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Chapitre du 1 mars 2009
Premier Dimanche de
Carême L’Alliance de Dieu avec tous les êtres vivants Le 9ème chapitre du livre
de
la
Genèse
–
dans
son
récit
mythologique
du
déluge
--
propose
une
nouvelle
voie
de
communion.
La
logique
destructrice
des
empires
mésopotamiens,
faite
d’agressions,
d’oppressions,
d’exploitation
de
l’homme
par
l’homme
avait
conduit
à
la
punition
du
déluge.
Après
quoi
Dieu
établit
une
alliance
avec
ce
qui
reste
de
l’humanité
et
cette
alliance
s’exprime
dans
la
promesse :
« Il
n’y
aura
plus
de
déluge »
--
promesse
scellée
par
l’arc-en-ciel.
C’était
la
fin
–
ou
en
tout
cas
c’aurait
dû
être
la
fin
–
de
la
religion
de
la
peur,
remplacée
par
la
certitude
de
l’amour
de
Dieu
pour
l’humanité.
Cette
alliance
primordiale
de
Dieu,
toujours
valide,
a
été
faite
en
effet
avec
l’humanité
dans
son
entièreté
et
non
avec
un
peuple
« choisi ».
Elle
est
antérieure
au
choix
d’Abraham,
d’Isaac
et
de
Jacob
et
à
l’apparition
du
peuple
d’Israël. Noé est le représentant de l’humanité
entière
dans
cette
Alliance.
Il
apparaît
comme
le
juste
par
excellence,
dont
la
justice
lui
vaut
d’échapper
à
la
ruine
d’un
monde
condamné
et
de
réconcilier
avec
Dieu
la
terre
et
ses
habitants.
Son
histoire
sera
réinterprétée
par
la
tradition
sapientielle
(le
Siracide
et
le
Livre
de
la
Sagesse
en
particulier),
qui
élaboreront
sur
sa
base
le
thème
du
« Reste ».
Noé
est
le
type
de
ce
« reste »,
qui
constitue
à
lui
seul
le
peuple
juste
et
qui
préfigure
le
Juste
par
excellence,
le
Messie,
qui
sauvera
le
Monde
du
désastre
comme
Noé
l’avait
fait.
Le
Livre
de
la
Sagesse
parle,
dans
un
langage
très
poétique
(14,6),
de
« l’espoir
de
l’univers
[qui]
se
réfugia
sur
un
frêle
esquif...
et
laissa
au
monde
le
germe
d’une
génération
nouvelle ».
Noé
est
mentionné
plus
d’une
fois
dans
le
Nouveau
Testament,
en
particulier
dans
la
Lettre
aux
Hébreux
(11,7)
qui
le
présente
comme
le
juste
qui
crut
sur
la
seule
garantie
de
la
Parole
de
Dieu Cette Alliance de Dieu est présentée,
dans
le
récit
de
la
Genèse,
comme
une
alliance
non
seulement
avec
Noé
et
ses
fils,
mais
aussi
avec
tous
les
êtres
vivants
--
oiseaux,
animaux
domestiques,
bêtes
sauvages.
Cela
montre
bien
à
quel
point
la
vie
est
importante
pour
Dieu.
De
même,
dans
la
seconde
lecture,
Pierre
nous
dit
que
le
Christ,
après
avoir
été
mis
à
mort
a
été
rendu
à
la
vie
et
est
allé
proclamer
son
message
à
ceux
qui
étaient
prisonniers
de
la
mort
depuis
le
temps
du
déluge. De nos jours, face au danger de plus
en
plus
grand
et
quasi
irréversible
que
les
hommes
font
courir
à
la
planète,
se
développe
au
sein
de
l’humanité
une
certaine
conscience
écologique. Cette conscience écologique est généralement
fondée
presque
uniquement
sur
la
crainte
d’une
catastrophe
planétaire. Or, on pourrait trouver un fondement biblique
et
théologique
de
cette
préoccupation
écologique
dans
l’
Alliance
faite
entre
Dieu
et
tous
les
vivants
après
le
déluge.
Les
hommes
ont
constamment
rompu
cette
alliance,
à
laquelle
Dieu
a
été
fidèle.
D’où
le
besoin
d’une
conversion. Le souci de sauver la planète de notre gaspillage
est
un
appel
à
une
conversion
à
la
fois
personnelle
et
collective
dans
l’usage
que
nous
faisons
des
ressources
naturelles. Dans l’Évangile d’aujourd’hui, avec
la
manifestation
de
Jésus
lors
de
son
baptême,
une
page
importante
est
tournée
dans
la
vie
de
Jean-Baptiste.
Il
peut
désormais
disparaître
et
il
est
effectivement
enlevé
et
mis
en
prison.
Il
sera
bientôt
tué.
