
de
son
Fils. Armand VEILLEUX
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