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Chapitre du 8 mars 2009,
2ème
dimanche
de
Carême La joie de croire dans la nuit L’antienne à la Vierge Marie que nous
chantons
à
la
fin
des
Offices
de
Laudes
et
de
Vêpres
durant
le
Carême
se
termine
par
la
demande
suivante :
« Réveille
en
nous
la
joie
de
croire
dans
la
nuit ». a) La joie Cette mention de la joie, en plein
Carême,
est
très
intéressante.
Nous
pouvons
la
mettre
en
relation
avec
ce
que
dit
saint
Benoît
dans
le
chapitre
de
sa
Règle
sur
le
Carême.
Toute
la
Règle
est
empreinte
d’une
sobriété
toute
romaine,
et
on
n’y
trouve
guère
de
grandes
démonstrations
de
joie
ou
d’enthousiasme.
Il
n’en
est
donc
que
plus
significatif
que
ce
soit
précisément
lorsqu’il
parle
de
l’observance
du
carême
que
Benoît
mentionne
explicitement
la
joie. Après avoir expliqué que le carême n’est pas
un
temps
pour
faire
des
choses
nouvelles
et
extraordinaires
mais
plutôt
pour
faire
mieux
et
plus
intensément
les
choses
qui
sont
les
éléments
essentiels
de
notre
vie
chrétienne
et
monastique
(telles
que
la
prière,
la
lectio,
l’abstinence),
il
invite
chacun
à
faire
volontairement
en
ces
domaines
quelque
chose
de
plus
que
d’habitude,
dans
la
joie
du
Saint
Esprit. Et il nous invite à une plus grande abstinence,
non
seulement
de
nourriture,
de
boisson
et
de
sommeil,
mais
aussi
de
bavardage
et
de
plaisanterie,
afin,
dit-il,
d’attendre
la
saint
Pâque
dans
la
joie
du
désir
spirituel.
Remarquons
aussi
le
lien
qu’il
établit
entre
la
joie
et
le
désir.
En
effet,
si
nous
pouvons
trouver
des
satisfactions
et
de
l’agrément
dans
les
plaisirs
superficiels
de
la
vie,
y
compris
les
plaisirs
les
plus
sains
et
les
plus
légitimes,
la
vraie
joie
se
trouve
dans
une
union
d’amour
avec
Dieu.
Dans le chapitre 15 de l’Évangile de
Jean,
Jésus
--
qui
va
pourtant
bientôt
mourir
--
après avoir révélé à ses disciples le mystère
de
l’amour
qui
l’unit
à
son
Père,
et
après
les
avoir
invités
à
demeurer
dans
cet
amour
comme
il
demeure
dans
l’amour
de
son
Père,:
« Je
vous
ai
dit
cela
pour
que
ma
joie
soit
en
vous
et
que
votre
joie
soit
parfaire ».
(Jn 15,11). Et, bien sûr, dans l’Évangile de Matthieu,
la
prédication
de
Jésus
commence
par
cette
longue
proclamation
par
Jésus,
dans
le
Sermon
sur
la
Montagne,
des
véritables
sources
du
bonheur :
« Bienheureux... »
Bienheureux,
véritablement
heureux,
sont
les
pauvres,
les
coeurs
purs,
ceux
qui
sont
assoiffés
de
justice,
les
artisans
de
paix,
etc. b) La joie de croire
C’est pourquoi le texte de notre antienne à la Vierge parle de la « joie
de
croire ».
Notre
foi
en
Dieu
–
notre
foi
dans
le
Père
que
Jésus
nous
a
révélé
–
est
pour
nous,
et
doit
toujours
être
pour
nous
une
source
de
joie. Toute forme de religion ou de religiosité qui
tue
ou
diminue
la
joie,
qui
crée
la
peur
ou
l’angoisse,
est
une
fausse
religiosité,
opposée
à
la
foi.
Notre
foi
n’est
pas
un
opium
nous
permettant
de
supporter
les
difficultés
de
la
vie
présente,
ni
une
simple
attente
de
biens
à
venir. Elle est déjà la possession de ce que nous posséderons
en
plénitude
durant
l’éternité.
Lorsque
Jésus
dit
à
ses
disciples
qu’il
veut
que
leur
joie
soit
parfaite,
le
contexte
manifeste
clairement
qu’il
veut
que
cette
joie
soit
parfaite
dès
ici-bas,
dès
maintenant.