Une
page
importante
est
aussi
tournée
dans
la
vie
de
Jésus
et
un
nouveau
chapitre
commence
dans
la
vie
de
l'humanité. Il y a là pour nous une leçon. Nous devons savoir reconnaître les tournants
importants
dans
notre
vie,
aussi
bien
individuelle
que
collective. Souvent la fidélité à notre vocation ou à notre
mission
nous
appelle
à
mettre
le
point
final
à
un
chapitre,
à
tourner
la
page
et
à
commencer
décidément
le
chapitre
suivant,
comme
l'a
fait
Jésus. Or, comme il arrive souvent dans les livres
imprimés,
il
peut
y
avoir
une
page
blanche
entre
deux
chapitres. C'est le moment du désert, de la tentation,
de
la
lutte
contre
les
bêtes
sauvages
à
l'intérieur
comme
à
l'extérieur
de
nous-mêmes,
mais
aussi
un
moment
où
il
faut
savoir
reconnaître
les
anges
ou
les
messagers
que
Dieu
nous
envoie
pour
nous
assister,
nous
conseiller,
nous
guider. Toute la prédication de Jésus et le
message
qu'il
répétera
tout
au
long
de
sa
vie
publique,
Marc
les
résume
dans
l’Évangile
d’aujourd’hui
en
quelques
phrases
lapidaires
:
"Les
temps
sont
accomplis
--
le
règne
de
Dieu
est
tout
proche
--
convertissez-vous
et
croyez
à
la
bonne
nouvelle".
La
Bonne
Nouvelle
(Marc
1,1)
est
celle
de
la
possibilité
d'une
humanité
nouvelle,
pratiquant
la
justice
et
l'amour
et
vivant
dans
la
paix.
Cette
société
nouvelle
n'est
possible
que
si
les
hommes
renoncent
à
l'injustice
et
à
la
guerre,
ainsi
qu’à
l’exploitation
irrationnelle
de
la
planète;
que
s'ils
se
convertissent,
c'est-à-dire
laissent
Dieu
transformer
leur
coeur. C'est alors que se réalisera pleinement
l'alliance
signifiée
par
l'arc-en-ciel
après
le
déluge
lorsque
Dieu
dit
:
"J'établis
mon
alliance
avec
vous,
avec
tous
vos
descendants,
et
avec
tous
les
êtres
vivants
qui
sont
autour
de
vous. C’est toute l’histoire de cette Alliance
de
Dieu
avec
l’humanité
que
l’Évangéliste
Marc
fait
revivre
à
Jésus
au
début
de
son
Évangile,
en
quelques
lignes
dont
le
fil
conducteur
est
le
Jourdain,
le
désert
et
la
Galilée.
Jésus
commence
la
libération
de
l’humanité
par
quarante
jours
au
désert
rappelant
les
quarante
années
de
l’Exode.
Il
y
rencontre
la
tentation
du
pouvoir
dominateur
personnifié
sous
le
nom
de
Satan.
Il
y
vit,
comme
il
le
fera
durant
toute
sa
vie
publique,
entre
les
bêtes
sauvages,
c’est-à-dire
les
forces
qui
s’opposeront
à
sa
mission
–
essentiellement
les
Scribes,
les
Pharisiens
et
les
Chefs
religieux
du
Peuple
–
et
les
anges,
c’est-à-dire
les
hommes
et
les
femmes
qui
se
feront
ses
disciples.
On
peut
également
penser
que
cette
présence
–alors
paisible
–
des
bêtes
et
des
anges
près
de
Jésus
au
désert
est
aussi
l’anticipation
du
retour
à
l’harmonie
originelle
du
paradis
terrestre. L’arrestation – et bientôt la décapitation
–
de
Jean-Baptiste
démontrent
que
ce
n’est
là
que
l’annonce
d’une
victoire
qui
est
encore
loin.
Aussi,
les
premiers
mots
de
la
prédication
de
Jésus
en
Galilée
seront :
« convertissez-vous » –
c’est-à-dire
renoncez
à
la
tentation
du
pouvoir
–
et
« croyez
à
la
bonne
nouvelle »
de
la
libération. Les nombreux foyers de conflits dans
notre
monde
contemporain,
engendrés
par
la
soif
du
pouvoir
et
le
déferlement
d’une
violence
meurtrière
en
de
si
nombreux
points
de
la
planète
montrent
bien
que
les
forces
du
mal
et
la
tentation
du
pouvoir,
personnifiés
dans
l’Évangile
de
Marc
par
« Satan »,
sont
toujours
bien
vivantes. Si nous y regardons de près nous verrons sans
doute
que
cette
tentation
du
pouvoir
est
présente
non
seulement
dans
les
relations
entre
les
peuples
et
les
nations,
mais
aussi
en
chacun
de
nos
cœurs,
tout
au
long
de
notre
vie
de
tous
les
jours.
En ce début de Carême, demandons à
Dieu
la
lucidité
qui
nous
permettra
de
reconnaître
dans
le
désert
de
nos
vies
toutes
les
tentations
de
pouvoir.
Écoutons
le
message
de
Jésus
nous
appelant
à
nous
convertir
et
à
croire
à
la
Bonne
Nouvelle
utopique
d’une
harmonie
entre
les
personnes
et
entre
les
peuples.
L’instauration
définitive
de
cette
harmonie
globale,
qui
nous
semble
encore
si
loin,
dépendra
de
la
petite
contribution
que
chacun
de
nous
y
aura
apportée.
Armand VEILLEUX
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