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RB 11 – Comment célébrer les Vigiles le dimanche Je reprends aujourd’hui mon commentaire de la Règle de saint
Benoît
interrompu
depuis
quelques
mois
par
quelques
absences
et
par
le
traitement
d’autres
sujets
d’actualité.
Nous
sommes
toujours
au
coeur
de
la
longue
série
de
chapitres
de
la
Règle
qui
décrivent
l’organisation
de
l’Office
divin
selon
les
divers
temps
du
jour
et
de
la
nuit
et
les
diverses
saisons
de
l’année.
Dans
mon
premier
commentaire,
il
y
a
plusieurs
années,
j’avais
traité
rapidement
ces
chapitres,
en
les
regroupant,
puisque
cette
description
détaillée
de
Benoît
ne
correspond
pas
à
notre
pratique
actuelle.
Cette
fois-ci
je
tiens
à
m’arrêter
à
chaque
chapitre,
parce
qu’on
y
trouve
ici
et
là
quelques
petites
indications
pratiques
qui
ont
un
grand
poids
spirituel
et
nous
révèle
la
pensée
de
Benoît.
Nous avons déjà vu les trois premiers chapitres de cette
série,
dans
lesquels
Benoît
décrit
la
célébration
de
l’Office
de
la
nuit,
en
hiver
et
en
été,
et
comment
il
y
répartit
les
psaumes. Le chapitre suivant (RB 11) décrit les particularités
de
l’Office
le
dimanche. Même s’il n’y a pas dans la Règle un chapitre spécial sur
le
dimanche,
plusieurs
passages
de
la
Règle
nous
laissent
voir
l’importance
que
ce
premier
jour
de
la
semaine
avait
pour
Benoît.
Il
y
a
en
particulier
le
passage
du
chapitre
48,
qui
traite
en
réalité
de
l’équilibre
de
la
journée
monastique,
même
si
le
titre
est
« Du
travail
manuel
quotidien ».
On
y
lit,
au
verset
22 :
« Le
dimanche,
tous
vaqueront
à
la
lecture,
excepté
ceux
qui
sont
chargés
de
diverses
fonctions. » Dans nos sociétés modernes le dimanche est perçu avant tout
comme
une
journée
de
repos
–
ce
qui
n’est
certes
pas
étranger
à
la
vision
du
Livre
de
la
Genèse
qui
nous
montre
Dieu
se
reposant
le
septième
jour
–
ou
comme
une
journée
de
loisir
et
de
distraction.
Pour le moine, le dimanche est aussi une journée de repos,
mais
nous
devons
être
attentifs
à
ce
que
ce
ne
soit
pas
une
journée
de
« repos
de
la
vie
monastique »,
c’est-à-dire
une
journée
où
l’on
rechercherait
des
distractions
pour
se
reposer
des
exigences
de
la
vie
monastique
de
tous
les
jours.
Ce
doit
être
plutôt
une
journée
de
repos
contemplatif,
c’est-à-dire
de
repos
en
Dieu,
ce
qui
se
fait
essentiellement
dans
la
lectio
divina.
La
lecture
de
la
Parole
de
Dieu,
ou
d’autres
formes
de
lectio
doit
donc
être
notre
activité
principale,
le
Jour
du
Seigneur.
Et
comme
la
première
forme
de
lectio
divina,
dans
la
vie
monastique,
est
la
lecture
de
la
Parole
de
Dieu
au
cours
de
l’Office
divin,
il
est
normal
que
l’Office
du
dimanche
–
et
spécialement
l’Office
de
la
nuit
–
soit
particulièrement
riche
en
lectures. Les historiens de la liturgie nous enseignent que, selon
la
tradition
monastique
ancienne,
qui
était
encore
en
vigueur
à
l’époque
de
Benoît,
toute
la
nuit
du
samedi
au
dimanche,
depuis
le
samedi
soir
jusqu’au
premier
chant
du
coq,
se
passait
en
prière.
La
Règle
du
Maître
(c.
49)
prescrit
encore
cette
pratique
même
si
des
auteurs
comme
Cassien
et
Césaire
soulignent
à
quel
point
ces
longues
Vigiles
devenaient
facilement
une
simple
lutte
–
souvent
perdue
–
contre
le
sommeil.
Benoît,
suivant
la
pratique
récente
des
basiliques
romaines,
place
cet
office
en
fin
de
nuit,
comme
les
autres
jours,
quitte
à
se
lever
un
peu
plus
tôt
que
d’habitude,
précisément
pour
permettre
des
lectures
bibliques
et
patristiques
plus
longues
et
plus
nombreuses. On remarquera le bon sens pratique de Benoît qui prévoit
que
parfois
on
se
lèvera
en
retard,
à
cause
de
la
négligence
du
sonneur
et
qui,
au
chapitre
48,
lorsqu’il
dit
que
le
dimanche
est
consacré
à
la
lectio
divina,
prévoit
que
certains
ne
peuvent
pas
le
faire,
étant
occupé
à
diverses
tâches
au
service
de
la
communauté. Je ne lirai pas maintenant ce chapitre assez long. J’en signalerai
simplement
quelques
éléments.
Il
y
a
tout
d’abord
ici
et
là
de
brèves
expressions
qui
révèlent
le
sens
de
la
présence
de
Dieu
qui
doit
animer
tout
cet
Office
–
comme
d’ailleurs
tous
les
Offices.
Ainsi,
au
verset
3,
il
est
dit
que
lorsque
le
chantre
entonnera
le
Gloria
à
la
fin
du
quatrième
répons
suivant
la
quatrième
leçon
du
premier
nocturne,
« tous
se
lèveront
avec
révérence ». De même, lorsque l’abbé lira l’Évangile, à la
fin,
« tous
se
tiendront
debout
avec
crainte
et
respect ». En effet, à la fin du troisième nocturne, on lit le dimanche
l’Évangile.
Il
est
probable
que
cet
Évangile,
pour
Benoît,
n’était
pas
l’Évangile
qu’on
lirait
à
la
messe
du
jour,
mais
l’un
des
récits
de
la
résurrection,
selon
la
vieille
tradition
de
l’Église
primitive.
Mais
il
faut
dire
que
selon
cette
tradition,
cette
lecture
de
l’Évangile
faisait
partie
d’un
« Office
le
Résurrection »
qui
était
distinct
de
l’Office
de
la
nuit
et
séparé
de
celui-ci,
même
s’il
se
célébrait
presque
tout
de
suite
après. Diverses expériences ont été faites à l’époque
de
la
réforme
liturgique
postconciliaire
pour
cet
Office
de
la
Résurrection.
Un
certain
nombre
de
monastères
continuent
de
le
célébrer,
mais
ce
n’est
jamais
devenu
une
pratique
générale.
Enfin, le Te Deum nous fait conclure cet Office dans
un
esprit
festif
et
prépare
déjà
la
célébration
des
Laudes
qui,
chez
Benoît,
suivait
presque
tout
de
suite. Retenons au moins deux choses : La première est que
le
dimanche
doit
être
un
jour
festif
qui
nous
rappelle
notre
joie
d’être
chrétiens
et
moines.
Et
la
seconde
est
que
le
dimanche
doit
être
en
tout
premier
lieu
une
journée
consacrée
à
la
lectio,
c’est-à-dire
à
la
Parole
de
Dieu
–
parole
entendue
plus
longuement
dans
la
liturgie
et
méditée
plus
longuement
au
cours
de
notre
lectio
privée. Armand VEILLEUX
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