Elle
consiste
dans
l’amour.
« Comme
mon
Père
m’a
aimé,
moi
aussi
je
vous
ai
aimés ;
demeurez
dans
mon
amour »
(Jn
15,10).
Et
après
leur
avoir
expliqué
qu’il
leur
a
dit
tout
cela,
pour
que
leur
joie
soit
parfaite
il
les
invite
à
s’aimer
les
uns
les
autres. Notre joie éternelle sera de vivre dans l’amour
de
Dieu.
Cette
joie
est
objet
de
désir,
car
cet
amour
est
capable
d’une
croissance
infinie,
mais
elle
est
aussi
une
joie
que
nous
pouvons
et
devons
vivre
dès
ici-bas.
Elle
est
le
fruit
de
la
vie,
de
la
mort
et
de
la
Résurrection
de
Jésus
de
Nazareth,
et
c’est
pourquoi
Benoît
nous
appelle
à
attendre
Pâques
dans
la
joie
de
l’Esprit. c) Dans la nuit Dans la vie spirituelle comme dans la nature, il y a en général une alternance
de
jour
et
de
nuit,
de
moments
de
lumière
quand
tout
est
clair
et
de
moments
de
ténèbres
quand
tout
semble
obscur.
Cela
vaut
du
cheminement
de
l’Église
et
du
Monde
aussi
bien
que
du
cheminement
personnel
de
chacun
de
nous.
La
foi,
dont
nous
avons
reçu
le
don,
nous
permet
de
conserver
une
joie
profonde
même
au
milieu
de
ténèbres
et
parfois
des
souffrances,
tout
comme
Jésus
parlait
à
ses
disciples
de
la
joie
au
moment
même
où
il
entrait
dans
les
ténèbres
de
sa
propre
Passion. d) Réveille en nous
la
joie... Certaines situations personnelles ou
globales
risquent
de
mettre
cette
joie
en
veilleuse. Elle doit donc être sans cesse « réveillée ».
C’est
ce
que
nous
demandons
dans
cette
antienne. Au niveau mondial la situation est
particulièrement
noire
depuis
quelques
années,
avec
les
conflits
guerriers
qui
se
multiplient,
la
dureté
de
l’oppression
de
certains
peuples
et
de
certaines
catégories
de
personnes.
Et,
plus
récemment,
il
y
a
cette
crise
financière,
qui
a
engendré
une
crise
économique,
laquelle
a
engendré
une
crise
sociale
qui
ne
fait
que
commencer. Pour ne pas nous laisser allé au pessimisme
et
à
la
tristesse,
il
faut
que
soit
réveillé
en
nous
la
foi
qui
nous
fait
non
pas
ignorer
ces
situations,
mais
plutôt,
d’une
part
mettre
notre
joie
à
un
niveau
plus
profond
et,
d’autre
part,
faire
ce
que
nous
pouvons,
chacun
dans
notre
sphère,
pour
corriger
ces
situations
dans
la
mesure,
si
petite
soit-elle
où
nous
le
pouvons. Au niveau ecclésial, certaines orientations
des
dernières
années
et
particulièrement
une
série
d’évènements
récents,
ont
de
quoi
attrister
et
peut-être
décourager
ceux
qui
avaient
beaucoup
espéré
du
grand
Souffle
qui
avait
animé
Vatican
II. Mais là aussi une foi authentique nous permet
de
percevoir
le
caractère
relatif
de
toutes
ces
situations
et
de
trouver
malgré
cela
une
joie
profonde
dans
notre
relation
avec
la
personne
de
Jésus. Dans un livre récent (Le rêve de
Jérusalem,
Desclée
de
B.,
Paris
2008)
le
cardinal
Carlo
Maria
Martini
cite
la
phrase
de
Jésus :
« Le
Fils
de
l’Homme,
lorsqu’il
reviendra,
rencontrera-t-il
la
foi
sur
la
terre ? »
et
il
commente
(p.
170) :
« Il
ne
demande
pas :
Rencontrerai-je
une
grande
Église
bien
organisée ?
Il
sait
apprécier
aussi
bien
une
Église
pauvre
et
petite,
animée
d’une
foi
puissante
et
agissant
selon
cette
foi. » C’est cette foi, et la joie qu’elle
engendre,
que,
dans
cette
antienne,
nous
demandons
à
Marie
de
nous
obtenir. Armand Veilleux
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