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31 mai 2009 – Fête de
la
Pentecôte Chapitre à la Communauté
de
Scourmont Ne pas être à bout de souffle... Dans le sermon que nous avons lu au troisième nocturne ce matin, saint
Léon
le
Grand
affirmait
que
lorsque
l’Esprit
Saint
remplit
les
disciples
le
jour
de
la
Pentecôte,
ce
ne
fut
pas
un
début
dans
le
don,
mais
une
largesse
qui
s’ajoutait
à
d’autres.
Et
il
expliquait
que
c’était
le
même
esprit
qui
avait
inspiré
les
patriarches,
les
prophètes
et
les
prêtres
de
l’Ancienne
Alliance.
En réalité l’Esprit est présent dans
tout
l’Ancien
Testament,
depuis
le
récit
de
la
Genèse,
qui
présente
le
début
de
toutes
choses
comme
un
immense
magma
de
matière,
un
immense
chaos
(un
tohu-bohu,
en
hébreu),
sans
vie.
Alors
le
souffle
de
Dieu
(ou
l’esprit
de
Dieu,
le
mot
hébreu
ruah
signifiant
à
la
fois
souffle
et
esprit)
plana
sur
ce
chaos
en
en
fit
jaillir
la
vie
par
vagues
successives.
Chaque
vague
impliquait
une
nouvelle
diversification :
ténèbre
et
lumière,
ciel
et
terre,
végétaux
et
animaux,
homme
et
femme.
L’être
humain
apparaît
lorsque
Dieu
insuffle
son
propre
esprit
dans
l’une
de
ses
créatures.
Il
serait
stupide
de
briser
la
beauté
--
le « souffle » grandiose -- de cette
vision
mystique
et
poétique
en
essayant
d’y
voir
un
fondement
pour
l’une
ou
l’autre
des
hypothèses
scientifiques
modernes
sur
l’origine
de
la
vie
humaine.
Si l’on accepte Dieu comme l’origine de toute
vie,
l’Esprit
qui
donne
vie
à
tout
être
vivant
–
tout
organisme
vivant
–
n’est
pas
autre
que
celui
que,
dans
le
Nouveau
Testament,
on
appelle
le
Saint
Esprit. Nous retrouvons la présence de ce Souffle
de
Dieu
tout
au
long
de
la
Bible
juive
et
dans
les
écrits
du
Nouveau
Testament.
Lorsque
des
hommes
jouèrent
un
rôle
important
dans
la
conduite
politique
du
peuple,
comme
les
patriarches
ou
encore
un
Moïse
ou
un
Josué,
ou
encore
dans
l’appel
du
peuple
à
la
conscience
ou
à
la
conversion,
comme
le
firent
ceux
qu’on
appela
les
prophètes,
c’est
que
le
Souffle
de
Dieu
descendit
sur
eux
ou
même
fondit
sur
eux. Le messager qui annonce à Marie qu’elle
sera
mère
du
Fils
de
Dieu,
lui
explique
que
le
Souffle
de
Dieu
planera
sur
elle,
comme
il
avait
plané
sur
les
eaux
au
matin
de
la
création
et
en
avait
fait
jaillir
la
vie.
Lorsque
Jésus
veut
se
faire
disciple
de
Jean
le
Baptiste
et
qu’il
descend
dans
l’eau
du
Jourdain,
le
même
Esprit
de
Dieu
se
manifeste
au
dessus
de
lui
sous
la
forme
d’une
colombe,
symbole
de
la
paix.
Et
lorsque
le
même
Jésus
envoie
ses
disciples
en
mission,
la
dernière
fois
qu’il
se
manifeste
à
eux,
il
souffle
sur
eux. Enfin, un grand Souffle envahit l’endroit où
se
trouvent
les
apôtres,
le
jour
de
la
Pentecôte,
jour
où
ils
commencent
enfin
à
prendre
conscience
de
la
mission
que
Jésus
leur
a
donnée
de
répandre
son
Souffle
à
toutes
les
nations. Ce Souffle qui a donné vie à tout ce
qui
a
vie,
Jésus
de
Nazareth
l’a
appelé
son
Esprit
et
l’Esprit
de
son
Père.
Et
il
nous
l’a
promis.
Il
est
celui
que
nous
appelons
Dieu,
lorsque
nous
parlons
de
Dieu
avec
un
grand
« D ».
Il
est
plus
présent
à
nous
que
nous
ne
sommes
présents
à
nous-mêmes.
Nous
entrons
en
relation
personnelle
avec
Lui
lorsque
nous
pénétrons
en
notre
propre
coeur
jusqu’à
cette
racine
où
notre
être
jaillit
de
la
source
de
l’Être.
C’est
lorsque
nous
sommes
en
contact
avec
cet
Esprit
de
Dieu
en
nous
que
nous
pratiquons
la
prière
continuelle. Et toute forme d’amour humain est une participation
à
cet
Esprit,
comme
le
dit
saint
Paul :
« L’amour
de
Dieu
a
été
répandu
en
nos
coeurs
par
l’Esprit
Saint
qui
nous
a
été
donné ». Quand nous nous éloignons de ce centre,
quand
nous
nous
dispersons
dans
des
activités
superficielles,
nous
perdons
le
contact
avec
l’Esprit.
Nous
pouvons
dire
qu’alors
nous
nous
essoufflons,
au
point
d’être
à
bout
de
souffle.
Si
notre
société
occidentale
actuelle
semble
ne
plus
aller
que
de
crise
en
crise,
c’est
sans
doute
qu’elle
est
à
bout
de
Souffle,
coupée
de
la
source
de
toute
vie,
qu’il
s’agisse
de
vie
animale
ou
de
vie
humaine,
de
vie
du
corps
de
l’esprit
ou
du
coeur. La fête de la Pentecôte nous rappelle,
comme
à
tous
les
Chrétiens,
que
nous
devons
être
dans
le
monde
où
nous
vivons
des
porteurs
de
l’Esprit.
Nous
devons
être des ponts. La mission des croyants n’est pas d’abord de
faire
la
morale
à
leurs
concitoyens,
de
partir
en
croisade
pour
la
défense
de
tel
ou
tel
principe,
mais
bien
de
laisser
passer
à
travers
eux
le
Souffle,
afin
que
Celui-ci
anime
toujours
plus
l’humanité
et
l’univers. Pour cela il leur faut tout d’abord être présents
au
Monde,
d’une
présence
aimante
et
respectueuse
et,
d’autre
part,
se
laisser
eux-mêmes
remplir
du
Souffle.
En
tout
cas,
il
ne
convient
pas
à
des
Chrétiens,
et
encore
moins
à
des
moines
d’être
à
bout
de
Souffle ! Armand Veilleux
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