1 janvier 2010 – Voeux de l’An Nouveau

Communauté de Scourmont

 

 

Bonne Année !

 

            Du point de vue liturgique, le 1er janvier est la Fête de Marie, Mère de Dieu. C’est ce que nous célébrons tout au long des Offices Liturgiques de la journée et que nous célébrerons particulièrement durant l’Eucharistie. 

            C’est aussi le début de l’année civile et l’occasion de se souhaiter une « Bonne Année ».  Je ne crois pas qu’il faille opposer ces deux calendriers.  Les deux sont importants pour nous.  Même si nous avons quitté – ou pensons avoir quitté – le « monde » en entrant au monastère, le calendrier civil est celui par lequel sont déterminées nos dates de naissance, de baptême, de profession, d’ordination et tous les événements importants de notre vie personnelle, communautaire et collective.   

            Ce calendrier civil, basé sur la rotation de la terre sur autour du soleil, est ce qui nous relie à l’ensemble des rythmes de la nature physique, qui constituent une immense symphonie dont les dimensions dépassent tout ce qu’on peut imaginer. Avant Galilée on pensait que l’univers se limitait à la terre et à quelques autres astres et étoiles visibles à l’œil de l’observateur. Puis on a découvert que tous ces astres connues tournent autour du soleil, puis que notre soleil n’est qu’une étoile parmi des millions d’autres formant une galaxie, puis qu’il y a des millions de galaxies qui constituent l’univers.  Et les scientifiques disent maintenant que notre univers dont les limites atteignent des millions d’années lumière n’est qu’un univers entre des millions d’autres univers. C’est à toute cette immense danse cosmique que nous relie notre lien avec le calendrier civil ! 

            C’est la tradition de se souhaiter bonne année en ce premier jour de l’année civile.  Est-ce plus qu’une formule ? – Pour quiconque a la foi, il est certain que cette année, comme toutes les autres, sera une année de grâces. Mais il nous est tout à fait impossible de prévoir quelles grâces nous viendront de Dieu en cette année.  Nous espérons pour chacun de nous une bonne santé.  Mais nous savons aussi que nous aurons tous à un moment ou l’autre de petits ou de gros problèmes de santé. L’important sera pour chacun de nous de bien les vivre. 

            Du point de vue matériel, l’année qui se termine aura été une année encore difficile.  Les pays industrialisés et la grande industrie (ainsi que le monde bancaire) sont graduellement sortis de la crise économique de l’année précédente. Mais les pays en voie de développement et les pauvres dans tous les pays continuent de souffrir de cette crise.  Nous ne pouvons pas dire que nous avons été très touchés dans notre vie de tous les jours.  À ce point de vue, nous appartenons au monde des privilégiés.  C’est donc pour nous une obligation de continuer à faire profiter largement les pauvres qui nous entourent et ceux des pays pauvres des ressources dont nous disposons pour le moment. 

            Le 1er janvier est aussi est aussi considéré depuis longtemps comme la « Journée Mondiale pour la Paix ». Malheureusement l’année qui se termine a été marquée par beaucoup de bruits de guerre, beaucoup de violences en plusieurs parties du monde et beaucoup d’insécurité. Nos communautés africaines et particulièrement celle de Murhesa l’ont vécu avec intensité ces derniers temps. L’année nouvelle ne commence pas avec de meilleures augures.  Que pouvons-nous faire ?  Il est clair qu’aucun d’entre nous n’a d’influence sur les rouages de la politique internationale.  Mais nous avons tous l’obligation d’introduire de la paix dans le monde, en veillant à maintenir cette paix en chacun de nos coeurs, dans nos relations personnes avec Dieu, dans nos relations les uns avec les autres et dans nos relations avec les personnes de notre milieu et avec notre environnement. 

            Comme par les années précédentes, je voudrais prendre, pour vous exprimer mes voeux, la très belle bénédiction qu’on trouve à la première lecture de la Messe d’aujourd’hui (et que nous avons eu comme lecture à Laudes), et qui est tirée du Livre des Nombres.  Cette lecture n’a évidemment rien à voir avec la Fête de Marie, Mère de Dieu (pour laquelle sont choisies les deux autres lectures).  Elle a été choisie précisément comme une expression des voeux en ce premier jour de l’année civile. 

            En voici le texte : 

Que le Seigneur te bénisse et te garde!

Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu'il se penche vers toi!

Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu'il t'apporte la paix!

 

            Le souhait est tout d’abord que Dieu nous bénisse.  Cela ne veut pas dire faire simplement un signe de croix ( !) de la main, comme lorsque quelqu’un nous demande de le bénir !  Cela veut dire qu’on demande que Dieu prononce sur nous la parole qui nous rende heureux (makarioi) – une parole nécessairement efficace -- et qu’il nous garde, nous conserve dans ce bonheur.  La même réalité est exprimée par les deux phrases suivantes utilisant des images différentes.  La première est « que le Seigneur fasse briller sur toi son visage », ce qui pourrait se traduire de façon plus juste par : « qu’il te montre un visage souriant ».  Et la deuxième est : « Que le Seigneur tourne vers toi son visage – ce qui signifie, qu’il te regarde avec amour et bienveillance – et qu’il t’apporte la paix ».  Cette paix dont nous avons tous besoin et dont notre monde a tant besoin. 

            C’est donc la bénédiction que je veux prononcer sur vous :  

Que le Seigneur vous bénisse et vous garde!

Que le Seigneur fasse briller sur vous son visage, qu'il se penche vers vous!

Que le Seigneur tourne vers vous son visage, qu'il vous apporte la paix!

 

 

Armand Veilleux

 

 

 

 

             

 


 

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